Entre la raison et la passion, la ligne qui les séparent est vraiment mince et c'est la passion qui me poussa à aller à l'Aciérie Sionis. Non pas pour une visite normale, mais bien pour revoir le Joker, ce psychopathe complètement dérangé qui n'attendait qu'une chose, en finir avec Batman. Tout le monde prétendait qu'il était un génie de l'improvisation et de la surprise, mais pas assez visiblement. Il n'était rien, mais il fallait ce méfier de lui. Pour preuve, la dernière fois que nous nous sommes rencontrés il m'a tiré sur le bras. La logique voudrait que j'y aille pour lui arracher la tête et l'envoyer aux requins. Mais j'avais une autre idée en tête. Posant quelques gardes à proximité, je garda contact avec eux grâce à un détonateur qui les alertera au cas où ça devait dégénérer. Prendre le risque d'y aller sans réserve ne faisait pas vraiment partie de moi. A peine entrai-je à l'intérieur que l'obscurité gagna rapidement du terrain, me plongeant dans le noir pratiquement total, seul quelques faibles lumières de secours éclairèrent des infimes parties des long couloirs. Je suis déjà venu ici, il y a quelques années et ça n'avait pas changé en dehors que désormais l'endroit était désert et sale.

D'un pas décidé et assuré, je m'avança plus profondément dans l'aciérie, en direction de la salle principale, là où devait normalement se trouver le Joker. Avec lui on n'était jamais sur de quoi que ce soit, l'improvisation était parfois la meilleure des solutions. Cependant s'il pensait que ça se passerait comme la dernière fois il se trompait. Prince du crime ou non, s'il doit finir au cimetière il finira là-haut, mais qu'il ne s'inquiète pas, Batman le rejoindra peu après. Finalement, lorsque j'entendis l'insupportable voix et rire du Joker, je compris que j'étais bien au bon endroit. Je me stoppa net en le voyant s'approcher tout en me tendant la main. Pensait-il vraiment que j'allais la lui serrer ? Non, il n'était pas aussi débile que ça, si ? J'ignora complètement son geste, le fixant droit dans les yeux, croisant au passage les bras. Collègues ? En aucun cas nous étions collègues, nous avions un ennemi en commun, voilà la raison de cette entrevue. Ne voulant pas lui donner de l'importance en répondant à ses mimiques et ses remarques digne d'un gosse illettré, j'ignora jusqu'à ce qu'il fasse allusion aux chauves-souris, prétextant avoir vu un reportage dessus.

" Me fais attendre le clown et viens en au fait."

Ma patience avait des limites, surtout quand je suis en sa présence. Tenter de lui faire fermer le clapet serait une erreur étant donné qu'il était surement entouré de ses sbires, une chance pour lui, sinon cette entrevue aurait prit une autre tournure plus violente. Il m'exaspérait réellement, et ce juste de le voir.

Cet endroit comme le propriétaire actuel des lieux ne m'inspirait pas confiance et de nombreuses personnes pouvait en témoigner lorsqu'il s'agissait du Joker. Ce clown était complètement timbré, ça ne lui a pas réussi ce changement, mais un timbré assez intelligent vu qu'il a toujours réussi à berner Batman. Était-ce cependant suffisant pour en faire toute une histoire ? Non. Il était aussi pathétique que la plupart des criminels de Gotham. Certains jouaient sur la force physique, d'autres sur les armes et d'autres comme le Joker sur la folie et l'humour complètement décalée. Comment prendre au sérieux une telle personne ? C'était tout bonnement impossible et s'il pensait que ma vision des choses le concernant allait changer, alors il pouvait d'ores et déjà faire demi-tour, je ne marchande pas avec les fous dans son genre qui sont en plus de ça indigne de confiance. Et les hostilités furent lancer lorsque le clown commença son petit numéro en essayant de me provoquer. Il aurait pu trouver mieux. Calme et silencieux, je le fixa dans les yeux malgré qu'il n’arrêtait pas de se déplacer. Il voulait tuer le Batman, comme je le pensai, mais il était trop faible pour pouvoir y arriver seul.

" Et tu penses que me faire venir ici te donnera l'occasion de mener la danse en me dirigeant ?"

Ne jamais passer par quatre chemins avec une telle personne. M'utiliser pour arriver à ses fins et ensuite ? Il tentera de me tuer ? J'ai fais une seule fois l'erreur de le suivre, pas deux. Il avait cependant certaines infos non négligeable, mais la suite ne collait pas avec sa façon d’être. A mon tour je fis quelques pas tout en jetant des coups d’œil régulier autour de moi pour avoir un visuel sur les hommes de main du joker. On n'était jamais à l'abri avec eux.

" Ta réputation est un peu exagérée, tu n'as même pas été capable de vaincre le Batman et tu ose prétendre pouvoir en finir avec lui avec mon aide ?"

Un petit rictus grave en sortit avant que je ne reprenne aussi vite la parole.

" Tu ne serais qu'un poids de plus à éliminer. Si tu es en vie c'est simplement parce qu'il n'a pas le courage d'en finir une bonne fois pour toute avec toi. Alors laisse-moi te dire une chose le clown..."

La tension était à son comble, l'atmosphère bien plus pesante qu'au début malgré que j'imaginai déjà très bien la réaction de ce dernier malgré les avertissements. Qu'est-ce qui l'atteignait franchement ? A ma connaissance rien, il était bien trop à l'ouest pour se rendre compte de quoi que ce soit, un esprit aussi machiavélique et fou allié que le sien ne laisse aucune place à la conscience.

" Ton offre, tu te la garde, je n'ai pas besoin d'un "clown" pour en finir avec lui."

Je n'avais aucunement peur de lui et une fois de plus je le prouva et qu'il vienne l'ouvrir, il comprendra bien assez vite ce que le mot souffrance veut dire.

Bane pourrait en faire qu'une bouchée du Joker, pourtant il se retenait, non pas par plaisir, mais parce qu'il avait autre chose de prévue pour lui. Oh oui, il ne l'appréciait aucunement, et ça sera comme ça jusqu'à sa mort, cependant en sachant qu'il est en guerre contre le Batman, le Joker pourrait servir au roi de Pena Duro à l'avenir et ça, le Joker ne s'y attendait pas, tout comme il ne s'attendait pas à sortir d'ici avec une petite visite surprise. Il ne doutait aucunement du fait qu'il ait réussit à briser le Batman de plusieurs autres façons, mais pas assez pour le mettre hors-jeu, était-ce ça dont il voulait ? Le briser une nouvelle fois et ce jusqu'à ce que l'un d'eux ne meurt ? Il n'y arrivera pas pour la simple et bonne raison qu'il est faible, qu'il n'a pas le courage d'en finir, que ça soit l'un ou l'autre. Fixant le Joker avec la plus grande des attentions, il détourna discrètement son regard vers ses sbires munis d'armes blanches, prêt à agir au cas où ça venait à dégénérer. Cette situation ne lui faisait pas peur, il était habitué et il pourrait en finir avec les sbires en moins de temps qu'il n'en faudrait.

Et comme à son habitude, le Joker laissa sous-entendre une menace. Envers lui ? Était-il sérieux dans sa démarche suicidaire ? Il oubliait que l'ancien membre de la ligue des ombres n'aurait aucun scrupule à en finir avec lui ? Il le savait imbus de sa personne, mais à ce point là çe devenait de l'ignorance total des conséquences. Il lâcha un léger et discret rictus tout en voyant ce dernier lui tourner le dos pour se diriger vers la porte de sortie. C'est exactement ce qu'il voulait. Mais à la seconde où il se retourna avec un flingue en main, il comprit où le clown voulait en venir. Ni une, ni deux, Bane se jeta derrière un abri pour se protéger des trois balles qui s'écrasèrent contre une caisse en bois, cette dernière explosant sous les impacts assez violents de l'arme. Il voulait jouer comme ça ? Bien. Bane déclencha le signal et c'est des coups de feux qui fut accueillis par le silence de plomb qui s'était installé entre temps.

" Fini la fête les clowns...posez vos armes immédiatement si vous ne voulez pas finir avec une balle entre les deux yeux."

Comme il s'y attendait, certains ne voulaient pas obéir, et c'est sans une once d'hésitation qu'une balle se logea dans le crane de ces derniers, deux sbires au sol, deux en moins alors qu'une explosion se fit ressentir, une grenade à priori et tout ça venant d'un battant en bois, la porte d'entrée. Détendu, Bane sortir de son abri alors que trois hommes pointèrent leurs armes en direction du Joker. A trop vouloir jouer avec le feu, on finit par se brûler.