Comment m'avait-il retrouvé ? Pourquoi ? Qu'avais-je bien pu faire aux divinités de ce monde pour que le sort s'acharne autant sur moi ? Ces questions ne cessaient de me hanter depuis ma fuite. J'avais quitté quelques semaines plus tôt Gotham City pour l'inconnu. Mon père m'avait retrouvé là-bas et Central City me semblait la ville idéale pour disparaître un certain temps avant de m'installer ailleurs. Malheureusement, l'accélérateur de particules avait explosé à Star Labs et j'étais devenue une pseudo apprentie hydrokinésiste. Ce pouvoir pouvait avoir des avantages si jamais j'arrivais enfin à devenir une justice. Mais, il possédait également de nombreux inconvénients. J'allais devoir rester plus longtemps que prévu ici. Mon apprentissage de la maîtrise de l'eau ne faisait que commencer et il était indéniable que j'avais du boulot.

Je me massais la nuque avant de fermer les yeux et de me laisser complètement choir dans mon fauteuil. Je venais de passer la journée enfermée dans ma chambre d'hôtel à éplucher des annonces immobilières sur mon ordinateur. J'étouffais soudainement. Il fallait que je prenne l'air. La moquette verdâtre et les murs jaunes criards me donnaient mal à la tête. Le seul hôtel convenable de Central avait littéralement ou presque volé en éclat. Je m'en souvenais clairement puisque je me trouvais dans leur piscine intérieure quand l'explosion avait eu lieu. C'était à cet instant que je m 'étais noyée avant de revenir à moi. Rien qu'à l'évocation de ce souvenir, je frissonnais. Suite à ça, on m'avait relogé dans un petit motel. Je n'étais pas difficile, je ne l'avais jamais été. Cependant, la décoration et surtout le choix des couleurs laissait à désirer. Je me trouvais à cran, perdue et je sentais que mes nerfs commençaient à lâcher.

Mon rêve était à portée de main, je m'apprêtais à être une justicière. Je commençais à prendre mes marques à Gotham et à me faire des amis. Mais non ! Il avait fallu que tout soit gâché par mon père. Fuir, encore et toujours ! Je n'en pouvais plus. Je pris une grande bouffée d'oxygène puis éteignis mon ordinateur. Vêtue d'un simple short noir et d'un débardeur rose, je m'emparais dans ma valise d'un jean ainsi que d'un sweat gris avant de m'habiller. Je m'attachais ensuite rapidement les cheveux en chignon, mis mes baskets et sortis de la pièce. Le couloir était désert. Le sol et les murs étaient une copie conforme de ma chambre. Étant au deuxième étage, je pris les escaliers et dévalais les marches quatre par quatre.

J'atteignis rapidement l'extérieur où une brise légère soufflait. L'air frais me fit du bien. A côté de l'hôtel se situait un parc où je choisis de me promener. Le ciel prenait une teinte orangée, le soleil n'allait pas tarder de se coucher. Une famille occupait l'aire de jeux et je ne pus m'empêcher de sourire mélancoliquement. J'aurais tellement aimé en avoir une... L'espace vert était assez petite avec quelques arbres de-ci de-là, du gazon partout et un sentier caillouteux qui permettait de circuler sans abîmer l'herbe. C'est pourquoi, je revins promptement à l'entrée du parc. Mon ventre se mit soudainement à gargouiller, je commençais à avoir faim. Je retournais dans ma chambre puis appelais le service d'étage. Mon repas arriva quelques secondes plus tard. J'avalais mes lasagnes fumantes avant de m'attaquer au dessert. Un fondant au chocolat. Hmm. La nourriture était délicieuse, je ne pouvais le nier. Une fois le tout engloutis, je pris ma douche et me mis en pyjama. Je me glissais ensuite sous la couette. J'avais repris les cours il y avait peu et j'étais à jour dans mes devoirs. Je m'octroyais donc une soirée détente devant la télévision. Je zappais les chaînes jusqu'à tomber sur un concours télévisé de danse. Vers la fin, j'eus un petit creux et cédant à la tentation je commandais un sandwich. Il était plus gros que ce à quoi je m'attendais et je choisis d'en garder la moitié pour le lendemain.  Quand l'émission se termina, mes yeux commençaient à se fermer tout seul. Ne voulant pas lutter contre le sommeil, j'éteignis l'appareil et m'endormis.

Brusquement, j'ouvris les yeux. Quelqu'un venait de pénétrer dans la pièce. Il se trouvait à présent dans la salle de bain. Je me levais doucement avant de m'emparer de mon taser que je gardais toujours à portée de main. Est-ce que mon père m'avait retrouvé une nouvelle fois ? Impossible. Il n'aurait pas procédé de cette façon. Qui était-ce ? Pour en avoir le cœur net, il n'y avait qu'une seule solution. Je tournais lentement la poignée puis rentrais dans la salle et allumais la lumière. Je sentis une lame quelques secondes sous mon cou avant qu'un homme ne la baisse. Je l'observais dans le miroir. Il avait tout d'un vagabond. Vêtue pauvrement, ses cheveux étaient sales et sa barbe hirsute. Visiblement, il n'avait pas pris de douche ni ne s'était changé depuis un moment. Je connaissais ce genre d'individus, j'avais vécu parmi eux. Ils n'étaient pas bien méchants, cependant celui-ci avait une arme. Je resserrais ma prise autour de mon taser et demandais méfiante :

« Mais enfin qui êtes-vous et que faîtes-vous ici ? Je vous préviens si vous tentez une nouvelle fois de me mettre un couteau sous la gorge, je n'hésiterais pas à utiliser ceci, menaçais-je en montrant mon arme. »

Je le fixais, attendant qu'il ne daigne s'expliquer.