Je me redresse, me tend vers l'obscurité et ses ténèbres. Mes poings sont serrés, prêts à se battre. Gantés de cuir renforcé de kevlar sur les jointures, pour cogner fort sans nuire à ma vitesse d'impact. Treillis noir, veste noire, pare-balles noir et protections des genoux et des coudes tout aussi noirs. Tenue basique d'intervention de nuit de toutes les forces d'intervention du monde. Sauf que j'ai la capuche de ma veste tirée sur ma tête pour en masquer les traits, et que je porte mon masque de verre blindé, trois lamelles renvoyant les reflets comme le verre avec deux trous faits mains au travers pour me permettre de voir. Le masque est renforcé d'acier. Il est lourd, mais très résistant depuis que je l'ai arrangé après les errements du début. C'est la seule chose qui puisse être véritable visible, voire trahir ma position s'il y a des lumières allumées par les reflets que le masque renvoie. C'est la seule concession que j'ai accordée à mon costume de « justicier ». Il me semble voir une silhouette dans l'ombre. Quelque chose, oui. Danger. Je l'ai déjà percuté. Pour l'instant, j'attends et je vois. Malgré ma vision ambiguë et faussée de la justice je ne tue pas ceux que j'identifie comme innocents ou tiers à ma croisade personnelle. Cette personne là ne m'a encore rien fait, mais ça peut venir. Quiconque se cache comme ça dans les ténèbres n'est pas totalement innocent ou anodin. La menace se fait plus prégnante. Elle se rapproche, mais je ne vois que les contours de sa silhouette quand elle se rapproche du champ de la lampe de bureau de ma victime, mais sans y entrer tout à fait.


A sa voix comme à sa démarche, je sais qu'il s'agit d'une femme. Sa voix est suave, sensuelle, mais j'y sens de l'intelligence, beaucoup de vivacité d'esprit. L'humour et l'ironie sont la marque des personnes les plus vives qui soient, et donc des plus dangereuses. Le danger se confirme quand elle me dit qu'elle ne peut pas laisser partir. Le plus étrange est qu'elle semble s'amuser de la situation, sans pour autant s'émouvoir du meurtre qui vient d'être commis sous ses yeux. Sous mon masque, je fronce les sourcils. Une sociopathe, qui s'assume ou qui s'ignore peu importe, mais une sociopathe quand même. Plus dangereuse encore que je ne le pensais. La voilà qui marche dans ma direction. Toute vêtue de cuir sombre, masque sous les yeux, maquillage soulignant sa féminité dont on ne pourrait de toute façon pas douter au vu de sa démarche, féline et sensuelle. Je ne me laisse pourtant pas distraire ; je n'ai pas le goût à m'intéresser aux femmes depuis que j'ai vu la mienne le crâne fracassé au travers du pare-brises de notre voiture. Tout est bien trop douloureux et cela ne fait que renforcer ma résolution. Mes gants crissent lorsque je serre les poings. La jeune femme, que mon instinct ne me souffle pas être une héroïne, se pose non loin de moi en me défiant. Je tire ma capuche en arrière, lui montre mon masque de verre dans lequel elle ne peut voir que son propre reflet et mes yeux verts presque gris.


| Pourquoi vouloir voir le visage d'un fantôme ? Cela n'apporterait rien. Ce qui est fait ne peut être changé. |


Je m'approche légèrement ; je sens que si confrontation il doit y avoir je dois jouer sur mon ascendant physique car son corps semble, à cause de sa démarche, plus souple et plus agile que le mien. Je suis rapide, et dans les forces spéciales on est plutôt bon au close-combat. Ce qui permet d'identifier les forces et faiblesses. Je suis probablement plus fort, rapide et costaud. Je dois me battre de près, pour éviter de prendre des coups ou des prises qu'elle saurait placer grâce à son agilité. Je me poste donc face à elle, frôlant presque son corps de ma tenue noire.


| Je ne suis pas venu pour vous. Et vous avez l'air de bien vous ficher de ce qui est arrivé à ce type. Vous faisiez quoi, ici ? Vous le voliez, non ? Ou alors, je vous ai damé le pion de votre contrat sur sa tête... Quoiqu'il en soit, je suis certain que vous ne voulez vraiment pas d'une confrontation ici et maintenant. Vous êtes sûre de vouloir vous battre contre quelqu'un qui n'a rien à perdre ? Laissez moi sortir d'ici sans vous y opposer, et vous pourrez repartir avec votre butin, quel qu'il soit. |