[TERMINÉ] Règne de terreur [PV: Thea Queen]

Thea Queen & Floyd Lawton

Règne de terreur

Vendredi 11 septembre 2015

Un autre comte Vertigo a fait son apparition, plongeant les Glades dans un autre règne de terreur. Floyd s'y rend avec l'autorisation d'Amanda Waller pour s'assurer que sa fille va bien, rencontrant Thea Queen lors d'une attaque de masse des hommes de mains de Vertigo.

Bon, je dois avoir un sérieux grain là. Comme si une mésaventure ne suffisait pas, ne m'avait pas calmée, je me retrouve une nouvelle fois en pleine nuit, à me balader au milieu des Glades. J'ai même pas l'excuse de dire que je sors du club, ce soir je me suis auto-accordé une soirée de libre. Beaucoup trop d'informations à digérer avec ce qui s'est passé ces derniers jours, surtout mon tête à tête avec Oliver. Et, au lieu de me balader dans un joli petit parc tout mignon avec une fontaine, des bancs, des trucs chouettes quoi, j'ai conduit jusqu'au club sans même m'en rendre compte. Alors, comme je ne voulais pas y mettre les pieds, j'ai commencé à me balader dans le quartier. Ce coin toujours aussi mal famé, même si certains bourges du coin aiment bien venir s'encanailler ici la nuit venue.

Les Glades sont aussi calmes que possible. On entend des crissements de pneus au loin, quelques cris de temps en temps, rien de bien inhabituel. Je me rends compte que je ne sursaute même plus en entendant tout ça, je me demande si c'est une bonne ou une mauvaise chose en fait. Après mon entrainement avec Malcolm, je me suis décidée à sortir armée, enfin si on peut appeler ça comme ça en fait.
Il s'agit juste d'un petit poignard dont je sens la lame contre mon mollet à chacun des pas que je fais. C'est marrant, ça a un coté rassurant sans bien que j'arrive à saisir pourquoi. Parce que bon, si un mec me braque ou un truc dans le même genre, peu probable que j'ai vraiment le temps de m'en servir. Mais on sait jamais non ?

J'entends alors un boucan d'enfer. Visiblement, y a un tas de monde par là-bas, je vais peut-être m'abstenir d'aller par-là bas, je me sens pas l'âme d'une bonne samaritaine ce soir et j'ai pas envie que la situation ne dérape une fois de plus. Alors, alors que le bruit se rapproche, je m'apprête à faire demi-tour, calculant le temps qu'il me faudra pour retrouver ma voiture.

Mais, avant que j'ai le temps de sauver ma peau, je vois un mec se planter au beau milieu de la route, armé jusqu'aux dents et clamer je sais pas quoi haut et fort. Je sais pas trop s'il s'adresse à moi, s'il parle tout seul ou, pire encore à des amis imaginaires. Je lâche alors, sans pouvoir m'en empêcher, passablement perplexe.

"Mais qu'est ce que c'est que ce bordel ?"

C'est le moment où le 4x4 décide d'entrer en scène. Je me plaque contre le mur, dans un réflexe bien trouvé pour le coup et mon regard ne peut s'empêcher de fixer la scène totalement surréaliste. On est dans un film ou quoi ? Je vois le gars bondir sur la voiture, pire qu'un ninja ou un truc dans le genre et continuer comme si de rien était alors qu'un tas de mecs apparaissent de je ne sais où. De la voiture ? Pas possible, on peut pas stocker 20 personnes comme ça aussi facilement non ?

Là, comme ça, je repense à la blague des quatre éléphants dans une voiture et j'ai un fou rire nerveux alors que j'arrive toujours pas à me décoller de ce fichu mur. Pendant ce temps-là, le mec… des mitraillettes ? C'est quoi ce truc ? Je m'y connais pas en armes à feu.
Donnez-moi une épée, un sabre, ça, je maitrise, mais là je suis totalement à coté de la plaque. Je me baisse pourtant, attrapant mon poignard et le serrant entre mes deux mains, comme pour me rassurer.

Bizarrement c'est mon immobilité totale qui doit capter l'attention de certains d'entre eux qui décident qu'il sera plus facile de s'attaquer à moi qu'à un mec armé jusqu'aux dents. Ils n'ont pas tout à fait tort mais ça va quand même pas le faire du tout.

Le pire dans tout ça, c'est qu'il n'y a pas de flics, pas de badauds, comme si tout le monde s'efforçait de faire comme s'il ne se passait rien.

Mais... il chante ou c'est moi ?

Cette ville craint, c'est définitif.

"Les hommes... Suffit qu'une fille canon apparaisse pour laisser les potes seuls."

Après avoir tué un homme qui venait de me mettre un coup de bâton électrique totalement inutile, puisque j'étais dans une combinaison étanche, je fonçai vers la jeune fille à toute vitesse, me frayant un chemin comme un rhinocéros au milieu de la mer. Ou Moïse, mais sans le bâton ni la barbe d'un an. Je ne fis rien d'autre que les pousser en utilisant ma force brute, en faisant tomber certains. C'était l'effet de surprise en particulier qui me permit d'arriver auprès de leur cible en premier et de lui faire dos, pour leur faire face à tous. Les bras légèrement écartés comme au football américain juste avant un placage, j'attendis que l'un d'eux ait l'audace de me défier.

"Joli couteau de cuisine jeune fille, tu comptes leur apprendre à éplucher des pommes de terre pour gagner leur amitié?"

L'un des hommes de main de Vertigo ne tarda pas à foncer sur moi en hurlant, me tombant dessus comme un fauve. Je lui collai une balle en pleine tête qui le fit s'écrouler sans bruit à mes pieds, quand je remarquai trop tard deux autres hommes faire comme leur copain mort. Ce dernier n'était en fait qu'une diversion, ils parvinrent à ma plaquer contre le mur à eux deux, chacun tenant un de mes bras. Sauf que... le mur semblait vraiment très doux pour de la brique, à moins que je n'eus légèrement oublié qu'il y avait entre moi et le mur la jeune fille ciblée.

"Désolé ma grande, je ne te fais pas mal j'espère?"

C'était à la fois sincère et totalement ironique, parce que je suis comme ça. Même si j'étais en train de l'écraser, je ne pouvais m'empêcher d'être amusé, comme si sa souffrance était totalement méritée, alors que pas du tout. Je crois. En tout cas, je me dégageai vite fait pour ne pas définitivement l'aplatir comme une crêpe, afin de saisir l'arrière des crânes de mes assaillants et éclater leurs faces contre le mur avec force. Le sang éclaboussa les briques, créant deux jolies tâches de sang. Évidemment, la fille juste à côté se retrouva le visage à moitié colorié de rouge.

"Sérieusement, tu me gênes alors je vais te faire un passage jusqu'au 4x4 et tu te barres! C'est non- négociable, ton père doit être aussi irresponsable que moi pour te laisser traîner ici en pleine nuit par les temps qui courent!"

Bah oui quoi, si on ne pouvait plus bosser tranquille, où allait le monde? Aussitôt dit, aussitôt fait: je canardais les adversaires pour ouvrir un passage, certains tombaient et d'autres s'écartaient loin simplement. Soudain, je le vis, ce gars qui tenait un lance-roquette, pointer vers moi.

"C'est une blague?"

Sans attendre, je suivis le chemin que j'avais tracé pour la fille, ne me gênant pas pour descendre ceux qui osaient revenir, et entra dans le véhicule. Je me retrouvai assis du côté passager.

"Et merde!"

Il parait que dans un autre monde, y a des gens qui ont une vie normale. De celles où on passe une super journée, où on rentre et qu'on profite d'une soirée en famille bien méritée après avoir trimé pendant des heures dans un bureau. Une vie qui pourrait sembler ennuyeuse mais qui là, de suite, me conviendrait tout à fait.

C'est probablement le fait de voir arriver devant moi des mecs qui semblent avoir, au mieux de me tuer, au pire de me faire un tas de trucs interdits aux mineurs qui me doit donner envie d'avoir comme seul problème de choisir le programme télé du soir. Mis à part prendre mon couteau entre les mains, je vois pas trop quoi faire d'autre et je dois avoir l'air particulièrement intelligente quand le type fend la foule pour me rejoindre avant de lâcher je sais pas quoi, l'air visiblement ravi d'être là. Sérieusement ?

"Hein quoi ?"

Je serre mon couteau encore plus fort entre mes mains comme si ça pouvait servir à quelque chose devant cette marée qui se dirige vers moi. Enfin, vers nous quoi. J'ai pas le temps de comprendre ce qui se passe que je me retrouve plaquée contre le mur et écrasée au point de ne plus arriver à respirer. Je laisse échapper un couinement, espérant que, comme ça, il se rappellera de mon existence avant qu'il ne finisse par m'écraser pour de bon. A sa remarque, je dresse un index, restant bouche bée alors qu'il écrase la tête de types contre le mur et que je reçois une giclée de sang en pleine figure. Parfait. Manquait plus que ça.

"Je vous quoi ? Vous déconnez hein ? Nan mais ça va pas b…"

En fait, j'ai pas le temps de me mettre convenablement à lui gueuler dessus qu'il s'est mis à jouer au fou de la gâchette et qu'il tire dans tous les sens. Visiblement, c'est pour joindre le geste à la parole et me permettre de rejoindre le 4x4. Alors bon, autant y aller hein ? Avant qu'il change d'avis et m'écrase de nouveau contre le mur ou qu'il décide de me découper à coup de mitrailleuse.

Je m'assois au volant de cette voiture monstrueuse et je grimace. C'est pas une automatique. Sérieusement, comment je vais conduire cette saleté ? J'irais peut-être plus vite à pied en fait. J'essaie d'appuyer sur toutes les pédales, la voiture a un soubresaut et s'arrête. Je me tape alors la tête contre le volant, faisant résonner le klaxon sans même m'en rendre compte. Non mais là, c'est le pompon. Qu'est ce qui va encore se passer maintenant ?

Ah bah tiens… Je sursaute quand le type s'assoit à coté de moi et je fais écho à son juron. Avant que j'ai le temps de dire quoi que ce soit, j'ai un cri de surprise alors qu'un gars se plante juste derrière lui avec une arme. Par réflexe, je lance mon couteau dans sa direction et au bruit que j'entends, je pense avoir fait mouche. il pousse un hurlement et les petits mots doux qu'il laisse échapper en même temps que son flingue sont visiblement à mon attention. Je baisse les yeux pour lui jeter un coup d'œil et je voix mon couteau planté dans son épaule.

Je lâche alors, sans pouvoir m'empêcher de sourire fièrement. Oui, je viens de blesser un homme et peut-être pour sauver un psychopathe qui va me découper en morceaux dans les prochaines secondes mais j'ai touché ma cible et du premier coup. Ca, c'est plutôt cool.

"Voilà à quoi il sert mon couteau de cuisine. Et toc."

Remarque puérile et inutile mais c'est pas grave, je suis contente. Je vois alors le gars avec son lance-roquette le pointer vers nous.

"Euh… sérieusement ?"

Là, d'un coup, je me rappelle comment on utilise une pédale d'embrayage. Je tourne la clé, le moteur ronronne à nouveau alors que je fais crisser les pneus, tout ça pour voir un camion débouler au coin de la rue. Alors, je fais le truc le plus intelligent du monde, je ferme les yeux et j'appuie sur l'accélérateur avant de lâcher, d'une voix particulièrement aigüe.

"Dites, on fait quoi maintenant ? On va où ? Et c'est qui ? Et vous, vous êtes qui bordel ?"

Je peux pas freiner, si je freine, je vais caler. Déjà, je sens que la voiture apprécie moyennement que je ne pense pas à changer les vitesses et, à ce rythme-là, je vais finir par péter un truc. Enfin, vu comment les choses se passent, il nous arrivera fatalement un truc avant on dirait.

Quand l'homme entre juste après moi, derrière, avec une arme, j'étais sur le coup. Mais cette petite jeune fille réagit plus rapidement que moi, ce qui était extraordinaire en soi, sachant que j'étais entraîné pour ce genre de chose. Pourtant, elle n'avait pas hésité à lui lancer sa dague dans l'épaule, son hurlement emplit le 4x4 bien spacieux. Je tournai ma tête vers la victime, regardant la lame bien enfoncée, puis vers la jeune fille les pouces levés, ajoutant juste après sa réplique:

"Au temps pour moi, tu sais t'en servir comme un chef, et pas du tout cuistot, mais un chef de guerre! Bon, maintenant tu peux démarrer avant de se prendre un missile en pleine face?"

Après que j'eus assommé l'intrus, elle finit par remarquer la raison pour laquelle je l'avais rejoint et avait comme par miracle trouvé le moyen de bouger le véhicule, nous faisant éviter le projectile qui alla exploser une voiture.

"Pour ta première question, on va commencer par rester vivant!"

D'un geste, je fis virer la voiture sur la droite afin d'esquiver le camion qui nous venait droit dessus, roulant en sens inverse à présent. Mon pilote paniquait et c'était tout à fait normal dans cette situation. Seulement, c'était très souvent ce qui faisait la différence entre un mort et un vivant dans ce genre de situation. Alors, je tentais de lui faire retrouver son calme, puisqu'on roulait droit devant.

"Ecoute, avant toute chose, respire profondément. Inspire... Expire... Inspire... Expire... Maintenant, je vais te raconter une hist... Putain!"

Et BAM! Une énorme fourgon blindé venait de nous rentrer dedans en plein milieu d'un carrefour. Pas en face, sinon ce serait trop facile, mais transversalement, démolissant ma portière au passage. Le véhicule ennemi continua sa route en nous emportant, faisant crisser fortement nos pneus déjà mis à mal par le dérapage précédent de ma co-pilote. Je tendis le bras et tirai une balle sur le pare- brise afin de le briser et sortir par là. Par hasard, la balle ricocha vers la jeune fille, s'enfonça dans ce qui lui servait de cale- tête, juste à côté de son oreille. Un silence tomba, n'entendant que le moteur du fourgon et les pneus hurlant.

"Ma faute! C'était un mauvais plan, mais j'en ai un autre et il implique une petite aide de rien du tout de ta part."

Sortant mes jambes de sous le siège pour le lever au-dessus de ma tête, je posai la semelle de ma botte du mon côté du pare- brise, aussi près que possible du bord, avant de plier le genoux pour avoir de l'élan, sur le point de frapper.

"Aide- moi à décoller cette vitre avant qu'on arrive au bout, parce que je te promets que le mur contre lequel ils comptent nous écraser ne fera pas de sexisme, on y passera tous les deux!"

Je frappai encore et encore mon côté du pare- brise jusqu'à ce qu'il se décolle, avant de me redresser et de le pousser pour l'enlever. Il glissa sur le capot avant d’atterrir sur le sol, se fissurant. Bien qu'on était plus du tout face à la route, la vitesse d'entraînement était suffisante pour blesser une personne sans protection. Alors, je saisis la civile dans mes bras et bondis hors de la voiture, roulant au sol en évitant de la faire toucher le sol une seule fois. Cinq secondes plus tard, le bruit d'un 4x4 écrasé résonna à mes oreilles. Je la relâchai finalement.

Je le vois lever les pouces, comme s'il était en train de me féliciter après avoir réussi un créneau pendant une leçon de conduite. Le truc totalement surréaliste quoi. Enfin, en même temps, je suis fière de moi, même si je devrais plutôt être en train de flipper comme par permis. Si j'étais debout, j'aurais probablement les genoux qui seraient en train de faire bravo l'un contre l'autre alors, quelque part, je me sens rassurée d'être dans la voiture. Au moins, y a du métal tout autour de moi et je me raccroche au volant.

J'ai quand même une moue à sa réplique et j'ai un bref haussement d'épaules.

"Ouais enfin le chef a perdu son couteau, ça la fout un peu mal au final."

Il me dit de démarrer, j'obtempère en me rappelant par je sais quel miracle quand Ollie m'a montré comment conduire ce genre de caisse.

"Rester vivant ? T'en as de bonnes toi ! T'as d'autres surprises qui se pointent à l'horizon ou ils ont donné tout ce qu'ils ont ?"

Ah bah, j'ai parlé trop vite, heureusement qu'il fait tourner le volant d'un coup sec parce que pour le coup, j'avais rien vu venir. Et pourtant, comment réussir à rater un truc pareil. Je me focalise sur sa voix pour rester calme, mine de rien, ça change de mes entrainements où je sais que ma vie n'est pas en jeu. Ca a un coté vachement trop réel et je me rends compte que, malgré tout ce qu'a pu me dire Malcolm, j'étais loin d'être prête à ce genre de choses en fait.

"Inspirer, expirer, je suis pas un putain de cours d'accouchement là !"

Pourquoi je réponds ça ? Je sais pas. Surtout que bon, je l'écoute autant que possible et ça aurait peut-être pu marcher si on s'était pas pris le camion de plein fouet. Je sais pas comment on est toujours en vie mais je suis un peu sonnée et quand il parle, je le fixe, totalement à la ramasse.

"Mauvais plan ? Nous maintenir en vie c'est un mauvais plan ?"

Je l'écoute quand même et frappe sur le pare-brise de toutes mes forces, prenant appui sur mon siège pour y mettre le plus de pression possible. Contre toute attente, enfin la mienne en tout cas, on y arrive. J'ai pas le temps de dire ouf que je me sens de nouveau emportée hors de la voiture si rassurante quelques minutes plus tôt. Ou plutôt quelques secondes. A dire vrai, je serais totalement incapable de dire depuis combien ça dure tout ça. On roule sur le sol, enfin lui surtout, je sais pas comment il se débrouille mais j'ai même pas un coude éraflé dans l'histoire.

Je me relève brusquement pour voir le 4x4 encastré par le fourgon blindé… dont les portes s'ouvrent brutalement, laissant apparaitre des hommes armés jusqu'aux dents. Je reste totalement figée, un peu comme un lapin devant les phares d'une voiture mais j'arrive quand même à lâcher, d'un ton léger, comme si on avait une conversation normale dans un endroit qui le serait tout autant.

"Euh, c'est quoi la suite de ton super plan B ? Parce que là, niveau survie, pas que j'ai des doutes mais un peu quand même."

Détaler, ce serait un bon plan non ? Enfin si mes jambes acceptent de me porter. Ce sera vachement plus difficile de shooter une cible mouvante qu'une statique. Là j'aurais juste à dessiner une flèche pour leur dire où viser. Même si m'est avis que le fait que je bouge ou pas ne changera peut-être pas grand-chose à l'équation.

Je me relevai après elle en regardant autour de moi, à la recherche d'un échappatoire, tombant finalement sur le fourgon. Des hommes armés en sortirent rapidement, de manière atrocement effrayante pour toute personne normalement constituée. On savait à leurs allures qu'ils n'étaient pas venus prendre le thé.

"Un plan B!? Désolé petite, mais le plan Z vient d'expirer, j'ai plus rien en stock à part le classique... COURS!"

J'attrapai son bras et courus en direction d'une ruelle où nous perdre, poursuivi juste après par une bande de tueurs sans foi ni lois qui hurlaient leur rage. Cette soirée devait être une promenade de santé, quand est- ce que ça avait autant dégénéré? Le plan c'était de venir, secouer quelques personnes, et m'en aller amicalement en priant pour que le message soit passé. A la place, je me retrouvais à traverser les Glades d'un bout à l'autre, avec une gamine aux tendances visiblement suicidaires. Je montai des escaliers de secours sans la lâcher et entrai par la fenêtre ouverte d'un appartement au troisième étage.

Une famille musulmane y était en train de dîner... J'assommai le père de famille et son épouse en voile intégrale que j'envoyais tous deux dans un placard, avant de retirer le vêtement masquant de sa femme pour vêtir rapidement ma compagne et enlever mon casque ainsi que ma combinaison que je cachais aussi. Enfin, je l'assis à la place de l'épouse, et pris celle du mari, habillé de l'habit traditionnel musulman aussi, incluant la robe et le chapeau. Ce plan Z bis fut mis en oeuvre à une vitesse fulgurante, juste assez vite pour qu'on ressemble à ce qu'on était pas, quand les hommes de mains débarquèrent en trombe.

Ils ne jetèrent qu'un bref regard vers nous en ressortant par la porte en la démolissant comme des rhinocéros courant après la seule femelle du troupeau. J'étais sur le point de lâcher un soupire de soulagement, quand je me rendis compte que j'avais le visage nu devant une civile. Amanda allait me tuer, au sens littéral. Ironiquement, ma "femme" était celle masquée, à présent. Je lâchai seulement en la regardant droit dans les yeux, seule partie de son visage qu'on voyait encore:

"On va rester ici cette nuit, on rentrera chacun chez soit le matin, et on fera comme si on ne s'était jamais rencontré. Pigé?"

Mon ton n'était plus du tout à la rigolade, c'était le plus menaçant qu'un tueur de sang froid pouvait faire. Oui, on ne pouvait plus quitter cette demeure, pas après le bordel qu'on avait provoqué dehors. Il fallait jouer le jeu jusqu'au matin, elle pourra alors soit aller voir la police à propos de son agression, soit oublier toute cette histoire. Je me fichais totalement de la suite des événements la concernant, tant qu'elle ne me mentionnait jamais auprès d'autrui.

"Je ne suis pas censé être ici, ni même me découvrir devant toi. Je peux me fier à toi? Parce que si je ne peux pas, je vais devoir faire en sorte que tu ne puisse jamais dire à qui que ce soit que j'ai été dans cette ville."

Je serrai dans ma main un couteau de table, bien que je ne pensais nullement à l'utiliser. C'était seulement pour l'effet, la pointe était dirigée vers elle. Il serait vraiment dommage d'abîmer une jeunesse aussi belle, mais j'en étais tout à fait capable, je l'avais déjà fait pour de l'argent. Assassiner, torturer, c'était mon lot quotidien.

"Je t'aime bien tu sais, je t'ai protégé pour cette seule raison. Oui on ne se connait pas, mais on peut apprendre à se connaître. Comment tu t'appelles?"

Jouer maintenant la carte de l'amitié, essayer de gagner son affection. Ce serait normalement facile, elle me devait déjà la vie, j'avais fait le boulot le plus dur. Pour la peine, je me mis tranquillement à manger le délicieux couscous déjà servi, me servant un verre de jus de fruit. J'avais justement une faim de loup!

Il a l'air de savoir ce qu'il fait. Enfin j'espère. Ou j'essaie de m'en persuader. A dire vrai, j'en sais rien du tout. Et puis, si ça se trouve, les gars qui le poursuivent sont les gentils et je suis en train d'aider un taré sociopathe à s'enfuir. Oui, je sais, ça peut paraitre totalement idiot, naïf, puéril, tout ce que vous voulez, mais je suis encore très manichéenne quand je m'y mets. Je lui jette un regard inquiet, me demandant dans quelle catégorie il se place alors que j'attends qu'il me propose son fichu plan B.

Sa réponse me déplait fortement mais je n'ai bien évidemment pas le temps d'entamer un monologue sur la stupidité de la situation qu'il m'intime de courir. Et je le fais. Heureusement, j'ai de l'endurance parce que là, on court encore et encore, on slalome dans des coins des Glades que je ne connais même pas de nom alors que j'entends au loin rugir le bruit des moteurs des voitures de nos poursuivants. Je commence quand même à être un rien à bout de souffle quand il finit par m'embarquer via une échelle de secours dans un immeuble totalement délabré.

J'ai même pas le temps de lui demander ce qu'il veut faire que je réprime un cri en le voyant assommer la pauvre famille en train de diner, qui ne demandait rien à personne. Bon, à bien y réfléchir, il les a pas tués, je devrais m'estimer heureuse. Il me balance les fringues de la femme et je m'habille, sans même chercher à comprendre, avant qu'il ne m'installe à table, comme si de rien était. Je me mordille la lèvre alors que la porte s'ouvre brusquement et que mon cœur a un raté.

Ils sortent aussi vite qu'ils sont arrivés et je soupire de soulagement avant de laisser échapper un rire nerveux en imaginant la scène qu'on doit présenter tous les deux. Je me débarrasse du voile et je m'étire de tout mon long avant de hocher la tête à ses paroles.

"Pigé. J'ai pas particulièrement envie de retourner jouer à saute-mouton avec les voitures là-dehors. Et si ces gars m'ont vue avec toi, ils vont avoir envie de me tirer les oreilles pour savoir ce que je sais. Alors, autant attendre qu'ils aillent voir ailleurs. Et autant le faire dans un minimum de confort."

Comme toujours, j'essaie de prendre les choses avec calme, avec cet humour décalé qui est le mien et qui tranche fortement avec le ton qu'il vient d'employer. La menace est à peine voilée et, quand il reprend, les mots qu'il emploi ne font que me confirmer qu'il faut pas que je déconne avec ce type. Ok, il doit pas être du coté des gentils donc.

"Parce que j'étais sensée être ici peut-être ? On dirait pas mais j'ai pas l'habitude de me faire harponner entre deux fusillades et de manquer de me faire écraser comme ça, comme si de rien était. Contrairement à toi il semblerait."

Bon, le ton un peu agacé que je viens de prendre n'est peut-être pas la meilleure des idées, je l'avoue. Mais s'il veut me tuer, il le fera, surtout si je ne suis pas sensée voir son visage. D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi mais le fait qu'il ait dit ça m'incite à le fixer avec plus d'attention. Réflexe totalement stupide c'est sûr, mais je peux pas m'en empêcher. Je finis alors par hausser les épaules et par reprendre, d'un ton plus calme.

"Je ne vais pas te dire que tu ne peux pas te fier à moi, ce serait suicidaire et ridicule non ? Et puis, à qui j'irais dire que tu étais là ? Je me vois pas trop débarquer chez les flics pour leur dire ce qui s'est passé, ils seraient fichus de me coffrer en plus."

J'ai une grimace avant de fixer le couteau qu'il pointe dans ma direction. Dans le genre subtil, il se pose là mine de rien. Mais bon, au moins, je ne peux pas faire comme si je n'avais rien vu. Je ne peux quand même pas m'empêcher de souffler, avec un sourire en coin alors que je désigne l'arme d'un mouvement du menton.

"Pas la peine de chercher à me faire peur avec ça. J'ai vu de quoi tu es capable dehors alors, si tu veux m'abîmer ou faire pire encore, je ne suis pas sûre d'être en mesure de me défendre."

Et puis je le fixe, pas vraiment convaincue.

"Tu m'aimes bien ? Là comme ça, d'un commun accord avec toi-même ?"

J'hésite avant de continuer, alors qu'il commence à manger comme si de rien était et qu'on était tout simplement attablés après une petite balade en ville tout ce qu'il y a de plus normal. Pour un peu, j'aurais l'impression que je suis en train de totalement péter les plombs et que j'ai imaginé ce qui vient de se passer. Et que je me réveille d'un mauvais rêve. Mais alors, si c'est le cas, qu'est ce que je fiche à manger un couscous ? Enfin bref, au lieu de me paumer, je toussote un coup et je le fixe.

"Je m'appelle Thea Queen. Et toi ?"

S'il connait le coin, je sens qu'il va tirer une drôle de tête. J'aurais pu m'inventer un nom mais j'y songe même pas en fait, je sais pas trop pourquoi. J'ai l'impression que s'il a envie, il pourrait savoir qui je suis sans trop de soucis, autant éviter de tourner autour du pot non ?

"Ouais, un accord personnel, en quelque sorte. C'est ça ou je te sors un cliché du genre "je suis tombé amoureux de tes beaux yeux d'antilope dès le premier regard", mais je pense pas être franchement crédible dans ce rôle. En plus il faisait noir et maintenant que je te regarde à la lumière de la lampe, t'as vraiment pas de beaux yeux du tout, sans vouloir te vexer."

J'entamais donc ce couscous qui sentait si bon, le couple n'en avait rien touché, par ma faute, bien évidemment. Je me servis tranquillement, avec un sourire des plus ravis, et me mis à manger sans regarder mon interlocutrice. Toute mon attention était tournée vers le plat devant moi, ainsi que ce jus plutôt rafraîchissant. C'était bienfaiteur après nos mésaventures, ce n'était pas tous les jours que ma planque fût un appartement nickel. D'habitude, je squattais plutôt des lieux abandonnés, sans moyen de cuisiner quelque chose de correct. Il m'était même arrivé de devoir faire du feu avec des bouts de bois pour me réchauffer... Sale vie de tueur à gages!

"Thea Queen? Sérieusement?"

J'éclatai de rire, m'étouffant presque en mangeant. Il me fallut boire un verre entier pour faire passer la semoule sur le point de me tuer. De toutes les demoiselles en détresse de cette ville, il fallait que je tire un numéro aussi coté. Avec une chance pareille, je ferais mieux de rapidement jouer au loto. J'essuyai mes joues, lèvres et menton avec la manche du vêtement subtilisé sans autorisation, vêtement que je portais à la place de ma combinaison de travail. Cette histoire devenait de plus en plus intéressante, j'avais sauvé une Queen! Non, me faire tirer dessus, tuer tout un tas de gens, être presque écrasé contre un mur par un fourgon blindé n'avaient rien d'extraordinaires pour moi, c'était ce qu'il fallait pour remplir une nuit. Je ne dirais pas que je m'y attendais non plus, mais bon. Mais ça, ça avait de la gueule. Un sourire amusé éclaira mon visage.

"Je suis... Uhm... Écoute, je sais pas pourquoi je vais te dire la vérité, mais tu me fais l'effet de quelqu'un à qui je peux tout dire. T'as du me droguer ou tu m'hypnotises, mais en tout cas, me voilà te disant la vérité ma petite et retiens bien: je suis Floyd Lawton, alias Deadshot. J'ai toujours voulu dire "alias" à haute voix, ça fait un peu bizarre, c'était la dernière fois. Bref, je suis un criminel recherché, et toi t'es à "ma table", tu crois que c'est ce qu'une fille de bonne famille devrait faire son vendredi soir? Pourquoi tu traines dans les Glades à cette heure- ci? Ollie est au courant pour tes petites escapades nocturnes?"

Cette dernière phrase était dites avec plein d'ironie, sachant que je venais en plus d'utiliser un surnom très répandu pour Oliver Queen.

J'arque un sourcil, n'essayant même pas de masquer ma perplexité devant sa répartie. Depuis que nos chemins se sont croisés j'ai de toute façon l'impression d'être tombée dans la 4ème dimension et je me demande quand l'épisode va se terminer. Avec un peu de bol, je vais me réveiller dans mon lit et j'aurais juste rêvé tout ça mais les courbatures que je commence à ressentir à cause des coups et des cascades qu'il s'est amusé à me faire faire commencent doucement mais surement à me prouver que tout ça est bien réel, malheureusement.

Enfin, il a l'air un peu cinglé mais il a l'air de rien avoir contre moi, c'est déjà bien. Vu de quoi il est capable, si c'est le cas, je vais finir la tête la première dans le plat de couscous et ce sera la dernière chose que je verrais. Un peu triste comme fin quand même, pour pas dire carrément pathétique.

"Mes yeux d'antilope hein ? T'as raison, je l'aurais pas cru de toute façon si tu m'avais fait une pseudo déclaration d'amour. Et je suis pas vexée, vu ce qu'on vient de vivre, il m'en faudrait plus."

Bon, ok, s'entendre dire qu'on a des yeux moches est en réalité un peu vexant, autant être honnête. Mais bon, je vais pas lui dire, ce serait tellement hors de propos là de suite. Presque autant que sa réplique en fait si j'y réfléchis bien. Enfin je vais quand même pas lui balancer que ses yeux aussi sont moches et puis na, ce serait puéril… et très tentant.
Je secoue brièvement la tête et je finis par lui balancer mon identité sans même chercher à inventer un nom farfelu même si, au vu de sa réaction, je me dis que j'aurais peut-être dû.

"Je pensais pas que mon nom pouvait déclencher une telle hilarité. Evite de mourir étouffé, ce serait dommage. Mais oui, je suis on ne peut plus sérieuse."

J'attends qu'il se calme un peu et je me demande s'il va me dire qui il est réellement ou si je vais avoir droit à un nouveau délire de sa part. C'est un peu les deux en fait et je lui offre une œillade sceptique quand il parle de l'avoir hypnotisé. Bin voyons. Et bientôt il va dire qu'il se sent obligé de tout de raconter avant de devoir me tuer parce que j'en sais trop, vous allez voir. Je me crispe quand même un peu quand il me dit être un criminel, même si je note son nom dans un coin de ma tête. J'irais demander demain à Malcolm ou à Ollie s'ils le connaissent, on sait jamais.

Enfin, ça sous-entend que je survivre à cette soirée et, vu sa tête, je commence à me poser sérieusement la question.

"Criminel recherché… genre pour quel genre de trucs ? J'imagine bien que t'as pas piqué un sac à une grand-mère sinon faudrait revoir à la baisse tes prétentions niveau de ton alias, tout ça tout ça…"

Je jette des regards autour de moi, me demandant si, en cas de nécessité, je pourrais arriver à m'enfuir mais je me rends compte au bout de quelques secondes qu'il doit être parfaitement conscient de ce que je suis en train de faire. Je toussote avant de rependre, le plus naturellement du monde, même si j'ai grimacé quand il a prononcé le nom d'Ollie de façon aussi familière, comme s'ils se connaissaient bien.

"Je travaille aux Glades… étonnant non ? Je sais pour une petite fille de bonne famille, ça se pose là. Je suppose que le nom du Verdant ne doit pas te dire grand-chose. Et laisse Oliver en dehors de ça, à moins que vous ne soyez supers copains. Si c'est le cas, je crois que je t'ai raté à son dernier anniversaire, c'est pas de bol."

L'agressivité n'est peut-être pas le comportement le plus judicieux que je pourrais avoir. Mais, comme à chaque fois qu'on parle de ma famille, j'ai du mal à faire autrement.

"Quel genre de truc?"

Thea Queen était bien comme on le disait: fière et indomptable. N'importe qui serait choqué, si ce n'était effrayé, d'être en face d'un tueur en série. Mais pas elle, son calme était tout à fait troublant. Pour tout dire, depuis le début de cette aventure, elle s'était surpassée à tous les niveaux, au point d'avoir gagné ma sympathie. Pour une simple civile, elle avait su montrer une force de caractère très rare, j'espérais que ma fille deviendrait tout aussi forte. J'avais toutes les raisons de le penser, elles traînaient dans le même quartier après tout. Un sourire mystérieux apparut sur mon visage.

"Je tue pour de l'argent, beaucoup d'argent. Enfin, officiellement je suis censé être en prison mais... Ma bonne conduite..."

Pour le coup, cette dernière affirmation était fausse. C'était une chose de se révéler à la première venue, s'en était une autre de balancer les secrets d'Amanda Waller, tout en ayant une bombe dans le crâne qu'elle pouvait faire exploser à tout moment. La Task Force X -Suicide Squad- devait rester secrète. Je hausse un sourcil, circonspect, en remarquant que la jeune fille cherchait quelque chose du regard. Oh... Elle croyait pouvoir m'échapper? Elle pouvait toujours tenter, ce serait drôle de jouer au chat et à la souris, alors que des tueurs psychopathes nous poursuivaient. Elle toussota puis m'annonça travailler dans ce quartier paumé, tout en me menaçant presque à cause de ma familiarité envers son frère absent.
"ça va, c'était pour plaisanter! J'ai plus de chance qu'il me crève un oeil que d'être invité à l'une de vos fêtes huppées hein. Mais dis-moi...
- Maman?"

Je tournai la tête vers le couloir sombre menant à la porte de sortie défoncée. Une petite fille des plus mignonnes en robe de chambre nous fixait avec ses petits yeux larmoyants. Je ne pus m'empêcher de repenser à mon propre bout de choux et au fait que j'avais échoué à la protéger.

"Non petite, maman est partie en boite avec papa, on est tes baby-sitters!"

Franchement, j'aurais du prendre des cours d'improvisation, j'avais du mal à gérer correctement les imprévus. En général, dès qu'un plan se passait mal (vraiment mal), j'arrêtais tout. C'était pour cette raison que je préparais méticuleusement chacune de mes missions.

"Moi c'est... Will... Smith. Et elle c'est... Willa... Holland. Uhm... Je te laisse gérer la suite Willa, je vais prendre une douche."

Sans plus de cérémonie, je me dirigeai vers la salle de bain, entrai et refermai derrière moi. Les tueurs sanguinaires et les courses poursuites etaient relativement gérables pour moi, mais certainement pas ça. Je préférais laisser la femme qui était en Thea faire le boulot, j'avais eu ma dose de plan B pour ce soir.

Je le fixe, avec un léger sourire en coin, essayant de me persuader que cette conversation est tout à fait normale, qu'on ne vient pas de faire une course poursuite et qu'il a fait je sais pas quoi aux deux personnes dont on a piqué la tenue, la place et la bouffe, avant de rétorquer, d'un ton léger.

"Je vais quand même pas te dire quoi. Tu risquerais d'essayer de le faire, juste pour voir ma réaction."

Décidément, ce gars est bizarre. Le pire c'est que je me sens même pas en danger avec lui alors que tout personne raisonnable devrait être en panique totale et avoir une envie, celle de s'enfuir en hurlant. Ok, l'idée m'a traversé l'esprit et continue encore d'ailleurs. Mais bon, elle est quand même moins forte que celle de savoir qui il est ou encore ce qu'il fiche ici. Je laisse échapper un sifflement à sa répartie, quand il me dit ce qu'il fait dans la vie.

"Ah ouais, tuer pour de l'argent. J'imagine que tu dois pas manquer de boulot en plus."

Je sais pas ce qui est le pire, de me dire que c'est bien de connaitre un gars comme lui, au cas où, vu qu'il semble m'avoir prise d'affection, ou me dire que dans l'univers où j'évolue maintenant, ça me choque même pas de faire face à un tueur professionnel.

"M'enfin, je sais pas pourquoi mais j'ai du mal à te croire quand tu parles de bonne conduite…"

Et, comme à chaque fois qu'on parle d'un membre de ma famille ou de quelqu'un à qui je tiens, je me crispe et je me fais un rien agressive. Ce qui est particulièrement intelligent maintenant que je sais ce qu'il fait dans la vie après avoir vu de quoi il était capable. Mais bon, Malcolm m'a dit que je me battais mieux quand j'étais sous l'effet de la colère, ça pourrait peut-être marcher. Parce que, pour ce qui est de trouver une issue de secours, là, de suite, autant être honnête, c'est plutôt mal barré.

Alors qu'il continue de parler, il s'interrompt brusquement et je suis obligée de me tourner pour savoir ce qui se passe. Je me fige, brusquement inquiète, me demandant ce qu'il va faire à la petite. Après tout, je sais toujours pas si ce mec est pas totalement cinglé. Enfin si, je le sais en fait, le tout c'est plutôt de savoir à quel point il sait se contrôler ou pas.

Mais en fait, ça va. Il se lève pour aller s'enfermer dans la salle de bains alors que j'écarquille les yeux avec sa réplique. Il va vraiment prendre une douche et me laisser me débrouiller ? Mais ouais, on dirait bien. Et puis, Willa ? Tiens, c'est pas mal ça. Faudrait que je le garde en tête le jour où j'aurais envie de donner une fausse identité à quelqu'un. Ce serait presque crédible et je suis sûre que ça me va super bien.

Je secoue la tête et je m'agenouille devant la petite, lui décochant mon plus beau sourire.

"Salut, moi c'est … Willa donc. Tu vas être bien sage ok ? Tu sais compter jusqu'à 100 ?"

Elle hoche la tête, indécise, me fixant pas franchement rassurée. Comme je la comprends.

"Alors tu vas fermer les yeux et compter. Quand tu auras fini, tu prends le téléphone et tu fais le 911. Tu sais faire ça, t'as l'air d'être une grande fille non ?"

Nouveau hochement de tête, elle commence à se mordiller la lèvre mais elle ferme les yeux docilement.

Je hausse alors le ton, me demandant ce qu'il fout derrière la porte.

"T'as deux minutes pour te tirer de là Will !"

Et, sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit, s'il est encore là d'ailleurs, j'ouvre la porte d'entrée, filant dans le couloir. C'est bon, j'ai eu ma dose pour la soirée là.

Bon au moins, je suis toujours en vie.

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