*ASSEZ !! Tu connais tout ce qu'il y a savoir ! A quoi te sert de repasser ces images en boucles !*
Megan était sur les rotules, les paumes posées sur le sol, la tête baissée et le regard dans le vague mais dirigé vers ses mains pour cacher les larmes qui roulaient maintenant sur ses joues. A bout de souffle, son corps tout entier était soumis à des soubresauts. Son oncle qui lui faisait face avait le visage fermé et semblait n'avoir aucune empathie envers les sentiments de sa nièce.*Une dernière fois Megan, il ne faut laisser aucun détail nous échapper.* La jeune martienne serra les dents et se soumit une nouvelle fois à l'exercice. John entra dans son esprit et cibla une fois de plus les souvenirs qui lui restait de son arrivée à Metropolis. L'entrée trop rapide dans l'atmosphère terrestre, le vaisseau qui devint incontrôlable, Megan qui tenta d'user de sa télékinésie pour diminuer la violence de l'impact en un réflexe salutaire qui lui sauva très certainement la vie. Au lieu de s'écraser comme un insecte sous une semelle, le vaisseau ne fit que se disloquer, éparpillant ses pièces précieuses -et sa passagère qui s'expulsa, au milieu d'un champ, avant d'arrêter sa course et de prendre feu. Inconsciente, elle était incapable de savoir combien de temps il lui fallut pour regagner ses esprits, quand un agriculteur vint à sa rencontre, carabine à la main -l’Amérique et sa passion des armes. L'extraterrestre eut le temps de se redresser mais pas d'expliquer qu'elle venait en paix avant de se prendre quelques plombs dans le ventre. Le choc qu'elle avait reçu à la tête l'avait empêchée d'utiliser ses capacité psychique et ses talents de métamorphose avaient temporairement disparu. Son aspect menaçant de martienne blanche ne laissait pas libre cours à la conversation. Elle était une indésirable à éliminer. Et le pauvre fermier, qui ne faisait pas le poids face à une Megan amoindrie mais qui conservait ses capacités de guérison rapide et qui sous sa véritable forme était tout en crocs et en griffes, reçut rapidement de l'aide de justiciers. Supergirl en tête. La martienne tenta une retraite près de son vaisseau mais la chaleur dégagée par les flammes ne lui fut d'aucun secours, Une dernière frappe de la kryptonienne suffit à l'achever et à la faire tomber dans l'inconscience. Fin de la scène. Mais son oncle n'en avait pas fini avec elle. Avant qu'elle ne chute, en arrière plan, des véhicules avançaient vers le vaisseau, John fit défiler les souvenirs au ralentit, les jeeps étaient frappées d'un sceau qu'il connaissait bien, celui de la LexCorp.  *Hmm… Je crois qu'on tient quelque chose.*

Megan se sentait honteuse. Quand elle imaginait son arrivée sur Terre, aucun scénario n'avait été si dramatique. Elle qui abhorrait la violence et qui venait de quitter une planète exsangue, ravagée par la guerre, aurait préféré que ce ne fut pas dans le sang que se déroula son accueil. Elle se haïssait également pour la première image qu'elle avait donné d'elle : celle d'une créature hideuse, abjecte, dans laquelle elle ne s'était jamais reconnue et qui lui avait toujours porté préjudice. Aujourd'hui, à des millions de kilomètres de sa planète natale, cette enveloppe ne faisait pas plus l'unanimité.
Ce qui la blessait encore d'avantage, c'était d'avoir échoué dans la première mission qu'on lui avait confiée. Celle de préserver la culture d'une nation anéantie. Son oncle s'approcha d'elle, passant une main sur son épaule. *Merci pour ta collaboration Megan. Nous avons maintenant une piste. Nous finirons par la retrouver.*

Ce dont il parlait ? Rien de moins qu'une pierre des plus précieuses, d'une pureté qui dépassait de loin celle du plus étincelant des diamants. Car son coeur renfermait plusieurs exaoctets de données. L'ensemble de la civilisation martienne était enfermé dans ce cailloux dont la garde avait été confiée à Megan. Et elle l'avait perdu. Elle se sentait comme une traitresse à sa cause, comme si elle avait abandonné son peuple à nouveau et qu'il était mort une deuxième fois. Elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour remettre la main sur la pierre de Kuru.

John avait mené son enquête sur les activités de la LexCorp. Rien ne laissait à penser qu'ils exploitaient la technologie martienne. La jeune héroïne avait un moment craint qu'ils soient en mesure de reproduire certaines capacités du vaisseau comme le camouflage et qu'ils tentent de l'intégrer à un programme militaire. Sa navette était dans un tel état après l'accident que le tout était devenu inexploitable. Restait seulement la pierre.
Cette exposition, dont l'inspecteur avait suivi la préparation au cours de ses recherches, était organisée avec un hasard des plus douteux. Pourtant si Martian Manhunter avait infiltré les lieux la vieille de l'inauguration, il n'avait pas trouvé l'objet convoité. Certains emplacements avaient été laissé vides, ce qui laissait supposer que les pièces maitresses n'arriveraient que le jour J. Megan, dans son désir de rédemption, voulait participer à l'enquête. C'est donc elle qui se rendit sur les lieux, malgré l’interdiction formelle de son protecteur de se rendre dans le Suicide Slums qu'il leva exceptionnellement. Un chauffeur l'avait conduit dans les rues mal famées du Southside, pour rejoindre, après être passé devant des enseignes peu recommandables et quelques échoppes à l'abandon, le lieu de l'exposition. Il paraissait encore plus somptueux, même de l'extérieur, après avoir traversé ce quartier abandonné de tous, même des autorités hormis en ce jour particulier où les effectifs de sécurité étaient plus que renforcés. Megan tentait de ne pas se laisser impressionner pour mieux se concentrer sur son objectif : repérer la pierre de Kuru, si elle y était, puis envoyer un message télépathique à son aîné si leurs suppositions étaient justes. Une mission tout à fait dans ses cordes.

John utilisa ses ressources pour faire apparaître le nom d'emprunt de sa nièce sur la liste des invités et le carton d'invitation aux lettres argentées indiquant Melina deRiviera dans la main, la martienne rejoignit la file des personnes qui se pressaient à l'entrée. Megan portait une élégante robe blanche surmontée d'une broche ronde dont la composition imitait à la perfection celle du diamant. Non, elle ne venait pas de braquer une banque pour porter d'aussi onéreux bijoux. Les vêtements organiques de la martienne répondaient à son pouvoir de polymorphe et pouvaient prendre toutes sortes de formes. Son mètre soixante sept d'origine était élevé par une imitation d'escarpins hors de prix. Si elle continuait à fermer la bouche, elle ne devrait pas trop faire tâche au milieu de la réception.

J’aurais très bien pu me prélasser dans cet appartement. J’aurais très bien pu rester avachie dans ce divan, zappant de manière lancinante, chaîne après chaîne, en déprimant du manque d’intérêt des programmes télévisuels. J’aurais également pu sortir d’ici et aller me perdre dans un bar, dans une boite, dans un club ou que sais-je encore… Après tout, après neuf mois d’autarcie à vivre sur l’île du Paradis, j’avais autant de temps à rattraper que de repères à retrouver ! Même si les choses étaient devenues différentes pour moi, que ma vie avait, en un sens, radicalement changée, je n’en demeurais pas moins la Kate Kane que tout le monde connaissait. Entendons par là que, derrière la femme, derrière la guerrière, il demeurait toujours une part de cette héritière insouciante et exubérante. Cette facette de la femme inconsciente qui ne fait de sa vie qu’une éternelle et perpétuelle succession de fêtes, de sorties et d’excès en tout genre. Ca coulait dans mon sang, ça coulait dans mes veines. Nous possédons tous plusieurs masques et plusieurs visages, je n’étais pas exempte de cette réalité même. Et, à vrai dire, le seul masque que je me sentais encore réticente d’afficher à nouveau était uniquement celui de la justicière. Le masque de la chauve-souris. Le masque de ce combat et de cette perdition. Ce même masque qui, indirectement, m’avait poussé à me retrouver coupée du monde, à me retrouver au cœur de Thémyscira, à me retrouver auprès de toutes les amazones. Tel est ce masque pour lequel je demeure encore sur la défensive. Tel est ce masque que je ne me sens pas prête de remettre. Tel est ce masque que j’ai peur, au final, de devoir reporter un jour. Cela m’avait demandé tellement de temps, d’importance et de sacrifice que je ne savais pas si j’étais de nouveau prête à refaire de tels sacrifices.

C’est en me dirigeant vers le dressing de la princesse amazone, ma bienfaitrice, que je me retrouvai face à quelques-unes de mes tenues ‘masculines’ habituelles… Et d’autres tenues beaucoup plus féminines que Diana avait souhaité mettre à ma disposition. Je n’ai jamais aimé les jupes. Je n’ai jamais aimé les robes. Je n’ai jamais aimé exhibé mon corps de femme comme les conventions sociales le jugeaient le plus approprié. Et, pourtant, en me retrouvant face à cette penderie, mon regard ne put que se sentir attiré et happé par cette élégante robe de cocktail aux teintes rougeoyantes. Un rouge vif. Un rouge intense. Un rouge hypnotisant. J’attrapai cette robe par son ceintre d’une main, tandis que l’autre fit glisser le tissu entre ses doigts. C’est vrai qu’elle est jolie. Suffisamment pour que cela m’arrache un léger sourire en coin et une petite idée se formant dans ma tête. Allez, Kate ! Pour une fois, va contre tes habitudes et laisse toi aller au plaisir de tenter du nouveau, de l’inédit ! Oui, si on me qualifiait de femme joueuse et taquine, il m’arrivait de l’être envers moi-même par moment. Et cet instant précis était l’un de ces fameux moments en question. Comme une petite reine, j’allai dans la salle de bain et enfila la robe, avant de commencer à me maquiller, me coiffer et me pouponner comme si je sortais dans un grand bal quelconque. La sortie serait bien présente ! Mais pas dans un bal pour l’heure…

Lorsque je passai l’entrée des lieux, je ne pus m’empêcher de déglutir. Vous me direz qu’en tant qu’héritière, les soirées chics et luxueuses, je devais connaître. Je vous répondrai alors que ce n’est pas totalement faux. Mais cela faisait maintenant bien longtemps que je n’avais pas côtoyé le gratin de toute une ville, et encore moins d’une ville que je ne connaissais ni d’Eve, ni d’Adam. Par le passé, cela m’importait peu. Je trouvais un moyen efficace de m’éclipser ou bien de me faire remarquer, selon l’humeur du jour. Cependant, après ces neufs mois loin de tout ça, une partie de moi avait besoin de tout redécouvrir et de tout réapprendre en ce genre d’ambiance et d’univers. Voilà pourquoi j’avais refusé. Voilà pourquoi j’avais répondu non à la proposition de Diana de l’accompagner ici-même, à cette exposition. Toutefois, seuls les imbéciles ne changent pas d’avis… Et j’avais l’audace de penser que je n’étais pas une imbécile justement !

« Bonsoir… »

Mes yeux furent happé par cette silhouette que je connaissais plus que très bien désormais. Un léger sourire prit d’ailleurs possession de mes lèvres lorsque j’aperçus ladite silhouette. Une démarche à la fois calme, lente, élégante et décidée m’avait poussé jusqu’à elle, m’annonçant dès lors en toute simplicité. Et autant dire que je portais que peu d’intérêt et d’importance aux personnes qui pouvaient lui tenir la conversation.

« Désolée pour le retard, mais j’adore me faire désirer. »

Ma nature directe ? Voici sans nul doute une facette de ma personnalité dont je ne me débarrasserai jamais. Mon sourire s’élargit d’avantage alors que je pouvais contempler la beauté et le raffinement de la princesse amazone. Diana portait à merveille son statut d’ambassadrice de son peuple. Ayant pu entrevoir la facette de son élégance et l’ardeur de sa nature guerrière, elle mélangeait ses deux visages dans une perfection qui forçait l’admiration.

« Champagne ? »

Ponctuais-je en attrapant deux coupes sur un plateau circulant à travers la pièce. Une coupe dans une main proche de mon buste, l’autre tendit le verre à lady Prince tout en lui offrant un clin d’œil amicalement complice.

La soirée était légèrement fraiche pour une journée d'été, un ciel sombre surplombait la tête des citoyens de Starling City, ville qui était désormais la mienne, ma ville d'adoption, du moins jusqu'au moment où j'aurais achevé la mission de ma vie. Assis au rebord d'une fenêtre, je laissais mon regard se perdait dans les centaines de lumières qui brillaient dans la ville, il n'était même pas encore dix-neuf heures, mais la journée pluvieuse n'aidait pas à garder le ciel clair. Ma tête était ailleurs, j'étais arrivé depuis quelques semaines déjà dans cette ville, mais je n'avais toujours pas enfilé le costume que Maya m'avait envoyé. Damian Darhk, le dirigeant du H.I.V.E ne m'avait toujours pas affecté à une mission, c'était surement la raison d'ailleurs pour laquelle je n'avais pas encore enfilé le costume de Ravager. Mon regard toujours fixé sur l'horizon, j'attendis la porte de ma chambre s'ouvrir, puis elle se referma directement après que j'aille reçu quelques informations qui me firent rapidement sourire. Après des semaines d'attentes, le grand manitou du H.I.V.E voulait finalement m'envoyer sur une mission importante. Ma première pensée alla directement vers mon paternel, j'espérais de tout mon cœur que Darhk l'avait retrouvé et que je pourrais finalement venger ma mère, mais je ne me berçais pas d'illusion.

Je me levai d'un bond, me dirigeant vers mon bureau, puis j'enfilai une camisole, quittant rapidement ma chambre en direction du bureau du grand patron. Je m'étais déjà entretenu avec Darhk par le passé, mais nous n'avions jamais parler de mission encore, mise apport celle qui m'avait amené à quitter pour Starling City. J'avançais rapidement dans les corridors du H.I.V.E, surement trop excité à l'idée de finalement renouer avec le terrain, de me plonger dans l'action et de revenir satisfait d'une autre mission bien conclu. J'arrivai finalement devant l'immense porte fortifiée de mon patron, puis je cognai, avant de pousser dans la porte suite à l'accord de ce dernier.  «Vous vouliez me voir M.Darhk ? » Je vouais un réel respect pour cet homme, j'avais eu l'occasion une fois d'entendre son histoire, ce n'était pas lui qui me l'avait raconté, mais tout de même, j'avais l'impression qu'il était bien plus puissant que ce que les gens pouvaient penser, après tout, il avait une petite armée sous ses ordres, il devait bien être puissant d'une façon ou d'une autre. Assis dans son grand fauteuil, il me pointa l'un des bancs qui servaient de décorations devant son bureau, puis il m'invita à m'asseoir, sortant un dossier de l'un de ses tiroirs.

«Grant, je sais que tu es impatient de renouer avec le terrain et c'est pour cette raison que tu ne disposes pas de beaucoup de temps, donc je vais être bref. Sur le toit, il y a un petit hélicoptère qui t'attend, mon chauffeur t'amènera dans le Suicide Slums à Métropolis. Lex Luthor, le PDG de LexCorp tient une petite soirée, durant laquelle il présentera des bijoux, des diamants et pleins de pièces merveilleuses. Je veux que tu t'y rendes et que tu assures une certaine sécurité des pièces. Tu seras en civils et tu représenteras le H.I.V.E, cependant être en civil ne veux pas dire ne pas s'armer. Les pièces sont précieuses et d'une grande valeur, les volées durant la soirée seraient une mission suicide, j'envoyerai une petite équipe les récupérer durant le transport dans les prochains jours, mais pour ça, tu doit les protéger comme si c'était ton petit frère Joseph, personne ne doit atteindre ses pièces, elles sont pour nous, quand le temps sera venu. Voici donc le dossier de la mission, tu auras quelques minutes pour le lire dans l'hélico, n'échoue pas.» Dit-il en me tendant le dossier qu'il venait de sortir.

C'était loin d'être le type de mission que j'avais pensé, pour tout dire, je m'attendais à avoir une cible à abattre ou plusieurs, mais non, j'allais devoir prendre soin des petits bijoux de Lex Luthor. Je pris le dossier avant d'offrir mon approbation à mon patron d'un cible signe de la tête, puis je quittai ensuite le bureau, me dirigeant vers ma chambre à nouveau. Je n'étais pas tellement le genre de garçon à prendre part à des soirées mondaines, en fait celle de ce soir allait être ma première. Alors que j'étais certain de n'avoir aucune vêtements pour aller à ce genre de soirée, j'aperçus une housse sur mon lit, avec une petite note me disant de l'enfiler et de prendre quelques armes, chose que je fis rapidement. Un petit veston cravate semblait de mise pour la soirée, j'ouvris mon tiroir, puis sortie une petite partie de mon arsenal, dissimulant quelques dagues dans mon habit. En quelques instants, je fus prêt à me rendre à l'hélicoptère, puis à décoller vers le Suicide Slums. Je pris place dans l'engin volant, puis je me mis à lire le dossier attendant patientant que mon voyage se termine et que ma mission commence. Le voyage fut rapide, puis mon entrée fut assez simple, j'imagine que mon patron avait grassement payer les agents de sécurité poster à la porte, afin que ceux-ci me laisse entrer avec mon arsenal sur moi. J'avançais regardant un peu partout, cherchant un point de repère, mais n'ayant jamais participé à ce genre de soirée, il était assez dur pour moi de trouver un repère. Je me laissai donc guider vers les bijoux, les regardant rapidement, puis prenant ensuite place près d'un petit mur.

Mon regard se portait sur cette photographie encadrée dans un petit cadre. Lors de cette première vision, l’incompréhension s’était installée au sein de mon esprit. Une incompréhension sur le fonctionnement d’un tel phénomène, sur son importance. J’avais dû la tourner, encore et encore, la regardant sous toutes les coutures. Rien n’y faisait, je ne cessais de ressentir la lourdeur, le poids du regard du lieutenant Trevor sur mon visage. C’était Steve qui avait pris le temps de me conseiller, de m’apprendre tous ces petits trucs qui n’existaient pas dans mon monde, dans cette île paisible et apaisante dont j’avais la responsabilité désormais, bien que j’assiste toujours la Reine Hyppolite, Mère, lors des grandes décisions à prendre.  Encore aujourd’hui, je n’arrivais pas à trouver la logique de prendre des personnes en images avec un appareil technologique totalement inconnu à nos pratiques sur Themyscira. Steve avait beau eu la patience de m’expliquer que cela concernait l’immortalisation de merveilleux moments entre amis, avec la famille pour s’en souvenir de longues années, et pourtant, j’avais toujours ce frein qui m’empêchait d’en saisir complètement le sens. Cependant, ce fut en observant cette photo précédemment que je m’étais assise lentement sur ce canapé. Le regard dans le vide, un petit et léger sourire sur le coin des lèvres, je commençais par prendre, petit à petit, le sens de tout ceci. Ce petit sourire était causé et présent, car mes pensées se tournaient sur les doux moments passés avec ma mère. Elle pouvait être dure, stricte en apparence auprès de mes sœurs, mais lorsque nous étions toutes les deux, ce fut une femme compréhensive, douce et attentionnée qui se présenta à cette jeune petite fille. Des moments qu’à présent, j’avais la crainte de ne plus en avoir, ou de plus m’en souvenir. Finalement, la pratique des humains en faisant des photos ou même des vidéos n’était pas si ridicule que cela. Je m’en rendais compte. A côté de ma mère, il y avait également cet ami, ce Prince des Mers qui avait accompagné une grande partie de mon enfance et de mon adolescence. Nous étions complémentaires. Deux guerriers en devenir. Une passion nous avait liée, et ce, malgré les interdictions et les règles établies sur Themyscira. Ma mère ne m’en avait pas tenue rigueur. D’autant plus lorsqu’elle m’eut annoncé que j’étais la fille de Zeus, le Dieu des Dieux. A l’heure actuelle, le chemin nous avait séparés et c’est là que j’en saisissais toute la compréhension de ce phénomène photographique. Il ne fallait pas que je passe à côté de cela à présent. Pas depuis que j’avais rencontré, il y a de cela quelques mois, une charmante jeune femme. Charmante, car sympathique, douce, attachante, tout en recueillant les qualités requises pour être une bonne guerrière ! Je me sentais proche d’elle. Peut-être que c’était dû à nos familles respectives, mais je ressentais le besoin de l’aider, la prendre sous son aile et de tout tenter pour qu’elle aille pour le mieux. Ces dernières semaines ont été très difficiles pour elle. Kate reprenait confiance en elle, à ses capacités et cela s’était démontré suite à son dernier combat face à Artémis ! A cause de cela, je lui avais proposé de m’accompagner à cette soirée organisée par Lexcorp. Cela lui permettrait de retrouver une partie de sa vie passée, tout comme cela me permettrait de m’habituer aux us et coutumes de cette vie connue par les bourgeois et les riches héritiers, tout comme elle était connue par les journalistes ou encore par des célébrités. Son refus ne m’avait pas procuré de peine, pas la moindre. Je pouvais comprendre sa position. Ainsi, il était temps pour la Princesse de Paradise Island de s’apprêter en conséquence et de se souvenir des conseils de Kate, de ces conseillères de mode rencontrées lorsque j’avais fait quelques boutiques en compagnie de Steve, dès mon arrivée dans le monde des hommes.

Ce fut dans une élégante robe noire, près du corps, à la coupure soignée que je me présentais en talons aiguilles de la même couleur que la robe à cette soirée. Le port de ce type de chaussures ne m’était pas encore totalement habitué. Il me fallait encore un petit temps d’adaptation, mais je ne trébuchais guère comme à mes tout débuts, c’était déjà cela. J’avais eu la chance et la surprise de recevoir deux invitations à cette dite soirée. Invitations qui me semblaient étrange, avant que je ne pense à Steve. Il avait le don de pouvoir me surprendre quand il le pouvait. Il avait certainement pensé que ça me serait utile de me rapprocher un peu plus du monde de la nuit. Passer l’entrée des lieux ne faisait pas naître une sensation de crainte de ne pas être à la hauteur. J’avais eu la chance de descendre d’une mère Amazone et d’un père Dieu. Être à moitié déesse inspirait la confiance en soi et l’élégance en prime. Etrangement, je ne me sentais pas intruse. Peut-être qu’être une Princesse aidait à bien se comporter et se tenir pour ce type de soirées ! En tout cas, je fus surprise par le son de cette voix. Par le son de cette personne que je ne pensais pas apercevoir ce soir. Un sourire avait étiré aussitôt mes lèvres, s’étirant dans un élan amusé. Je restais dos à cette personne durant quelques instants, avant de me tourner avec une élégance certaine, faisant perdurer le sourire présent sur mes lèvres. J’avais été entourée de deux hommes et d’une femme, discutant sur le sujet principal qu’était cette étonnante exposition sur des pierres précieuses. Un soulagement s’exprima silencieusement, car cette voix venait de me sauver d’une conversation ennuyante à souhait.

«  Quelle charmante et surprenante surprise que de vous voir ici, très chère…   »

Mon statut d’ambassadrice semblait prendre légèrement le dessus, mais c’était surtout dans un amusement que j’eus prononcé ces mots. Mon regard contemplait la tenue, mais surtout le sourire qui s’afficha sur son visage. Elle était délicieusement sublime et semblait respirer la vie. J’étais contente de la retrouver ici. La soirée n’allait pas s’annoncer ennuyante à souhait en fin de compte…

« Je t’en remercie. » Prononçais-je en la remerciant de m’offrir cette coupe de champagne. Alors que je portais mes yeux sur l’assemblée qui ne cessait de s’agrandir au fur et à mesure des minutes qui passèrent, je bus une petite gorgée de ce verre. «  L’ennui de l’appartement t’a été insupportable pour finalement venir à cette exposition ?   » La pièce était affublée de tout un tas de personnalités qui m’étaient étrangers. Je devais reconnaître quelques personnes, mais sans plus. «  Tu viens d’apporter un nouveau souffle. Et je suis contente que tu sois ici. » Ajoutais-je dans un sourire et un clin d’œil complice. Je me rapprochais d’elle de quelques centimètres en gardant mon regard sur le devant de la scène. «  Crois-tu que de mauvais surprises profiteraient de l’occasion pour tenter un vol ? » Après tout, les pierres précieuses, les objets de grande valeur pouvaient attirer l’œil de bon nombre. Les revendre leur apporterait un bon pactole. En tout cas, l’exposition n’allait pas tarder à commencer…

Au dehors, tandis que Megan attendait impatiemment le moment de faire son entrée dans les lieux, son attention était attirée par la véritable valse des voitures toutes mieux équipées, plus onéreuses, plus grandes, les unes que les autres. Des bijoux d'un autre type, ce que la mécanique humaine avait créé de mieux fallait-il croire. Son oncle l'avait prévenue qu'elle se retrouverait au milieu des nantis,  des privilégiés… Que ce soir se mêleraient politiciens, PDG d'entreprises d'envergure, héritiers ou encore vedettes éphémères et journalistes couvrant le vernissage, montrant en un sourire narquois leur pouvoir d'achat, affichant leur réussite de façon ostentatoire. Devant les questions de la rousse, J'onn avait trouvé utile de lui apprendre les grandes ficelles du capitalisme, modèle économique inconnu sur Mars. Sa planète était bien plus proche du communisme par ses idéaux, ayant érigé une société sans monnaie, sans état mais ralliée sous le joug protecteur de la toute puissante famille royale. Les différences sociales n'étaient pas aussi extrême que sur Terre bien que la population étaient très développées, chacun pouvait avoir accès à ce dont il avait besoin, même si les élévations sociales donnaient lieu à quelques privilèges. Le tord de l'économie martienne qui la précipita vers sa chute, fut certainement d'avoir maintenu depuis les prémices de sa civilisation, un système de classes cloisonnées dont il était impossible de s'extraire, sous peine d'être jugé comme traite et condamné à la peine de mort. Et bien évidemment, les plus basses castes, toutes indiquées pour se charger des basses besognes, étaient celles de la race inférieure, les martiens blancs, trop souvent opprimés par ceux qui s'en revendiquaient supérieurs. Son oncle lui avait appris qu'on retrouvait des castes héréditaires assez semblables dans un pays éloignés des États-Unis, en Inde.    

Mais la martienne était bien loin de l'Inde et encore plus de Mars. Même si elle avait quelques pensées pour son peuple, son attention était ailleurs car c'était à un véritable ballet aérien que la rouquine assistait. Pourtant, il n'y avait nul oiseau dans le ciel, hormis ceux fait de métal qui tournaient autour du bâtiment comme des charognards autour d'une proie moribonde. Une proie facile mais pas totalement sans défense, puisque parmi ceux des invités prestigieux, c'était surtout les hélicoptères de la sécurité qui survolaient ce lieu mit sous haute protection. Une mesure qui n'était certainement pas de trop. Si le gratin de Metropolis se retrouvait ici, tous les invités ne seraient certainement pas là pour briller au milieu des cailloux. Le prix inestimable de ces pierres attireraient à coup sûr la convoitise. Megan n'avait pas pour mission de s'y opposer, uniquement de localiser kuru et de protéger les civils si nécessaire, sans toutefois révéler l'étendue de ses capacités. L'inspecteur Jones ne devait pas ignorer que d'autres justiciers se rendraient sur les lieux et c'était ce qui rendait les choses d'autant plus excitantes pour Megan ! L'idée de se fondre dans le décor, aux cotés d'un flash, d'un superman ou d'une batgirl sous couverture civile pourrait presque la mener à l'évanouissement par excès de fébrilité, mais il fallait qu'elle garde la tête froide !

Enfin, après des dizaines et interminables minutes d'attente, l'apprentie héroïne se retrouva dans le lieu de toutes les convoitises. Et quel spectacle s'offrait à elle ! Megan n'avait pas assez de ses deux yeux pour admirer les splendeurs qui s'étendaient sur toute la superficie de la vaste pièce. Si elle n'avait pas été en publique, elle se serait ajouté quelques paires d'yeux pour fouiller d'autant plus vite l'exposition.
Tandis que les personnalités se reconnaissaient et se saluaient, se lançant dans des conversations polies, la martienne en mission se lança dans la reconnaissance des lieux. De toute façon, personne ne viendrait à sa rencontre à elle, l'immigrée clandestine sans planète fixe qui vivait recluse chez son oncle et n'avait, à cause de cela, noué pratiquement aucun lien avec son peuple d'adoption.
Elle aimait vivre parmi les humains, ils étaient tellement serviables puis tout lui paraissait tellement rafraîchissant ! D'ailleurs, pour illustrer ses propos, un serveur lui tandis un plateau avec des coupes de champagne. Megan en retira deux, comme elle avait vu faire une autre rousse avant elle. Sauf qu'elle ne rejoignait personne et s'occupa donc personnellement de les vider. Les mets humains et en particulier le beurre de cacahuète étaient une très bonne raison de rester et de protéger cette planète. Quant au champagne, elle n'arrivait pas vraiment à se prononcer... Les bulles qui crépitaient au fond de son palet lui avait donné une drôle d'impression, comme-ci on lui chatouillait la luette. C'était étrange mais finalement, pas complétement désagréable. Le goût était doux et sucré mais se terminait avec une pointe d'acidité et ça, ça lui plaisait ! Il lui faudrait gouter à nouveau pour avoir un avis tranché. L'innocence de Megan flirtait trop souvent avec l'ignorance, aussi elle n'avait aucune connaissance concernant l'alcool (cela n'existait pas sur Mars), et des effets secondaires sur l'organisme... Admirer les pierres précieuses et trouver la sienne en particulier lui sembla d'un coup bien annexe, la quête d'une nouvelle coupe devenant prioritaire.

L'objet de son désir dans ses deux mains, la rouquine inspecta un peu mieux les environs, s'arrêtant devant un présentoir où trônait une couronne, sertie de trop de joyaux pour que Megan puisse les compter. L'adolescente éméchée n'échappa pas à l’œil avisé d'un homme esseulé, qui devait avoir attendu ce moment depuis le début de la soirée. Il avait une tête de rat et une voix nasillarde, sur laquelle la rousse eut beaucoup de mal à se concentrer alors que le discours n'était pas totalement dénué d'intérêts.

«  Magnifique n'est-ce pas ? Elle a appartenu à Christine de Suède, nommée Roi comme son père n'eut pas d'autre héritier. Elle s'est illustrée par ses frasques et ses idées avant-gardiste... Elle fut même considérée comme la première féministe. Ce, parce qu'elle refusa de se marier et se mettre sous la coupe d'un homme et surtout, donner un héritier au trône. Elle n'avait aucune prédisposition pour la maternité. Faisant fit des pressions royales, elle préféra abdiquait et se convertit à une autre religion. Quelle merveilleuse provocatrice ! »

Le cours d'histoire monologuiste continua comme ça un moment, Megan se contentant de ponctuer la conversation avec quelques « oh » «hmm » « oui » « je vois » « c'est pas faux. » et autres savants hochements de tête tout en continuant de vider sa coupe.

« Tout ça est particulièrement intéressant mais vous n'auriez pas une pièce de collection un petit peu plus... Hmm... Exotique ?  »

Manque de tact évident et ennui révélé, son compagnon d'un instant préféra s'enfuir loin de la rustre qui n'eut pas autant de savoir vivre que la plupart des convives. La martienne haussa les épaules, les humains étaient définitivement intéressants -rien que ces histoires de religions multiples pourraient la captiver pendant des heures, mais sacrément compliqués ! Tout ce qu'elle voulait, c'était remettre la main sur sa civilisation disparue dont tout ce qui restait était la pierre...
La tête commença à lui tourner, aussi elle alla s'adosser sur le mur le plus proche qui apparemment récoltait un petit succès puisqu'il n'était pas totalement déserté, un jeune homme blond qui n'avait rien dû rater de la scène s'y trouvait. Après l'avoir dévisagé avec trop d'insistance, la rousse finit par lui sourire et lui tendra sa coupe, celle qui était encore pleine et à laquelle elle n'avait pas touché.

« Puisque j'ai fait fuir discovery history et qu'il ne partagera pas cette coupe avec moi, ça vous tente de le faire à sa place ? Je crois qu'il vaut mieux que j'arrête de boire ça. Je sais pas ce qu'il mette dedans mais ça me rend un peu... Bizarre. Et vous, c'est quoi votre excuse pour rester planté là ? Vous attendez quelque chose ou quelqu'un ? Ou vous êtes simplement blasé ? »

Cette mission n'avait rien de très particulière, depuis mon arrivée dans cette soirée, je n'avais pas parlé à personne préférant prendre appui sur une petite colonne, gardant les bijoux si précieux pour Damian Darhk dans mon champ de visions. Depuis la création de la monnaie, les gens ne semblaient vivre que pour l'argent, c'était d'ailleurs la raison de ma présence ici, mon patron déjà plein les poches qui voulaient encore en rajouter, n'ayant jamais assez de fond à son goût. La machine du capitalisme est comme un piège mortel après tout, les gens travaillent pour faire de l'argent, pour ensuite s'endetter et avoir besoin de prêt bancaire pour ce sortir de là, puis la roue recommence, laissant les plus riches de ce monde la pousser afin d'être sûr qu'elle ai toujours plus de vitesse et que le processus ne s'arrêtent jamais. De mon côté, l'argent m'importe peu, surement à cause que le H.I.V.E me fait vivre en ce moment et que l'argent n'est pas une nécessité pour moi, mais je comprenais très bien le processus dans lequelle les gens du monde entier étaient embarqués. Surement que je serais dans le même panier que le reste des gens, si j'avais à payer pour me loger, me nourrir, m'habiller et me divertir, mais ce n'était pas mon cas et j'aimais mieux conserver mon statut pour le moment.

Je conservais mon attention sur les bijoux, refusant d'un signe de la tête le cocktail qu'un des serveurs venait de me proposer. Je ne remarquai même pas l'arrivée d'une jeune femme à mes côtés, continuant de regarder les pierres précieuse. Je remarquai finalement sa présence après que cette dernière m'ait tendu une coupe attirant ainsi mon attention vers elle. Cette dernière m'avait souri, une attention que je n'avais même pas remarquée, étant bien trop pris par la mission, car au fond, plus vite cette mission était faite et plus vite, j'allais pouvoir avoir autre chose à faire que de trainer dans cette place ennuyante. Je tournai la tête légèrement vers la jeune rousse qui venait de me retrouver sur le bord de la colonne qui m'accueillait depuis mon arrivé, cette dernière m'ayant interrogé sur les raisons de ma présence dans cette soirée mondaine, d'autant plus que j'avais l'air très enjoués d'être présent.

« Je dirais que c'est un mélange de tout ça, mais j'attends avec impatience que cette soirée ce termine, vous vous rendez compte... je viens tout juste d'arriver en plus, mais vous, vous semblez être déjà très avancée dans le nombre de coupe de champagne bût. » Dis-je en prenant la coupe qu'elle tendait vers moi.

Je lui renvoyai le sourire qu'elle m'avait fait plus tôt, la remerciant pour la coupe que je venais tout juste de prendre de ses mains. C'était certain que je n'allais pas boire cette coupe, la méfiance faisait partie de moi et si elle travaillait pour une organisation rivale à la mienne et que son but était de me mettre hors d'état de nuir, je ne pouvais pas prendre ce risque. Je me décollai de la colonne replaçant mon veston, puis je repris place, faisant tomber la coupe, essayant de ne pas faire trop paraitre que c'était voulu comme action. « Oups, je suis maladroit, désolé. » Dis-je en la regardant, puis avant même qu'elle prenne la parole, je retourna ma tête vers les bijoux, l'interrogeant à mon tour. « Et vous qu'attendez vous ? »