Gotham est une ville tout à fait répugnante. Même pour moi. C’est à se demander si Dieu n’a pas eu envie de se créer une nouvelle Sodome (enfin je dis ça mais la ville de tous les péchés était finalement comme les autres villes : avec ses secrets, ses traditions et ses crimes. Il n’y avait rien de plus à Sodome que ce que vous pouvez trouver dans votre village miteux perdu au fin fond de l’Arizona.) Alors que Gotham est véritablement pourrie jusqu’à la moelle. Elle est de ce fait, fascinante. Une merveille de la création. Personne ne s’est jamais demandé comment une telle concentration de criminels était possible. Ne me regardez pas ainsi, je n’ai aucun lien avec tout ceci. Les tueurs psychopathes se font tout seuls, ils ne deviennent mon sujet de réflexion que lorsqu’ils meurent (du moins, avant… Je vous avoue que je ne sais pas ce qu’il se passe en Enfer depuis mon départ. Amenadiel vient de manière régulière me dire que c’est le bordel sans moi et que papa demande absolument mon retour. Disons que je n’en ai rien à faire et que pour une fois que je m’amuse, je ne vais pas laisser tomber tout ça !)

Je suis à Gotham. Pour mes vacances. La plage et le soleil, je les côtoie tous les jours alors j’ai eu envie de changer d’air. Quoi de mieux qu’une ville aussi peu agréable à vivre pour se ressourcer ? Je ne cesse de vous répéter que je ne suis pour rien dans vos petites querelles, cela ne m’empêche pas d’être la source de tout ce qui vous rend imparfait. Je suis le père de vos idées noires, de votre goût pour la liberté, de vos choix contraire à la morale. C’est moi qui vous ai rendu humain (en commençant par Eve, cette petite allumeuse, mais Adam n’était pas un innocent non plus. Seulement je vais vous dire un truc : Dieu n’aime pas les femmes. Désolé mesdemoiselles mais s’Il vous rend coupable de tout, c’est bien parce qu’il ne vous supporte pas. Son truc à lui, ce sont les beaux mecs musclés avec les yeux verts.) Sans moi, vous n’auriez été que des pantins obéissants et serviles entre les mains ridées du Vieux. Et avouez que la vie aurait été bien moins sympa sans révolution, sans meurtre, sans adultère …

« Just as every cop is a criminal, And all the sinners, Saints. As heads is tails, just call me Lucifer… ♪ »

Sympathy for the devil, l’une de mes chansons préférées. Elle résonne depuis les enceintes de ma Corvette et met un peu d’ambiance dans les rues de Gotham. Je ne chante pas mais je tape doucement sur mon volant au rythme de la musique. Si je viens pour la première fois à Gotham, je sais tout de même où je vais. Il me faut voir l’emblématique Clown de la ville. Parce qu’un séjour à Gotham sans voir le Joker, ça n’a aucune valeur. Enfin, de mon point de vue (Ce n’est pas parce que je ne m’amuse pas à vous tuer que je n’aime pas voir d’autres le faire ! Vous savez, j’apprécie tout ce que vous faites … Du moins, sauf les enfants. Les enfants, ce sont vraiment les pires trucs que vous pouvez créer, toujours à pleurer, à traîner dans vos pattes, à ne servir à rien !). Je gare ma voiture non loin de l’aciérie. Puisque c’est là qu’il a élu domicile. Je suis obligé de passer par la porte d’entrée (j’ai abandonné mes ailes, vous vous souvenez ?). Heureusement pour moi, l’attention des gardes n’est pas difficile à détourner. Quelques tours de passe-passe suffisent (Emma Watson nue par exemple). Je rejoins une vaste salle, décorée avec goût… Le violet n’était pas ma couleur, mais pourquoi pas ? Le Joker hurle sur l’un de ses sbires. Et lui tire dessus. Imprévisible et complètement fou. Je sais tout de lui et il me plait (Pas dans ce sens-là, obsédés !). J’applaudis et je lui fais un clin d’œil en tournant autour du cadavre.

« Tes gardes m’ont laissé entrer. En fait, je crois qu’ils ne m’ont même pas vu. Je lui montre un écran sur lequel on peut voir l’image des caméras de l’entrée. Trois de ses gardes se frottent sensuellement contre un vieux fauteuil en pensant qu’il s’agit d’une star dénudée. Je suis Lucifer, et je suis enchanté ! Je tends la main vers lui en souriant. »