Bang-bang!

Jonathan Mills & Floyd Lawton

Bang Bang!

18/09/2015

Une bagarre dégénère rapidement dans un bar, alors que Mirror et Deadshot boivent un verre incognito. Devant la vendetta lancée par les gansgters, les deux tarés se retrouvent à faire équipe ensemble pour se sortir de ce guêpier...

Boire pour faire passer la pilule, ce n'était pas mon truc. Je préfère boire pour le plaisir, celui de passer le temps en m'enivrant quelque peu, écoutant les ragots des ivrognes. Il m'était aussi arrivé de repérer des clients ainsi, apparaissant auprès d'eux dans la nuit sous ma combinaison pour proposer mes services. En échange d'une forte somme d'argent, évidemment. Il n'était pas encore venu le jour où Deadshot travaillerait bénévolement pour qui que ce soit, mais cette salope d'Amanda. J'avais besoin d'être libre pour agir et elle me l'offrait en échange de mes services, c'était du donnant- donnant.

Certes, j'avais une laisse des plus désagréables autour du cou sous la forme d'une saleté de puce capable de faire exploser ma tête, mais ce n'était que provisoire, normalement. Je plaisante, ne croyez pas un seul mot optimiste de ma part. Je savais pertinemment que j'étais destinée -pour Amanda- à lui servir de chien de chasse jusqu'à la fin de ma vie, mais c'était mieux que de finir dans une cellule. En fait, je ne comptais pas m'éterniser dans la suicide squad, mon but était de trouver à terme un moyen d'échapper à son emprise et de me barrer aussi loin que je le pourrais. C'était le plan, en très gros. Pour les détails, je n'avais pas encore assez d'éléments pour y penser.

Pour tout dire, j'espérais un jour avoir un éclair de génie au fond de mon verre plein de bière, c'était la boisson des dieux non? Ou n'est-ce que du mensonge, comme ce foutu monde de tarés? Faisant tourner mon verre à moitié rempli pour faire bouger circulairement une vague de liquide, je ne remarquai pas les hommes armés ni même ce qui allait se passer. Et pourtant, c'était l'endroit le plus propice à ce genre de conneries, surtout en ces temps troublés. Gotham était pourrie jusqu'à la moelle, les hommes qui entamèrent les hostilités le prouvèrent encore une fois. Malgré les tirs échangés et les hurlements, je ne bougeais pas, attendant simplement que les choses se calment. S'il fallait que je meurs pour avoir la paix, pourquoi pas? Malheureusement, il fallut que la seule balle qui fila sur moi ne touche mon verre et l'explose, répandant ma boisson alcoolisée.

"Là s'en est trop."

Je me levai pour me tourner, voyant les dégâts: une table retournée, des hommes au sol se vidant de leurs sangs, les vitres exposées, une partie du plafond écrasant l'un des assaillants. Et ce n'était pas finit, car on pouvait entendre d'ici les renforts arriver. Ne vous méprenez pas, ce n'était pas la police, mais bien le reste de la bande de tireurs à la gâchette facile. En forçant les yeux, je remarquai quelqu'un caché derrière la table, il était prêt à tirer sur tout ce qui entrerait. Je sentis plus que ne vis l'ennemi restant pointer son arme sur moi, sur le point d'appuyer sur la gâchette. J'attrapai alors l'une des bouteilles en verre éclatées et la lança vers son crâne comme un couteau de lancé, l'enfonçant d'un seul coup. Il tomba raide mort.

Je sortis ensuite deux guns semi- automatiques et allai me cacher à côté de l'autre.

"Tu peux m'expliquer ce qu'il se passe? J'ai l'impression d'avoir raté un épisode au moins."

En terme technique, je voulais qu'on me brief sur la situation, mais croyant avoir affaire à un civil, je préférais parler normalement. Il avait trente secondes pour tout me dire, avant qu'ils ne déboulent. J'avais pour plan de me casser en me frayant un chemin, même s'il devrait être pavé de cadavre. Avant cela, il me fallait savoir pourquoi ces imbéciles allaient mourir de mes mains.

C'est la guerre. Mon deuxième tir touche un des rails métalliques soutenant le faux-plafond du bar, oùm sont fixés des spots. Je tire au gros, du neuf millimètres, de l'ancienne munition. Infiniment moins efficace que les munitions les plus modernes qui se fragmentent, mais vachement plus de puissance d'arrêt. Le métal projette une gerbe d'étincelles et les dalles de contreplaqué structuré et coloré tombent sur un des types. Pas de quoi le rendre inopérant ni même assez pour le blesser, mais il faut dire tout de même que ça doit pas faire du bien de se manger ça. Il s'écroule sur le côté, se mangeant un coin de table en plein front. Raide assommé. Putain de putain, c'est bien la première fois que je neutralise un adversaire sans le fracasser directement. Un type se ramène sur le côté et observant la scène, envoie une bouteille en plein visage d'un des tireurs, le neutralisant à son tour. Je me tourne vers le type, un grand black a l'air costaud et aussi paumé que moi. Je hausse les sourcils quand je le vois tirer de je ne sais où deux pistolets automatiques, de quoi faire du vilain dans des espaces aussi clos. Pas de puissance d'arrêt, mais punaise, il avait un arsenal pour transformer en passoire tout ce qui entrerait, de quoi donner dans le sonore et le dégueulasse. Le type me rejoint dans ma planque improvisée et me demande ce qu'il se passe.

| Règlement de comptes, on dirait bien. Je crois que le batman s'est fait dessouder, mais les copains des deux qu'on vient de mettre par terre vont rappliquer pour voir ce qui cloche. Ca va donner du vilain. |

Je me dis que j'aurais peut être pas dû m'en mêler, mais maintenant c'est trop tard. Contemplant son armement en comparaison du mien, je ne peux pas m'empêcher de lâcher dans un hoquet :

| T'es un mec dangereux, toi! |

Deux nouveaux types entrent et arrosent au PM, touchant des civils au passage et fracassant le mobilier. Je tire à mon tour, répliquant avec vigueur devant cette intrusion bien violente. J'en touche un sur le côté du cou qui s'effondre.

| Si tu restes là avec ton attirail de guerre, les flics vont t'arrêter mec! |

Un règlement de compte? Rien que ça! Je pensais que Batman avait mit fin à ces sauvageries... Non, je rigole, ce gars ne vit que pour ce genre de connerie. Lui- même est un vengeur masqué, le jour où les vilains cesseront de foutre ce genre merde, il ira lui- même leur chercher des noises. C'était dans sa nature de héros. D'après ce que je voyais, mon allié savait manier une arme à feu comme aucun civil que j'ai vu, et j'avais du mal à croire que c'était en passant ses journées au stand de tir qu'il se serait perfectionné ainsi. De plus, il était beaucoup trop précis pour ne jamais avoir tué, j'avais affaire à un pro de chez pro. Comme moi. Je remarquai bien vite ses yeux scrutateurs sur mes armes, il finit par s'exclamer que j'étais dangereux. S'il savait à quel point!

"ça tombe bien, c'est une ville dangereuse!"

Juste à ce moment- là, deux hommes entrèrent. L'un tomba tué par mon acolyte, l'autre s'écroula au sol en hurlant, les genoux pétés par deux balles. J'évitais de tuer sans être payé. Le type qui s'était pris ma bouteille cassée dans la tête juste avant l'avait mérité: il avait gâché ma bière. La vengeance valait tout le fric du monde.

"T'en fais pas pour moi, je ne comptes pas n'éterniser dans le coin. Tu me suis?"

J'adorais les armes à feux en général, mais rien ne valait mes hands- guns et ils me manquaient cruellement. Pourtant, je devais me casser de là d'une façon ou d'une autre, alors je sortis de notre cachette en passant par dessus la table, tout en tirant vers deux idiots sur quatre qui avaient osé essayer d'entrer. J'atterris au sol accroupis, scrutant les alentours rapidement, avant de me diriger vers la sortie prudemment, mais rapidement. Dans ce genre de cas, c'était les assiégés qui étaient désavantagés, on était comme des rats dans un laboratoire en feu. Il fallait sortir avant d'être étouffé par leur surnombre. Je me plaçai contre le mur à côté de la porte, et tirai sur l'extérieur en direction de la voiture des ennemis pour les empêcher d'avancer, à l'aveugle, réfléchissant au moyen de sortir sans m'en prendre une dans la tête.

La bagarre devient général, et c'est Damas à Gotham City. Le carnage ambiant est absolu car absurde, ça tire de partout, le mobilier est repeint en rouge écarlate et les balles fusent et claquent, déchiquetant ou détruisant tout ce qu'elles rencontraient sur leur passage. L'heure est à la boucherie. Ce qui a fait de moi un si bon béret vert dans mes jeunes années n'était pas tant ma précision, que mon esprit tactique. Ok, je suis bourré. Ca ne m'empêche pas d'avoir déjà identifié les adversaires les plus dangereux, d'avoir estimé la cadence de feu ennemi, les portes de sorties et les civils qui peuvent être d'un certain secours et ceux qui ne le seront pas. Maintenant, vu l'alcool ingurgité, je me dois encore de continuer à analyser toutes ces informations pour en retirer quelque chose d'utile et croyez-moi, ce n'est pas encore gagné. Je pars d'un rire d'ivrogne, terriblement franc et sonore, comme la grosse brute que je suis, quand l'homme me dit qu'il est aussi dangereux que Gotham. C'était vrai. Paradoxalement, l'arrivée de « héros » et de tout leur bordel n'avait rien arrangé. Cela n'avait fait que remettre une pièce dans la machine. Le monde devenait fou. Et il y avait encore plein de monde à crever.

| Plus encore maintenant qu'on se défend bec et ongles, mon pote. |

Je le jauge un instant du regard alors qu'on vient d'éliminer deux types de plus, des hommes de main qui n'ont pas d'expérience militaire et qui ne font pas le poids. Ce qui me fait renouveler mes interrogations à propos de mon acolyte. Il a forcément un passé dans l'armée, une branche ou une autre. Pas un béret vert, je ne pense pas. IL a l'air d'avoir peu ou prou mon âge et je les connaissais tous de visu, pendant ma période là bas. Un Sharpshooter ? Un Navy Seal ? Je n'en savais rien, mais un crack. J'hoche la tête en essayant de me concentrer.

| Ouvre la route, mon gars, je te couvre. |

A la manière des groupes d'intervention, en lui collant au cul et en veillant sur l'angle qu'il ne pouvait surveiller lui-même, traditionnellement la gauche. Arrivé à la porte d'entrée, il échange quelques coups de feu avec les mecs de dehors. Je lui fais signe de la main que je passerai par derrière pendant qu'il les occupait devant. Echange de signes de tête, je pars vers l'arrière de la boutique alors que les balles tirées du dehors frappent le plafond et le mobilier. Je prends la porte de service et contourne la ruelle... J'ai une vue dégagée sur les types derrière la bagnole noire. Je me dénoue les épaules, inspire... Et tire. Ils s'effondrent, terrassés par mes coups de feu et ceux de mon coéquipier qui les arrosait. Je me rapproche de leurs corps et leur met une balle dans la tête, juste pour être sûr. Signe de la main à mon coéquipier improvisé.

Juste au moment ou deux autres 4x4 déboulent.

Et au loin, les sirènes de police retentissent dans la nuit. La situation commence à craindre un max...

Je compris son signe, il passait par derrière. Oh là là là! Pas mauvais du tout, il connaissait son boulot, ce gars. Pourtant, il avait l'air bourré comme il le fallait... En fait, il n'agissait plus que par instinct, je le sentais. C'était plaisant d'être pour une fois en compagnie d'un soldat compétent, pas comme ces imbéciles du Suicide Squad sortis de nulle part, ne sachant jamais quoi faire en situation de crise. Il était rare dans mon milieu de travailler avec de vrais professionnels, d'où mon habituelle solitude durant mes travaux. Enfin, ça c'était avant que je ne devienne le chien d'Amanda, devant bosser avec ce qu'elle me mettait dans les bras. Sinon... BOUM, plus de tête et donc, plus de vie. Bref, je canarde tout ce qui bouge avec plaisir, sachant qu'on me couvrait et que l'autre semblait avoir un plan.

"Vraiment génial! Je vous adore les gars, continuez! Et j'adore ce que vous faîtes!"

Ce fut ce qu'ils firent: me tirer dessus sans arrêt, à part pour recharger. C'était alors à moi tir de tirer jusqu'à décharger l'une de mes armes. Pourquoi étais- je aussi imprudent, me demandera -t- on? Le seul fait de savoir que j'étais un psychopathe devrait suffire, cependant, il y avait bien une raison valable même pour le commun des mortels: je savais jauger un tireur dès le moment où il tenait une arme entre les mains. De plus, je pouvais deviner où les balles iraient avant même qu'il n’appuie sur la détente, en regardant seulement les yeux ou la manière dont leurs corps étaient positionnés. C'était l'une des choses qui faisaient de moi le plus grand tireur d'élite du monde. Je lisais facilement un autre tireur.

Ainsi, je les agaçais à apparaître et disparaître comme un lapin, sans être touché, alors que les balles semblaient me traverser. Je n'avais pas besoin de les esquiver, juste de savoir quand me cacher. D'un coup, des bruits de coup de feux reconnaissables eurent lieu un peu plus loin, puis plus rien, les ennemis étaient morts. Je levai le pouce bien haut pour que mon allié le voit, avant de sortir du bar avec prudence. Je voulais le féliciter de vive voix, mais il était trop loin et je n'avais pas envie d'alerter quiconque en criant. Juste au moment où je décidais de le rejoindre, deux autres 4x4 débarquent en trombe, dérapant.

Je courus vers le véhicule le plus proche en tirant sur les adversaires sortant de mon côté, ils tombèrent comme des mouches. Je glissais sur le capot pour me retrouver de l'autre côté et éliminai le reste d'une balle à la tête chacun. Il n'y avait pas que mon nouveau compagnon qui aurait le droit à des headshots! Il fallait faire vite, j'entendais déjà les sirènes des flics. J'entrai du côté conducteur et démarrai pour aller chercher mon allié, m'arrêtant à côté de lui. La porte passager était encore ouverte, les tirs des ennemis restants ricochaient contre l'arrière du véhicule et sa vitre, mais pour combien de temps?

"Allez! Entre! A moins que tu veuilles attendre tes amis là derrière, je suis sûr qu'ils auraient beaucoup de chose à te dire!"

Je n'attendis que cinq secondes après ma réplique avant de repartir, avec ou sans lui, accélérant. Évidemment, les assaillants n'hésitèrent pas à prendre en chasse leur ancien 4x4.

Je me rends compte, un peu comme un témoin extérieur, que je ne tiens carrément pas debout. C'est assez facile en fait, de se jeter dans la violence sans plus avoir la plus petite conscience de ce qui peut nous arriver. Enfin, si, la conscience je l'ai. Je sais ce que ça fait une balle en frappant un type, je sais aussi la douleur que l'on ressent. Mais j'ignore, je musèle. On s'en fiche. Je contourne la cible pour mieux l'attaquer par le flanc. On ne fait pas dans la dentelle quand on se tire dessus d'aussi près mais franchement, qui ça intéresse vraiment de voir des types peu recommandables transformés en steaks ? Personne. Ça ne fera qu'alimenter la rubrique nécrologique, vous pouvez en être certains. Quelques mots au journal de demain midi, de demain soir et basta. Du sang, il y en a jusqu'aux étoiles. Alors un peu plus un peu moins. La fusillade demeure toujours aussi intense face au bar, tandis que j'arrive à destination et que je me laisser aller à la boucherie ambiante par quelques tirs bien placés. Des PAN sonore et des claquements tout aussi brutaux quand les mecs se font démolir, et tout se termine assez vite. Je reprends mon souffle alors que je constate quel ouvrage de mort nous est tombé sur les bras en cours de soirée.

| Eh ben mon colon, si je finis pas en taule ou en enfer après une danse comme celle-là... |

J'avais murmuré ces mots à ma seule destination quand le type commençait à me rejoindre mais bam, nouvelle péripétie des véhicules se pointent. Les portières s'ouvrent et le mec est déjà en train de défourailler comme un furieux. Des mecs s'écroulent et je me planque à couvert par pur réflexe, au moment où il me rejoint finalement en roulant sur le capot pour tomber de mon côté de la carlingue. En le suivant, je me protège bêtement mais j'ai une excuse, je suis bourré, en levant mon bras libre devant mon visage. Je rentre dans la caisse à mon tour et les tirs transpercent aisément la taule de merde qu'ils mettent de nos jours sur les bagnoles, ça claque, ça grince et ça piaule dans tous les sens.

| Roule roule roule roule! | criais-je, effaré devant la puissance de feu déployée contre nous.

"Oh oui je vais rouler mon beau, mais vas falloir se la jouer travail d'équipe: tu dégommes et je conduis! Et si on s'en sort vivant, tu me payes une bière pour remplacer celle détruite par tes potes cows-boys! Derrière il doit y avoir des MPs chargés, sers- toi."

Je cabrai sur la droite en remarquant que ce serait plus simple de les semer dans cette partie de la ville. En effet, il y avait là plus d'immeubles, de route serrées aux nombreux tournants. Pendant que mon acolyte du moment tirait (ou se curait le nez, ça dépend s'il voulait vivre ou mourir) je faisais des slaloms avec le véhicules pour déstabiliser nos poursuivants sur les lignes lignes droites et faire en sorte que leurs tirs se perdent en majorité. J'espérais cependant que ce ne serait pas le cas de mon tireur, ce serait dommage de louper une occasion d'en tuer quelques uns pendant qu'on le pouvait encore.

Heureusement, je n'entendais plus du tout les sirènes de police, dans GTA c'était l'équivalent d'avoir une seule étoile. Pour la faire totalement disparaître, il allait falloir distancer nos poursuivants, pour enfin quitter ce foutu 4x4 et disparaître dans la nature. Puisqu'il n'était ni à moi ni à lui, il n'y aurait aucune chance que les flics fassent le lien avec nous. Quant aux témoins, ils ne parleraient pas, ce n'était pas la politique de Est End. Dans ce genre d'endroit, si on te reconnaissait comme un mouchard, tu étais fini et dans le sens le plus horrible qui soit.

De nouveau, je tournai dans une rue moins large que la précédente, au dernier moment. Le véhicule faillit faire un tonneau, on pouvait sentir les roues sur le flanc droit se soulever légèrement. Je serrai les dents en priant le dieu des guns de retenir ce 4x4. Un coup d'oeil dans le rétroviseur m'appris qu'ils nous collaient toujours aux fesses. Le temps jouait contre nous, le plan n'allait pas marcher, la police n'allait pas tarder à apprendre que des fous furieux poursuivent d'autres fous furieux. Il fallait trouver une autre façon de gérer... Mes yeux tombèrent sur un plan de secours, un sourire diabolique étira mes lèvres.

"Accroche- toi mon pote, ça va légèrement secouer!"

Je fonçai droit dans la vitrine d'un centre commercial, continuant ma route jusqu'à un magasin dans lequel j'entrai à toute vitesse. C'était totalement extrême, mais de rigueur au vue des circonstances. La voiture s'encastra dans un mur, mais nous pouvions sortir.

"Dépêche, on a plus beaucoup de temps, on doit se perdre dans la masse avant qu'ils n'arrivent... Faire profil bas"

Je titubais en sortant, poussant la porte à moitié coincée avec mal.

Le type me répond en me faisant froncer les sourcils. Mon quoi ? J'ai bien entendu ? Bizarrement, dans mon état d'ébriété, entendre un truc aussi what the fuck me fait juste bêtement rire, mais qu'importe. Dans la situation qui est la nôtre, ça vaut mieux que se tirer une balle dans le pied pas vrai ? Je le laisse donc accélérer parce qu'il faut pas dire, mais c'est un peu la dèche niveau sécurité là, on est carrément exposés sur ce boulevard de merde ! Il faut qu'on se montre prudent si on veut survivre, mais aussi qu'on se dépêche d'avancer bien comme il faut. Surtout, ne pas se retrouver acculés dans un cul de sac, parce que l'affaire tournerait carrément au drame, vous pouvez me croire. Quoiqu'il en soit, je mets un tout petit temps à comprendre ce qu'il dit et je me redresse sur le siège pour basculer.

| Ok, c'est parti faisons ça. Pour la bière, on verra si on fuit pas de partout d'ici là parce que ces connards ont vraiment l'air de nous en vouloir, et ça c'est ta faute, espèce de brute. |

Je finis par me tourner sur le côté et cherche les équipements plus lourds de ces malfrats alors que j'étais déjà quasiment tombé à court de munitions avec mon propre flingue. Je me rendais bien compte que les choses ne pouvaient pas durer trop longtemps parce qu'au delà du danger immédiat qui nous menaçait, car les flics allaient bientôt nous prendre en chasse. Caméras de sécurité, hélicoptères, voitures, motos, la totale. Pas forcément pour nous appréhender nous mais pour faire cesser le carnage. Je finis par lâcher un petit cri de satisfaction en me saisissant d'un flingue qui ressemblait assez fort à un vieux MP5, mais je m'en fichais. Chargeur enclenché, je tirais sur le levier d'armement pour me hisser par le côté de la fenêtre, le cul sur le rebord. J'alignais mes cibles et leur distribuait mes dragées en quantité, faisant péter carosserie et pare-brises, mais dans l'obscurité des véhicules, difficile de dire si j'avais touché quoi que ce soit. Je pousse un cri de surprise quand le véhicule décolle à moitié sur le côté et pousse un juron sonore quand il me dit de m'accrocher. Je rentre dans le véhicule et serre les dents, tenant la poignée supérieure de la porte avant l'impact. Choc. Encore un. Nous percutons des verrières puis un mur et je me mange le tableau de bord, heureusement sans rien m'ouvrir ni me casser. Par réflexe, j'ouvre la portière et tombe à côté du véhicule. Je me redresse, des fleurs de sang plein les yeux. J'inspirais profondément. Je dégrisais vite, avec tous ces chocs. Et mon acuité tactique reprenait le dessus. Je secoue la tête et indique une direction.

| Ok. Escalier de service, surtout pas le parking ni les entrées. J'ouvrirai la porte et niquerai les fils de la caméra, elles ne protègent souvent que l'extérieur. En route, vite! |

Je titube et grogne dans ma barbe en me rendant compte des douleurs que j'ai un peu partout, et de la nausée qui monte. Je m'exécute, ouvrant la porte réservée à la sortie des déchets, un sorte de sas, et tire sur les cables. On saura par où on est passé, mais pas qui se trouvait là. Aprè-s quelques pas dehors, je me laisse glisser un instant contre un mur, avant de relever les yeux vers mon camarade.

| Eh ben toi alors. Non mais c'était quoi ce bordel? |

Le gars semblait avoir une idée sur la marche à suivre pour la suite, je me laissais donc guider assez gentiment. En même temps, j'étais dans un trop sale état pour penser correctement ou même protester. Je le vis montrer les escaliers de services avec une expression perplexe sur le visage, avant de lui emboîter le pas. Ces acouphènes dans ma tête me donnaient une migraines atroces, j'avais l'impression d'avoir la gueule de bois.

Une fois dehors, mon acolyte du moment se laissa tomber cul par terre après avoir glissé contre un mur. J'étais légèrement nerveux à l'idée de nous arrêter aussi près de l'accident volontaire, mais on dirait que la zone qu'on squattait était vide. Je soufflai un bon coup, réveillant au passage quelques douleurs abdominaux des plus gênantes. Je faillis en avoir le souffle coupé tellement elles etaient intenses. J'entendis alors le gars me reprocher à peine la merde dans laquelle on s'était fourrée. Une grimace de désapprobation apparut sur mon visage, mais je préférai me la jouer cool.

"Haha mieux qu'un épisode de Fast and furious hein? Franchement, je m'attendais pas à finir par devoir semer des trouducs armés juste pour une bière."

Je soupirai en essuyant mon front perlant de sueurs. Non, je ne m'attendais vraiment pas à ça. J'avais l'impression que tous mes muscles etaient déchirés, que mes os etaient en miettes. Et en même temps, c'était bon d'être vivant, et grâce à ce gars. Notre travail d'équipe avait fonctionné, je n'arrivais toujours pas à y croire. Si seulement il y avait la moitié d'un type comme lui à la Suicide Squad, tout roulerait comme sur des roulettes.

"Je te propose de pas traîner dans le coin, je connais un endroit où on pourra se réfugier un moment et nous remettre d'aplomb."

J'avais un sourire mystérieux en lui tendant la main pour le relever. Une fois qu'il fut debout, je pris la direction d'un hôtel luxueux et y entrai avec assurance. A l'accueil, on me reconnu immédiatement, j'avais l'habitude d'utiliser cet endroit comme planque quand je devais bosser à Gotham. Il n'était pas question que je prépare mes assassinats depuis chez moi, et qui viendrait trouver Deadshot dans un endroit pareil? L'hôtel était aussi connu pour sa discrétion, notamment de la part des employés. C'était un havre de paix.

Une fois avoir pris une chambre, je demandais le service spécial que je ne prenais d'habitude jamais. Puis, avec le passe de ma chambre, j'emmenais mon nouvel acolyte en haut.

"Tu vas voir, c'est plutôt pas mal pour passez le temps."

Je jubilais presque. Il devait être impressionné, j'adorais impressionner.

La situation est tout de même sacrément complexe, vous ne le nierez pas. Ca semble simple quand on déchiquette tout à la sulfateuse et qu'on arrose les méchants de dragées mortelles, qu'on casse tout avec un bolide et qu'on s'enfuit dans la nuit en laissant tout et tout le monde en plan. Il faut en chier pour survivre, mais après il faut aussi être capable d'en assumer les conséquences. Pas toujours facile, tout le monde en conviendra. Les flics allaient probablement retourner toute la scène de crime, prélever l'ADN sur nos verres, sur les débris, dans le véhicule. Je ne savais pas à quoi cela renverrait dans le cas de mon compagnon de crime improvisé, mais je savais très bien que ça allait renvoyer sur rien du tout en ce qui me concernait. Ce qui leur mettrait la puce à l'oreille, plutôt deux fois qu'une. Et mes employeurs seraient au courant. Entre 24 et 48 heures plus tard, sans doute. Je pouvais peut-être essayer de m'en tirer, mais j'envisageais d'autres options. Si seulement j'avais les idées un peu plus claires, là en ce moment... Le type à mes côtés semble aussi haletant que moi et il profite de notre petite "pause" pour reprendre son souffle à son tour. Le type prend assez bien mes remontrances. J'esquisse un sourire, l'ivrogne est toujours largement présent après tout.

| Tu l'as dit. J'ai l'impression que les emmerdes me poursuivent en ce moment. |

Entre ça et le reste franchement, j'étais plutôt vernis, vous pouviez me croire! Quoiqu'il en soit, je comprenais vaguement la référence même si je n'avais jamais vu ces films. Bolides, nanas à moitié à poils et flingues... Merci mais ça me rappelait le boulot, par moments. Je continue de reprendre ma respiration à un rythme un peu plus normal alors que finalement, le bruit des flics qui arrive emplit l'atmosphère. J'acquiesce à la proposition de mon partenaire de circonstances et lui emboîte le pas une fois relevé. Je m'attendais en fait à beaucoup de choses, mais peut être pas à ça. Hôtel grand luxe, la chambre à un paquet de billets par nuit. Je ne me laisse pas prendre à contrepied, même si je ne savais pas grand chose de l'homme. Entrant dans la chambre, je note qu'il semble attendre à ce que je sois impressionné. Je le suis, au fond. Mais surtout, je réfléchis à qui il est.[/i]

| Ok, alors tu picoles dans des bouges mal famés, tu conduis comme un dératé, comme si t'étais habitué à conduire des semi-blindés. Tu tires bien et t'as des réflexes. Et tu peux te payer ce genre d'endroit. Je m'avance de beaucoup si je pense que tu dois galérer à déclarer ton activité aux impôts? |