Je détestais le manque de politesse de la jeunesse d'aujourd'hui, encore plus quand on rendait un service comme je venais de le faire. Et comme je ne suis pas du genre à laisser passer quelque chose aussi facilement, je voulais mes remerciements et je les aurais, même s'il fallait que je les lui arrache au fond de la gorge. Et puis cette nuit semblait calme, ce qui était rare pour une ville aussi criminelle que Gotham City, alors je pouvais bien dévier de ma traditionnelle sortie pour aller chercher mon dû. Je le cherchais sans pour autant me dire que j'allais tomber sur quelqu'un d'autre, d'autant que j'allais pas lui faire du mal, juste lui faire comprendre que quand je faisais quelque chose qui l'arrangeait, un petit merci ne ferait pas de mal. Après, je pouvais tout aussi bien faire demi-tour et retourner à la chasse aux criminels, histoire de me défouler encore plus. Les deux à qui je venais de botter le derrière n'étaient que l'entrée. Ne manquaient que le plat de résistance ainsi que le dessert pour compléter une soirée qui d'apparence commençait assez bien.

Alors que je continuais ma quête du jeune garçon pas très poli, voilà que je tombais sur quelqu'un d'autre, quelqu'un que je ne soupçonnais pas très d'ici. Je ne le connaissais pas, mais en faite, avec le squat présent pas très loin, je ne devais pas être aussi surpris que ça de voir un nouveau mioche dans le coin. Bien évidemment, en bonne personne que je suis, je lui demandais qui il était, avec un ton habituel, c'est à dire froid et dur. A quoi bon être poli avec un individu que l'on connaît à peine ? C'est alors qu'il se lança dans un espèce de récital tout aussi ennuyant que les histoires de Pennyworth, c'est vous dire le niveau quand même. Tout ça pour me dire qu'il s'appelait le Vénitien, et pour les intimes le Véni. Ouais donc son nom allait bien avec son discours de présentation : beaucoup de paroles pour pas grand chose au final. Il disait qu'on le froissait que très rarement ? Très bien, je relève le défis, et il apprendra que par contre, on peut m'ennuyer avec facilité, il en faut peu quoi.

« Tu sais, juste prononcer ton nom m'aurait suffit. Mais non, au lieu de ça il a fallu que tu fasses un discours aussi ennuyeux que les politiques de Gotham. Tu remportes la palme du bizarre le plus bizarre du moi. »

Et cerise sur la gâteau, voilà que ce Vénitien d'après ses dires se mit à tourner autour de moi en m'observant. Il est sérieux là en faisant ça ? Je ne sais pas s'il le ressentait, mais ça commençait à me mettre très rapidement en colère. Car oui, il en faut peut pour libérer la rage constante et furieuse qui se trouvait en moi, et je trouvais n'importe quel prétexte pour pouvoir me battre avec n'importe qui. Le pire se produit, du moins pour le moment lorsque je sentis un contact dans mon dos. Ce type venait de poser son menton sur mon épaule, chatouillant légèrement mon cou avec les plumes qu'il avait sur sa tenue de foire. Mais il me prenait pour qui celui-là ? Il me posait une nouvelle question et, en guise de réponse, je voulais lui en coller une. Mais en me retournant, il était déjà un peu plus loin, perché sur les mains en me regardant. Il fumait la moquette lui ou quoi pour être aussi étrange ?

« Je doute qu'en voyant un illuminé aussi perché que toi, les criminels ne s'en prennent à toi. », répondis-je pour le moment. Mais bon, s'il avait répondu à ma demande d'identité, je pouvais bien le faire moi aussi, après tout, je suis un garçon poli et à peu près bien élevé. « Et mon nom est Robin. » Il disait chercher des gens comme nous, par chance pour lui, et malheur pour moi, il était tombé sur le meilleur justicier de la ville après Batman, c'est à dire moi. « Pourquoi cherches-tu l'un d'entre nous ? Tu as besoin qu'on te frappe la tête assez fort pour devenir normal à nouveau ? »

Je fis craquer les jointures de mes mains en affichant un sourire sadique, comme si je n'attendais qu'une réponse à la dernière question, un oui.

 

     

BY .SOULMATES

  Je n'aimais pas trop les personnes qui parlaient par le biais de phrases toute bizarres, en jouant avec les mots ou en faisant des énigmes. Par conséquent, je n'aimais ni Edward Nigma, et désormais encore moins le jeune garçon face à moi. Mais ce dernier semblait avoir une particularité toute trouvée, à savoir celle de m'énerver sans dire quoi que ce soit. Cela ne m'étonnait d'ailleurs pas du tout de le voir tout seul, car il devait être du genre à vraiment énerver son monde à parler comme cela. S'il y avait quelqu'un comme ça dans la famille Wayne, ou bien un Robin ayant enfilé le costume avec un tel comportement, je doute que Père l'aurait gardé bien longtemps. Et le comble, c'était qu'il avait une tenue qui me donnait envie de le frapper, des ailes que j'avais envie d'arracher les unes après les autres pour les lui faire manger une par une pour qu'il se taise enfin. Cette phrase, je la lui dirais prochainement, cela ne faisait aucun doute. Une question de temps avant qu'elle ne s'échappe de mes lèvres.

Il sortit une nouvelle phrase qui me donnait envie de fracasser sa tête contre le mur. Décidément, il m'énervait bien plus que de raisons, ce qui aggravait encore plus un cas déjà critique pour lui. Son nom, son costume, sa tête...il avait le parfait profil de la tête à claques. Ce qui me laissait penser que c'était peut être un leurre du Joker, ou un coup monté par quelqu'un qui connaissait ma nature délicate et sensible face à un tel individu. Dans les deux, c'était tant pis pour le Vénitien, il allait goûter de mon poing dans sa bouche trop bavarde.

« Tu sais, tu devrais juste arrêter de parler et te mettre en position de victime. Tu arrêteras de me faire perdre mon temps, et ça te permettra à toi de déguster une bonne fois pour toutes ce que tu es entrain de faire chauffer. »

Une métaphore comme une autre pour dire que je bouillais de l'intérieur et que je n'allais pas tarder à tout faire exploser s'il continuait dans cette voie là. Il avait très certainement compris qu'il ne fallait pas m'énerver, car il leva les mains en signe de paix, pour me montrer qu'il ne recommencerait pas, du moins jusqu'à la prochaine session de phrases qu'il sortirait, car il ne pourrait pas s'en empêcher, c'était probablement son trait de caractère principal. Il s'approchait alors encore une fois de moi, me posant des questions, ce qui avait le don de m'énerver plus que d'avoir envie de lui répondre. Cette colère se faisait sûrement ressentir dans l'endroit, et je me demandais comment le Vénitien faisait pour ne pas s'en rendre compte tellement elle émanait de tout mon corps. Je serrais la mâchoire et les poings pour contenir le tout.

« Et j'estime avoir le droit de frapper quiconque joue avec mes nerfs. », répliquais-je à l'entité générationnelle, réactionnaire et oppressive qu'il venait de me sortir. Il ferait un bon acolyte à l'Homme Mystère ou à un autre taré de la ville, à n'en pas douter un seul instant. « Ce que tu m'as fait ? Tu te fous de moi pour poser une question d'une telle stupidité ? »

Je lui lançais un regard qui en disait long sur ce que je pensais, ne prenant même pas la peine de répondre à sa question.  C'est alors que le Vénitien se lança dans une nouvelle tirade, posant sa main sur son cœur pour interpréter ses paroles. Là, ça atteignait quelque chose que je n'avais encore jamais vu chez n'importe quel criminel présent à Gotham City. Une petite piqûre pour savoir ce qu'il avait ingéré ne pourrait pas lui faire de mal. Drogues, alcool, peut être voir sûrement les deux en même temps, mais cette personne n'avait pas la lumière à toutes les étages, et je me ferais un plaisir de lui offrir une place dans l'Asile d'Arkham en compagnie des autres dingues de la ville. Une fois qu'il avait fini, je dégainais mon bâton métallique en le faisant tournoyer dans une main pour le faire passer dans une autre.

« La seule chose que tu vas savoir de moi cette nuit, c'est que je vais t'arracher une par une les plumes de ton costume pour te les faire bouffer, comme ça, tu arrêteras de parler. »

Je m'approchais de lui avec un air menaçant, avec l'envie d'en découdre une bonne fois pour toutes avec cet étrange personnage.

 

     

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  Peur ? Je n'avais peur de rien ni personne. Après tout, un Wayne ne devait pas avoir peur, mais devait faire peur à ses adversaires. Si jamais je me mettais à exposer mes éventuelles peurs sur le devant, alors ce n'était même plus la peine pour moi de revêtir la tenue de Robin. Je préférais encore repasser sous la bannière de la Ligue des Assassins plutôt que d'admettre que je pouvais avoir peur à certains moments. J'avais peur que tout ce que j'étais devenu pour mon Père s'efface du jour au lendemain, que tout cela n'ait été qu'un rêve d'une longue nuit qui n'en finissait pas. Je ne voulais en aucun cas revenir auprès de ma mère et de la Ligue. Là-bas, je n'étais considéré que comme un objet au service d'une cause morbide et macabre, alors qu'avec Père, je me sentais vivant, comme si les différences dans les méthodes d'éducation entre mes parents étaient énormes. Et elles l'étaient, c'était d'une évidence dont Mère finirait bien par s'en rendre compte, au bout d'un moment, une fois qu'elle aurait enlevé les œillères qu'elle gardait.

En tout cas, il semblait que je venais de heurter un point sensible chez le petit jeune homme en face de moi. Il lâcha tout un tas de paroles d'un air assez exaspéré, l'air de dire qu'il ne pouvait rien faire de moi, du moins que je l'exaspérais quoi, avec un un peu de colère au passage. Tant mieux d'un côté, au moins il me lâcherait la grappe sur ses paroles à dormir debout, et je pourrais enfin lui coller la raclée qu'il méritait pour avoir osé me faire perdre mon temps. Je ne comptais pas lâcher l'affaire, du moins pour le moment, ma réputation de grande gueule devait être mise en valeur dès maintenant, pour lui faire comprendre que peu importe où il se trouvait, ce qu'il faisait ou peu importe par qui il était entouré, c'est moi qui fait la loi dans cette ville pourrie. Enfin Père et moi. Je laissais le bâton dans ma main, arborant un visage plus que surprit par le discours qu'il venait de me sortir. Je soupirais légèrement, exagérant un peu sur le soupire.

« Tu sais Vénitruc...plus tu parles, et plus ça me donne envie de te montrer que tu aurais mieux faire de te taire plutôt que de faire l'intéressant. », commençais-je par répliquer en tendant mon bâton dans sa direction. « La comparaison avec les alcooliques n'est pas des plus flatteuses, tu le sais ça ? Mais ne t'en fais pas pour moi, j'ai de la ressource, et si jamais je tombe, alors je me relèverais d'une encore meilleure manière. Mais toi, tu as souvent dû tomber sur la tête pour raconter de telles bêtises, faudrait peut être consulter un psy, ou un type dans le genre. »

Je levais ma main en direction de la tête, frappant le côté de mon front avec mon index comme pour indiquer que sa place n'était pas dans les rues, mais bien dans une petite cellule capitonnée de l'Asile d'Arkham. Bon, il avait de la chance, j'allais lui accorder un peu plus de mon temps, mais juste pour lui appliquer une petite correction, l'amener dans le bâtiment psychiatrique, et ensuite poursuivre mes recherches sur le Joker. C'est alors qu'il péta encore plus un câble en prenant son masque pour le jeter à mes pieds. Un petit rire quitta alors mes lèvres à son évocation de Dieu.

« Petit. Dieu n'existe pas. Et quand bien même son existence serait avérée sur notre bonne vieille planète, il n'aurait pas du tout mon apparence, crois moi. » Je secouais légèrement la tête en ne lâchant pas mon interlocuteur du regard. « En revanche, je peux t'assurer que s'il avait les cheveux verts et la peau blanche, il serait sur le crucifix en plein centre de Gotham City depuis fort longtemps. » Il se remit à parler d'une façon aussi bizarre qu'inintéressante, ce qui me donnait encore plus envie de le taper bien fort. Je plissais des yeux en l'écoutant me parler, me demandant quel tour il allait encore me sortir. Pour montrer que je ne rigolais pas, je lui frappais le genou avec mon arme, me rapprochant un peu de lui. « Je crois que tu n'as pas encore très bien saisi à qui tu avais à faire en face...et la seule chose que tu verras dans ton miroir, en te regardant,ce n'est pas ton âme, mais ton corps martyrisé par mes coups. » Je me redressais un peu, me préparant à m'en prendre à lui. « Par quelle partie du corps tu veux que je commence ? »

 

     

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