Une soirée dans la haute sphère de Gotham, rien de vraiment étonnant pour une ville où les apparences étaient primordiales. Alors que les ténèbres investissaient un peu plus chaque jour les rues de la ville, la noblesse de Gotham continuait à sortir les petits plats dans les grands pour des mondanités aussi ennuyeuses qu'inutiles. Alors pourquoi Vicki Vale tenait-elle tant à s'y rendre? La réponse était pourtant évidente... Bruce Wayne. Depuis le retour simultané du Chevalier Noir et du milliardaire philanthrope, Vicki n'avait plus qu'une seule obsession, prouver que Wayne et Batman n'étaient qu'une seule et même personne. Cela faisait des années qu'elle émettait cette hypothèse mais à chaque fois, elle obtenait la preuve du contraire. Au fond, elle avait toujours été soulagée de croire qu'elle s'était trompée. Elle méprisait tant Bruce, l'irresponsable flambeur et coureur de jupons. Il représentait tout ce qu'elle détestait chez la gente masculine. Mais depuis son retour, il semblait ne plus être le même, lassé, fatigué de toutes ces futilités. Faiblirait-il à jouer un double jeu depuis plus de vingt ans ou devenait-il tout simplement trop vieux, atteignant enfin l'âge de la maturité? Vicki n'en avait pour l'instant aucune certitude. Mais une chose demeurait certaine, elle ne cesserait pas de fouiner avant de savoir enfin la vérité.

Malheureusement pour elle, les journalistes s'étaient vus refuser l'accès à cette fameuse soirée. Pour une fois qu'elle avait réellement envie de s'y rendre... Elle commençait à croire que le destin s'acharnait sur elle. Mais il fallait bien plus que cela pour arrêter la tornade Vale. Elle ne pourrait pas y entrer grâce à sa carte de presse? Soit, elle s'y rendrait donc en tant qu'invité. Ne reculant devant aucune limite, Vicki demanda à son assistant de se procurer la liste des invités de cette fameuse soirée. Une fois la liste en main, elle fit le tri entre les hommes pris et les célibataires puis elle partit en chasse. Son choix se porta sur Andrew Webber, un riche industriel de Gotham. Marié quatre fois, la soixantaine et plus une seule once de charme... Rien de bien avenant mais voir la tête de Wayne lorsqu'elle apparaitrait parmi les convives n'avait pas de prix. Plusieurs jours avant la réception, Vicki se lançait donc dans une opération séduction et réussit, tant bien que mal, à se faire inviter. Elle venait d'obtenir le sésame tant convoité et se faisait déjà une joie de revoir Bruce pour le cuisiner sans relâche.

Le jour J étant arrivé, elle avait eu la surprise de recevoir chez elle une robe envoyée par Andrew Webber en personne. Quelle horreur! Vale avait l'impression d'être l'une de ses pimbêches entretenues par leurs riches maris. Ce n'est que pour une soirée, pensa t-elle pour se rassurer et se déculpabiliser d'apprécier la beauté de cette robe. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour prendre Bruce Wayne par surprise. Enfin apprêtée, Vicki était montée dans la limousine d'Andrew, direction l'un des plus grand et luxueux hôtel de la ville. La journaliste n'avait pas l'habitude de fréquenter ce genre d'endroits. A part pour ses articles, elle ne mettait jamais les pieds dans ce genre de soirée. Il s'agissait d'un autre monde, bien trop superficiel pour elle. Elle s'y ennuyait royalement et ne se sentait absolument pas à son aise. Elle détestait sentir les regards de tous ces bourgeois la juger parce qu'elle n'était pas de leur monde. Mais ce qu'elle détestait par dessus tout c'était que cela l'atteignait. Ils arrivaient, malgré le fort tempérament de la jeune femme, à la faire se sentir moins que rien. Oui, Vicki Vale ne faisait pas parti de ce monde et dans la vie de tous les jours, elle en était fière. Mais lorsqu'elle se retrouvait encerclée par eux, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir quelques complexes. Cela résultait bien évidemment de blessures passées lorsqu'elle se faisait railler par ses camarades à l'école parce qu'elle ne possédait pas le dernier sac à la mode ou qu'elle portait des vêtements de grandes surfaces. Il y a des traumatismes qui vous suivent tout votre vie, que vous vous appeliez Vicki Vale ou non.

Voyant que sa dulcinée n'avait pas vraiment le coeur à la fête, Andrew Webber lui proposa une danse. Ne voyant pas de Bruce Wayne à l'horizon et ayant grand besoin de se changer les idées, Vale accepta. Ainsi, elle se retrouvait sur la piste de danse, plus encerclée que jamais par ceux qu'elle détestait tant. Vicki ne tarda pas à se sentir oppressée et elle n'avait plus qu'une hâte, disparaitre pour retrouver le confort de son petit loft, loin de toute cette mascarade. Quand soudain, elle entendit une voix familière qui lui retira le poids qu'elle avait sur la poitrine et lui procura comme une grande bouffée d'oxygène. Quel soulagement d'entendre Bruce Wayne. Finalement elle n'avait pas du supporter tout cela pour rien. Même si elle n'en montra rien, Vicki fut plus qu'heureuse de changer de cavalier. Andrew devait très certainement être une personne adorable mais il avait les mains bien trop baladeuses et une haleine qui aurait pu réveiller un mort. Vicki ne perdait absolument pas au change et elle en était bien consciente.

Elle qui voulait surprendre Bruce Wayne et savourait sa tête dépitée en voyant la plus grande fouineuse de Gotham parmi eux... c'était raté. Wayne avait prit les devants et c'était lui qui l'avait littéralement prise au dépourvu. Sentant la main de Bruce sur sa hanche, Vicki ne sut plus quoi faire. C'était bien la première fois qu'il se montrait aussi familier avec elle. Elle comprenait alors aisément pourquoi tant de femmes succombaient à ses charmes. Finalement, elle glissa sa main dans celle de Wayne et posa l'autre sur son biceps, profitant de ce contact pour voir si la carrure du milliardaire correspondait à celle du Chevalier Noir. Vale devait avouer que Wayne était plutôt musclé, ce qui coïncidait parfaitement. Mais rien qui ne lui permettait de crier victoire, Bruce prenait peut être tout simplement soin de lui. La question de Wayne fit sourire Vicki. Plaisantait-il? C'était lui qui faisait tout pour ne pas avoir à faire à elle. Mais il était vrai que depuis quelques temps, elle avait adopté une nouvelle stratégie. Elle avait cessé de lui courir après pour susciter la curiosité de Wayne. Apparemment, cela avait marché.

Suis moi je te fuis, fuis moi je te suis. Une astuce vieille comme le monde. Je ne pensais pas que vous marcheriez aussi vite. Comme quoi, l'argent ne fait pas tout.

Répondit-elle avec le même sourire provocateur que Wayne, plongeant son regard dans celui du milliardaire.

En tout cas, vous m'avez privé d'un cavalier délicieux, il va falloir vous rattraper Monsieur Wayne.

Sous-entendu bien sûr qu'il pourrait répondre à quelques questions. L'ironie s'entendait bien évidemment dans la voix de Vale, Andrew Webber n'avait absolument rien d'un cavalier délicieux et cela n'avait échappé à personne. Mais Vicki n'admettrait jamais que Bruce Wayne était lui un véritable cavalier de premier choix.

De voir la journaliste Vicki présente en ces lieux ne me surprenait pas du tout. Cette femme avait le don de s'immiscer n'importe où, mais surtout de n'importe quelle manière, ce qui pouvait d'un certain point de vue très intelligente avec une forte adaptation, mais d'un autre la rendre terriblement agaçante pour ceux qui, comme moi, la trouvaient quelque peu pénible à toujours dénicher le petit truc pour un prochain article. Combien de fois avais-je pu la voir tenter de rentrer dans les locaux de Wayne Financial pour y dénicher un quelconque scoop ? Le pire dans tout ça était qu'elle y arrivait assez souvent. Je me faisais un plaisir de la ramener moi-même en dehors du bâtiment, exhortant les gardes du corps à essayer de mieux voir le déguisement qu'elle arborait pour pouvoir pénétrer les locaux de mon entreprise. Cela me faisait souvent sourire, car elle semblait y mettre du cœur à l'ouvrage. Si en tant que Bruce Wayne j'avais un peu de mal à supporter sa présence, ne parlons pas des moments où j'enfilais la tenue de Batman avant ma retraite.

Elle arrivait encore une fois à s'immiscer dans mes affaires, se mettant trop souvent en danger. Je devais donc me déployer pour lui sauver la vie, et je ne comptais plus les fois où j'avais dû laisser le criminel s'en aller pour faire en sorte que la journaliste puisse écrire son article le lendemain. Je me souvenais même de quelques fois où, alors que je pensais être seul avec Gordon sur le toit du GCPD avec le Bat-Signal à côté, Miss Vale nous surprit en débarquant pour donner des informations sur les affaires en cours. Bien renseignée, elle l'était assurément, car elle devait très certainement avoir des sources au sein du bâtiment policier. Pas étonnant donc que je puisse la surprendre entrain de nous écouter ou bien de permettre une petite avancée. Mais je préférais ne pas reconnaître ce dernier talent, car ça allait finir par lui jouer des tours un jour ou l'autre. Cependant, avec le départ du Batman, elle n'irait pas me surprendre dans la Bat-Cave.

En tout cas, de la voir à la soirée ne me surprenait guère. Je me demandais quel subterfuge elle avait utilisé pour s'inviter ici, et de la voir danser avec un des hommes les plus âgés de l'assemblée ne me fit pas réfléchir bien longtemps. Elle avait dû lui promettre un nouveau rendez-vous à l'avenir, tout en flattant un ego qui était déjà assez volumineux comme ça. D'ailleurs, quelle tête il ne fit pas lorsque je lui demandais de pouvoir danser avec sa cavalière pendant un instant. Mais avec son compte en banque et sa capacité à ouvrir la bouche un peu trop souvent, il ne tarderait pas à trouver une jeune femme intéressée pour partager un peu de temps avec lui, et plus si affinité pour le vieil homme. La danse démarrait donc entre nous deux, et je ne manquais pas de taquiner Miss Vale. La réponse se fit du tac-au-tac, ce qui ne m'étonnait pas du tout de sa part.

« A vrai dire, je vous avais vu depuis bien longtemps, je ne voulais pas vous donner ce plaisir de venir vous voir tout de suite. Et pour une fois, je ne peux pas vous renvoyer dehors. », dis-je en gardant le même sourire provocateur. « Et puis, cela ferait trop de peine à votre cavalier initial, qui se morfond déjà en votre absence. »

Je le voyais un peu plus loin entrain de danser avec une nouvelle jeune femme, les mains se baladant un peu partout au plus grand déplaisir de sa nouvelle cavalière. Je lançais un regard faussement interrogateur à Vicki, sachant pertinemment ce qui m'attendait pour le reste de la danse. Un petit sourire amusé s'affichait alors sur mes lèvres.

« Mais puisque je me suis enfermé dans ce piège moi-même, je vous écoute. »

Danser n'était pas particulièrement ce que j'appréciais le plus dans ce genre de soirée. A vrai dire, je n'aimais pas du tout ce genre de soirée. Ces moments où se mêlaient l'hypocrisie, la luxure ainsi que toute cette fausseté qui sied parfaitement dans ces moments. Si Gotham n'était pas réputée pour être la ville la plus intéressante dans laquelle vivre, ce n'était pas non plus entièrement à cause des criminels, même si ces derniers faisaient parfaitement en sorte de rendre l'endroit moins accueillant le plus possible. Non, les différents riches de la ville profitaient justement du fait que la ville soit malade pour s'en mettre plein les poches et tirer des avantages assez malsains dans leur quête d'argents et de pouvoirs. Ils en profitaient derrière pour s'octroyer les services de quelques crapules des bas-fonds de Gotham pour ''protéger'' leurs intérêts, soit rendre visite à la concurrence pour casser quelques figures. J'avais moi même eu à faire avec l'un de ces envoyés spéciaux, ce qui me mettait la puce à l'oreille sur de nouvelles affaires.

La mafia profitait également de ce commerce des rues pour prendre à chaque fois plus de pouvoirs, ce qui rendait la tâche encore plus difficile quand à l'époque, j'avais à combattre des criminels comme le Joker, le Sphinx et tant d'autres malades qui faisaient des allers-retours en direction de l'Asile d'Arkham. Mais là n'était pas la question, car je dansais avec Vicki Vale, chose encore impensable il y a quelques années. Son envie de vouloir me démasquer en tant que Batman était ce qui m'énervait le plus, car elle se mettait souvent en danger pour prouver son information. Bien sûr, c'était le cas, mais je ne voulais pas lui laisser croire qu'elle avait raison. Même si elle était le cadet de mes soucis aujourd'hui, elle pouvait peut être avoir des informations sur Superman. Je les lui poserai plus tard, une fois assurée qu'elle arrêterait de m'embêter avec ma double identité. Et puis, de toute manière, je n'étais plus Batman, du moins pour le moment.

La danse se poursuivait sur les notes de musique, et la jeune femme enchaîna encore une fois. Ses paroles m'arrachaient une nouvelle fois un petit sourire amusé. Elle avait ce don certain de vouloir toujours le dernier mot, peu importe la discussion en cours. Elle me chuchota alors à l'oreille de lui avouer que j'étais le Chevalier Noir, m'assurant qu'elle me lâcherait après. J'étais amusé par la situation, car son entêtement n'avait pas changé entre mon départ puis mon retour à Gotham City. Je poussais un petit soupire par les narines.

« Je vois que vous vous évertuez toujours à croire que joue toujours à la Chauve-Souris la nuit, vous n'avez pas changé. » Il allait falloir que je fasse part à Alfred d'une ou deux choses pour faire en sorte que Batman et moi nous retrouvions dans la même pièce avec la journaliste, histoire qu'elle s'éloigne un peu de moi. « Mais vous connaissez ma réponse, je crains de devoir toujours vous répondre par la négative. Et puis, quand bien même je l'étais, croyez-vous vraiment que l'envie pourrait me venir de vous dire la vérité ? », lui demandais-je dans un premier temps. «  Pensez-vous un instant que le véritable Batman puisse avoir l'idée stupide de se dévoiler ? Réfléchissez-y un instant Miss Vale : choisirait-il de mettre ses proches en danger en rendant publique son identité ou bien continuerait-il à œuvrer dans l'ombre en assurant la sécurité de toute une ville, sans avoir constamment les médias devant la porte de son appartement ? »

Je disais volontairement appartement, afin de la mener pourquoi pas vers une autre piste, pourquoi pas d'un promoteur immobilier fortuné de la ville.

« Je vous croyais plus futé que ça. »

Ce n’est pas que je dénigrais la jeune femme, mais disons que sa capacité ainsi que sa volonté à vouloir prouver par A+B que j’étais le Chevalier Noir m’énervait quelque peu. Je ne devais pas mêler le professionnel et le privé au niveau du caractère, car c’était deux choses bien distinctes et totalement différentes. Cependant, il était nécessaire pour moi de faire en sorte que chez les gens que je côtoyais en dehors d’Alfred, la différence ne soit pas si grande. Je me devais de constamment coller des étiquettes sur les personnes, afin de faire en sorte qu’ils ne se doutent pas que Bruce Wayne et le Batman étaient la même personne. Et encore, il fallait avérer l’existence d’un tel personnage, ce que personne n’avait réussi à faire jusque là, mis à part les quelques individus qui m’avaient rencontré, et qui parlaient de moi aujourd’hui comme un monstre sortit de l’ombre pour frapper avec force et fracas. Je n’avais eu que deux véritables alliés en dehors des Robin et d’Alfred, à savoir donc James Gordon et la journaliste Vicki Vale. Pendant ma croisade, ils avaient tous deux été de fidèles alliés, me donnant les informations dont j’avais besoin pour poursuivre ma lutte contre le crime. Je me souvenais encore de nos discussions sur le toit du GCPD à côté du Bat-Signal.

Mais aujourd’hui, tout avait changé. J’avais prit ma retraite après l’arrestation du Joker et la dernière confrontation que nous avions eu lui et moi dans sa cellule. Toute cette croisade m’avait changé, m’avait fatigué de la vie. Un meurtre aurait tout changé, et il était important pour moi de pouvoir me ressourcer loin de la ville. Cette grisaille perpétuelle m’avait profondément changé, m’avait grisé au point que j’avais failli ôter la vie de mon adversaire de toujours. Et si je lui avais bien dit que je disparaîtrais pour de bon, la donne avait changé avec l’apparition de Superman à Métropolis. Un homme possédant de tels pouvoirs devait être stoppé. Mais avant de le combattre, je devais me remettre en forme. C’est ainsi que depuis quelques temps, j’avais réactivé la Bat-Cave, me faisant subir un entraînement des plus lourds, qui me permettrait d’être à la hauteur une fois que j’irais montrer à l’Homme d’Acier qu’il ne fallait pas détruire aussi impunément la moitié d’une ville sans en subir les conséquences, même si, à fortiori, il avait sauvé le monde d’une invasion alien. Encore fallait il savoir s’il ne comptait pas régner sur la planète lui tout seul.

Après mes paroles peu flatteuses à l’égard de la journaliste, celle-ci s’emporta dans un discours qui me faisait remarquer que j’avais peut être été un peu trop loin dans mes paroles. Je ne m’en rendais pas compte, mais le fait qu’elle me demande une nouvelle fois d’avouer que j’étais le Batman m’avait poussé à bout, me poussant dans mes derniers retranchements pour lui faire comprendre une énième fois que je n’allais rien avouer, mais dans des tons plus durs. Il fallait qu’elle comprenne que peu importe ce qu’elle dise ou fasse, la vérité ne lui serait jamais dévoilée. Cependant, je sentais dans ses paroles que peu importe ce que je pouvais dire ou faire pour lui dire le contraire, elle resterait persuadée que j’étais bel et bien Batman, mais que j’avais été trop loin cette fois pour me défendre. Je le ressentais moi même, mais m’excuser n’était pas forcément quelque chose de très fréquent dans mon vocabulaire. Après ses paroles percutantes et pleines de sous-entendus, elle quitta mes bras, se saisit d’une coupe de champagne et quitta l’assistance vers l’extérieur. Je la regardais partir, étant seul sur la piste alors que les autres dansaient autour de moi.

Il est vrai que j’avais été trop loin, et que le Bruce Wayne que je m’évertuais à montrer était justement trop présent. Une femme se présenta à moi pour danser, mais je refusais d’un signe de tête. Au loin, je pouvais voir Alfred qui me fixait avec un regard qui en disait long sur ce qu’il pensait. Je savais pertinemment ce qu’il me dirait dans ce genre de moment. C’est ainsi que je quittais à mon tour l’assistance afin de retrouver la journaliste pour lui présenter mes excuses. Je la retrouvais dehors, accoudée au balcon à regarder la ville de Gotham. Il était dingue de constater qu’une si belle ville puisse avoir un taux de criminalité aussi élevé, et que peu importe les efforts qui étaient effectués pour endiguer tout ce crime, ce dernier ne baissait pas et, pire encore, ne faisait qu’augmenter. Je restais devant l’entrée, mettant mes mains dans les poches de mon pantalon, m’adossant au passage contre le mur, le regard posé sur Vicki.

« Il est dingue de voir à quel point une ville qui semble endormie grouille en faite de criminels en pleine action. A croire que même si on tente de la soigner, elle restera à jamais malade. Un mal incurable alors que certains se sont donnés corps et âmes pour la guérir. »

J’attendais désormais sa réaction, me demandant si elle m’avait entendu arriver.

Je n’y avait pas été avec le dos de la cuillère avec la célèbre journaliste de Gotham City, mais que voulez-vous, quand on s’approche de trop près de mon secret, je me dois de sortir les crocs afin de dévier l’information vers une autre personne. Il n’était pas rare que certaines personnes aient tenté de faire le rapprochement entre la Chauve-Souris et moi, mais je m’arrangerais toujours pour décourager ces personnes de continuer dans cette direction. De toute manière, l’existence même du justicier à la Chauve-Souris n’était pas avérée, le Batman n’étant qu’une légende urbaine comme le Croquemitaine, et cela m’arrangeait bien, car à l’époque, je pouvais effectuer mon travail en toute tranquillité, sans avoir à avoir les médias sur mon dos. Seuls les nombreux criminels que j’avais combattu ces vingt dernières années pouvaient témoigner de ma présence, mais si certains passaient pour des fous, et donc n’étaient pas crédibles, d’autres ne voulaient tout simplement ne pas parler de moi. Instaurer la peur dans leur esprit était quelque chose d’important chez moi, et ça me faisait prendre un avantage considérable quand j’allais les arrêter.

Mais aujourd’hui, ils me savaient absents, alors ils en profitaient pour reprendre leurs différentes activités : commerces d’armes, enlèvements et autres assassinats. Ils ne faisaient que rendre inévitable mon retour, et si je me préparais avant tout pour combattre Superman, Gotham City était également une priorité à un rang égal de celui de l’Homme d’Acier. Il ne me manquait plus que ce petit quelque chose pour me faire revenir pour de bon. Je n’avais pas reprit l’entraînement depuis deux années pour rien, pour regarder ma ville retomber dans ses travers sans rien faire, et voir Superman se balader dans les airs aussi impunément. Il était important de recouvrir une bonne condition physique pour reprendre mes activités nocturnes. Je m’imposais un entraînement intensif dès que je le pouvais, et déléguais autant que possible du côté de Wayne Financial afin de me consacrer uniquement à mon retour en tant que Chevalier Noir. Il fallait mettre à niveau les différents appareils présents dans la Cave, mais également retaper la Bat-Mobile ou encore le Bat-Plane.

Preuves que mon retour était plus qu’imminent, je commençais à remplir ma ceinture utilitaire de plusieurs gadgets. Des anciens comme des plus récents. J’avais mit Lucius Fox sur le coup en lui demandant de m’élaborer quelques nouveaux objets qui pourraient m’être utiles. Mais mon objectif était de trouver une faiblesse à Superman. D’apparence invincible, même lui devait avoir son point faible. Tout le monde en possédait un, et il fallait juste chercher un peu plus en profondeur pour trouver cette fameuse faiblesse. Je n’allais pas m’aventurer comme ça face à lui, cela serait bien imprudent de ma part. Mais il saurait quand je lui tomberai dessus, c’est certain. En attendant, j’avais une autre mission à accomplir, celle de m’excuser auprès de Vicki Vale, que j’avais assez durement critiqué. Je venais de la trouver accoudée au balcon du grand palace, et me décidait à parler. J’attendais quelques instants, la trouvant ailleurs car elle ne répondait pas. Elle me répondit finalement en confirmant ma pensée par rapport à Gotham, puis se tourna vers moi.

Elle me retourna encore une fois ma question, sous-entendant une nouvelle fois ma filiation avec le Chevalier Noir. Elle n’en démordait pas un seul instant, mais j’avais moi aussi préparé mon offensive, au cas où elle me relancerait sur ce sujet. J’affichais un mince sourire puis m’approchais, les mains toujours dans les poches de mon pantalon.

« Cela a toujours été le cas Miss Vale, même pendant mon absence. » commençais-je par lui répondre. « D’ailleurs, j’ai décidé d’aider les troupes du GCPD en débloquant des fonds afin de leur faire obtenir des meilleures tenues pour leurs officiers, ainsi que des véhicules plus adaptés. Il n’est pas question que seuls les criminels puissent bénéficier des nouvelles technologies. »

J’attendais maintenant sa réaction quand à ce nouveau tour que je sortais de ma poche.