Gotham City. Je ne pensais pas y remettre un pied un jour et surtout pas aussi rapidement. Il ne s'était écoulé qu'un mois depuis que j'avais fui la ville. Et pourtant, j'avais l'impression d'être partie durant des années. Tant de choses étaient arrivées... Mon père, mon brusque déménagement, l'explosion de l'accélérateur à particules à Star Labs. Tout s'accumulait sans que je puisse rien y faire. Une part d'ombre planait toujours, je ne comprenais pas comment mon père avait pu me retrouver. J'avais préparé ma fugue de Berlin avec minutie et je ne pensais qu'il arriverait à me localiser, même un an après. Que me voulait-il ? Pourquoi ne me laissait-il pas en paix ? Beaucoup de questions mais aucune réponse, malheureusement.

Je soupirais intérieurement avant de revenir dans la réalité. De bien tristes circonstances m'avait poussé à revenir à Gotham. En effet, mon ancien propriétaire et seul ami était décédé. Bien qu'ayant quitté la ville, je continuais de garder un œil sur lui de loin de peur que mon père n'apprenne que je logeais chez lui et ne décide de le faire parler. Heureusement, il n'avait rien découvert. Monsieur Carter était mort d'une crise cardiaque selon les rapports d'autopsie que j'avais piraté. Au moins, il n'avait pas souffert. J'étais revenue pour lui, pour lui rendre un dernier hommage en assistant à ses funérailles. Elles avaient eu lieu le matin-même. Je n'étais toutefois pas stupide et suicidaire, avant de m'y rendre je m'étais assurée que mon père et ses sbires se trouvaient de nouveau hors du sol américain. Il n'y avait pas eu grand monde à l'enterrement, le vieil homme n'avait plus ni famille ni ami à part moi.

Je devais repartir tout de suite après, pourtant je n'avais pas pu m'y résoudre. Deux jours à Gotham City étaient deux jours de trop. Mais, je m'étais attachée à cette ville sans m'en rendre compte. Je savais très bien qu'une fois partie, je n'y mettrais plus jamais les pieds. C'était trop dangereux. Je décidais donc avant mon départ de me promener une dernière fois. J'adorais aller au jardin botanique et choisis d'y aller. En cette fin d'après-midi, il n'y avait pas foule. Je foulais le sentier, observant quelques fleurs sur mon passage puis m'assis seule sur un banc. Je savourais l'instant présent, laissant les derniers rayons de l'été me réchauffer. Un sentiment de malaise m'envahit soudain.  

Depuis mon arrivée à Gotham, une étrange sensation ne me quittait plus. J'avais la désagréable impression d'être observée, la paranoïa m'enveloppait de plus en plus. Je sentis derrière moi une présence mais décidais de ne pas m'y intéresser. Ce devait être un passant et puis je commençais à être fatiguée de vivre dans la peur constante. Une voix masculine se fit alors entendre dans mon dos, je réprimais de peu un sursaut.
 
« Bonjour jeune fille. »

Je me retournais et vis avec horreur qu'un homme se tenait debout avec une arme pointée sur moi. Il ne me fallut pas longtemps pour reconnaître mon interlocuteur. Deadshot, le sinistre tueur à gage. J'avais lu de nombreux rapports de l'ARGUS le concernant. Il m'arrivait effectivement de pirater de temps en temps leur base de données discrètement. J'aimais me tenir informée des derniers événements. Je savais pourquoi il était là. Pour me tuer, cela était évident. Mon père avait dû l'engager. Je ne comprenais pas pourquoi il ne l'avait pas fait plutôt. Peut-être espérait-il me ramener à la maison.

« Dis- moi, veux- tu mourir avec honneur? Ou me supplieras- tu pour ta vie, à genoux comme tous les autres devant l'inexorable mort qui les attendait? Ta vie touche à sa fin, mais je n'en retire aucun plaisir. Je le fais pour l'argent. »    

Étrangement, je n'avais pas peur. Mourir était devenue une banalité pour moi, surtout après ma noyade à Central City. Quand l'accélérateur à particules était en train d'exploser à Star Labs, je me trouvais dans la piscine d'un hôtel en ville à me noyer. J'étais soudainement revenue à moi dotée d'étranges capacités. La mort ne m'effrayait peut-être plus, cependant ce n'était pas une raison pour ne pas me battre. Un coup d’œil derrière mon assaillant me permit d'apercevoir une fontaine. Pile ce qu'il me fallait ! Je me concentrais sur l'eau qui s'en écoulait. Je visualisais dans mon esprit une boule émerger de la source et s'élever dans les airs. Cela se produisit l'instant suivant. Je venais de réussir la première étape, c'était maintenant que les choses se compliquaient. Je bougeais légèrement ma main en direction de Deadshot. La sphère suivit le mouvement et vint heurter la tête de mon agresseur. Je n'attendis pas plus longtemps pour partir en courant. Un coup retentit, je le sentis passer au-dessus de ma tête. Alors que je tournais dans un virage masqué par des arbres, je heurtais quelqu'un de plein fouet. Sonnée, je me relevais rapidement et recommençais ma course folle.

Je sentais l'adrénaline parcourir mon corps. Je n'arrivais plus à réfléchir correctement. Je courrais sans savoir où aller ni que faire. L'homme que je venais de heurter me suivait visiblement. Je ne prêtais pas attention à ses paroles et continuais ma route, sans jamais ralentir. M'arrêter signait mon arrêt de mort et avec moi celle de témoins potentiels. Si ce type s'évertuait à me coller, il allait finir comme dommage collatéral. J'avais besoin de quelques secondes pour trouver une solution, or je ne pouvais malheureusement pas me le permettre.

Tout se passa ensuite très vite. Avant même que je n'ai pu réagir, l'homme me rattrapa puis me prit le bras et m'enferma en sa compagnie dans une petite pièce. J'ignorais comment réagir. Etait-il idiot ou simplement suicidaire ? Il disait vouloir m'aider, il avait donc visiblement vu mon poursuivant. A la vue d'une arme, les gens ordinaires avaient pour habitude de fuir loin du danger et non de s'en rapprocher. Etant venue de nombreuses fois au jardin botanique, je savais que nous nous trouvions près de l'entrée du parc vers la loge du gardien. Aucun de nous ne parla. Nous étions tellement proches l'un de l'autre que je sentais son souffle chaud me caresser le visage. Qui était-il ? Pourquoi m'avait-il aidé ? Je n'entendais aucun bruit provenant de l'extérieur. Deadshot était-il parti ? Je n'osais m'adresser à mon « sauveur » de peur d'indiquer ma cachette à mon agresseur. De longues minutes s'écoulèrent ainsi sans que ni l'un ni l'autre ne brise le silence. Cette situation semblait durer depuis des heures. J'essayais de le distinguer, mais malheureusement j'étais entourée de noir. Une faible lueur filtrait sous la porte et n'éclairait que nos pieds. Au bout de ce qui me parut une éternité n'y tenant plus, je me mis à chuchoter.

« Pourquoi avez-vous fait ça ? Il faut être inconscient pour s'exposer ainsi au danger. Il doit être parti maintenant. Je pense que vous pouvez tenter de partir aussi discrètement que cela puisse être possible. Ce n'est pas très courant de s'enfermer ainsi dans un placard à balais. Si on vous pose des questions, vous pourrez toujours dire que vous étiez en train de fuir une ex-petite amie ou quelque chose dans le même style. »

J'avais le chic pour donner des idées aux autres, mais quand il s'agissait de moi j'en étais visiblement incapable. Deadshot devait m'attendre à la sortie. Il ne connaissait pas l'homme qui se tenait à mes côtés, il pourrait facilement se tirer de cette situation. Au mieux, personne ne le remarquera et tout se passera bien. Au pire, il attirera l'attention de Deadshot qui viendra me régler mon compte. A cette pensée, je déglutis péniblement. L'adrénaline commençait de retomber et la peur me vrillait l'estomac. J'étais, apparemment, plus attachée à la vie que je ne le pensais. J'attendis que l'homme suive mes conseils ou du moins qu'il prenne la parole.

J'étais quelque peu perdue. L'homme à mes côtés me demandait si j'avais vu son visage. J'étais poursuivie par un tueur à gage donc évidemment que non je n'avais pas fait attention à lui. Alors que je m'apprêtais à lui répondre, un halo vert illumina la pièce. J'aperçus un bref instant, bien malgré moi, son faciès avant que la pièce ne soit de nouveau dans le noir. Il tenta ensuite de me rassurer, m'expliquant que nous allions sortir ensemble. Au vue de la lumière, j'avais de suite deviné que j'étais tombée sur un Green Lantern. J'avais peut-être un peu de chance finalement. Sans me laisser le temps de réagir, il sortit de notre cachette et m'ordonna de rester derrière lui. Selon lui, le bouclier devrait nous protéger.

Mes yeux mirent quelques secondes à s'adapter de nouveau à la luminosité extérieure. Je cherchais du regard Deadshot, mais malheureusement je ne le voyais nulle part. Nous étions seuls, les rares promeneurs avaient dû se sauver en entendant les premiers coups de feu. J'étais d'ailleurs étonnée que la police de Gotham ne soit pas encore sur les lieux. Une preuve de plus de l'efficacité des forces de l'ordre.

Soudain, mon regard fut attirée par un miroir. C'était une glace que l'on trouvait souvent dans les fêtes foraines, elle déformait le corps de celui ou celle qui se contemplait dedans. Je pus voir quasiment distinctement le reflet de Deadshot qui levait son arme pour tirer. Une micro-seconde avant que Deadshot ne fasse feu, je me retournais. Instinctivement, je mis mes mains devant moi et un mur d'eau apparut. J'ignorais comment j'avais pu faire ça. Une cascade bleutée se dressait entre le tireur et nous, elle s'élevait sur deux mètres et permettait aisément à Green Lantern de se tenir non plus derrière moi mais à mes côtés s'il le souhaitait. Les balles pénétraient à grande vitesse à l'intérieur puis ralentissaient avant de tout simplement couler. Comment avais-je pu faire ça ? L'adrénaline ? Ou bien tout simplement l'instinct de survie ? C'était un point qu'il me faudrait éclaircir plus tard, si toutefois il y avait un après à cette cauchemardesque situation. Je sentais que mes forces commençaient à me quitter, utiliser ce genre de capacité drainait rapidement l'énergie vitale. Sans quitter Deadshot des yeux, je m'adressais à Green Lantern.

« Que faisons-nous maintenant ? Je sens que je ne pourrais pas tenir ainsi encore longtemps. »

Heureusement pour Green Lantern et moi, ce dernier s'élança lorsque mon mur d'eau retomba. En s'écrasant sur le sol, je fus éclaboussée et mes chaussures se retrouvèrent trempées. Green Lantern fonça droit sur Deadshot, il créa ensuite une sorte de gant géant de box grâce à ses pouvoirs et mon agresseur vola dans les airs. Ce dernier finit par s'écraser contre un mur. Je ne pus réprimer une grimace, cela devait avoir fait mal. Le justicier sans un regard pour Deadshot revint vers moi puis m'entraîna dans son sillage. Nous courions en direction de la sortie. Nous avions une chance de nous sortir vivant à présent. Je fus soulagée lorsque nous franchîmes la porte de sortie du jardin botanique. Green Lantern se stoppa alors puis me fit comprendre que je devais me rapprocher de lui. Il m'attrapa alors dans ses bras avant de m'envoler avec lui. C'était la deuxième fois que je volais, je me rappelais parfaitement de mon premier vol. Je tentais d'échapper à Inque Clay dans les rues de Gotham quand Bluebeetle vint à mon secours. Green Lantern nous déposa sur le toit du Jardin Botanique. Personnellement, je n'aurais pas fait ce choix. Si Deadshot était encore dans les parages, il pourrait facilement nous retrouver bien que Green Lantern venait de me dire le contraire. De plus, je ne tenais pas à expliquer au GPCD pourquoi un célèbre tueur à gage attentait à ma vie. J'entendis soudain les sirènes au loin, la police n'allait pas tarder. Je devais quitter les lieux et vite. J'hésitais à repasser à l'hôtel, j'ignorais si Deadshot savait où je dormais. Il me fallait rentrer à Central City en tout discrétion mais avant je devais régler le problème « Green Lanter ». Il avait vu mon visage et savait à présent de quoi j'étais capable.

« Merci de m'avoir aidé, vraiment vous n'étiez pas obligé et je vous en suis reconnaissante. Il va falloir bouger rapidement, la police ne devrait pas tarder et je n'ai pas envie de leur expliquer pourquoi Deadshot était à mes trousses. J'ai vu votre visage et vous le mien, je vous promets de l'oublier si vous faites de même avec moi. Chacun repart de son côté et continue sa vie comme si de rien n'était. D'accord ? »

Je commençais de chercher une sortie des yeux tout en parlant, je repérais une porte derrière mon sauveur. Alors que j'attendais patiemment sa réponse, il se mit soudainement à pleuvoir quelques gouttes. Je levais la tête et vis que de gros nuages gris avaient envahi le ciel de Gotham. Il ne manquait plus que cela, soupirais-je intérieurement.

Est-ce que je pouvais lui faire confiance ? Et surtout pouvait-il réellement m'aider ? Il m'avait sauvé la vie certes, mais j'ignorais tout de lui. Green Lanter ou pas, je préférais rester sur mes gardes. En revenant à Gotham, j'avais fait preuve d'imprudence. D'un autre côté si Deadshot m'attendait à l'hôtel, nous ne serions pas trop de deux pour en venir à bout. La pluie commençait à tomber plus fortement à présent, je sentais l'eau froide à travers mes vêtements et me mis à grelotter.

« Attends ! Je dois repasser à l'hôtel avant de quitter la ville, si tu n'y vois pas d'inconvénient. Par contre, il serait plus judicieux que tu redeviennes... toi-même. Il y a plus discret que se balader dans les rues de Gotham avec Green Lantern. Je m'appelle Amalia au faites. »

Sans attendre sa réponse, je fis volte-face et me dirigeais vers la porte. Je tournais la poignée, victoire elle était ouverte. J'espérais qu'il n'y aurait pas trop de policiers et qu'aucun témoin ne pourrait m'identifier. Il ne manquerait plus que j'ai la police à mes trousses. Je descendais les marches quatre à quatre rapidement puis me stoppais quand j'arrivais près du hall. Le GPCD était déjà là, certains interrogeaient des témoins tandis que d'autres ramassaient les indices et sécurisaient les lieux. Je reconnus un de mes anciens maîtres de stage dans la police au loin. Mince ! Il ne fallait surtout pas qu'il me voit, sinon j'étais mal. Je me faufilais discrètement jusqu'à la sortie qui se trouvait à quelques mètres de là. Je longeais les murs me camouflant grâce aux grandes plantes vertes qui décoraient la pièce. Une fois dehors, je soupirais, soulagée. Je me trouvais à une quinzaine de minute à pied du Gotham's Hotel. Alors que je quittais le parc, j'entendis dans mon dos.

« Hé vous ! Attendez ! »

Je me retournais et vis un policier me courir après. Mince alors ! Que me voulait-il ?

Kyle, répétais-je dans ma tête. Je ne connaissais personne de son nom-là et encore moi un Green Lantern. Je notais ça dans un coin de mon esprit pour plus tard, cela pourrait toujours être utile un jour. Lorsqu'un policier nous héla, Kyle me demanda de courir. Sans réfléchir plus que de raison, je lui emboîtais précipitamment le pas. J'ignorais si c'était la meilleure solution mais nous n'avions pas vraiment le choix.

Il me conduisit dans une petite ruelle puis m'attira à lui, je devinais rapidement ce qu'il avait en tête. Je ne pensais pas que c'était la meilleure idée qu'il ait eu, mais je n'eus pas le temps de lui faire remarquer. Lorsque nous nous envolâmes, je sentis que  nous allions plus haut que d'ordinaire. Je ne voulais pas regarder de peur d'avoir le vertige et fourrais donc mon visage dans le col de Kyle.

Ma curiosité prit cependant le pas quelques secondes plus tard, je jetais un rapide coup d’œil et en fus effarée. La pluie s'était transformée en véritable tempête. Trempée jusqu'aux os, je sentais l'eau ruisseler contre ma peau et pénétrer à l'intérieur de mes vêtements. Le vent commençait également à se lever, plaquant mes cheveux mouillés sur mon visage. J'ignorais si Kyle arrivait à se repérer par ce temps, mais je ne parvenais à voir devant moi que de la grisaille menaçante et des flashs aveuglants. Alors que je croyais que cette situation ne pouvait pas être pire, le tonnerre se mit à gronder. Un éclair passa alors près de nous et je ne pus m'empêcher de hurler de peur. Malgré le bruit, je criais à Kyle dans l'espoir de faire entendre :

« Il serait plus judicieux de redescendre sur la terre ferme Kyle ! Nous allons nous tuer si nous continuons. »
Je ne savais pas si le jeune homme m'avait comprise avec la pluie qui battait à nos tempes et le vent qui sifflait à nos oreilles. Brusquement, je sentis quelque chose nous heurter de plein fouet et l'instant suivant nous dégringolions à grande vitesse. Paniquée, je me mis à hurler sans arriver à me contrôler. Je n'arrivais plus à réfléchir correctement, que devais-je faire ? Si nous ne stoppions pas très vite cette chute, nous allions nous écraser au sol.