L’horizon se lève. Le moment où les mères au foyer se lèvent à l’aube pour préparer les vêtements de leurs enfants, pour préparer le petit déjeuner et le déjeuner des enfants ainsi que de leurs époux avant de pouvoir réveiller les petits. Cette profession était certainement le plus difficile d’entre toutes. Il faut pouvoir, savoir tout gérer et tout faire. Un simple justicier aux dons extraordinaires ne parviendrait pas à faire le minimum que ce qu’entreprend une maman. Je m’en étais rendue compte, avec la mienne, bien évidemment, mais aussi de part certaines que je croisais dans les rues de Central City pour rejoindre mon lieu de travail. Ces enfants qui ont du mal à positionner correctement leurs deux jambes pour avoir une marche normale, ces mamans qui courent car elles ont la crainte d’arriver en retard. Le retard était le lot du quotidien de la plupart des travailleurs à Central City. Et il y en avait bien un seul qui ne prenait aucun risque à ce niveau-là : The Flash. Une journaliste répondant au nom d’Iris West l’avait surnommé, sur son blog, à ces premières apparitions, la traînée rouge. Pas très glorieux comme surnom, n’est-ce pas ? The Flash… Au début, je n’y croyais pas vraiment à tout cela. Et pourtant, il y avait eu cette journée où j’étais en service. J’avais pris ma pause et m’étais rendue vers la bibliothèque municipale alors que, dans quelques rues plus loin, une bijouterie avait été vandalisée ! Rapidement, à la vitesse même de l’éclair, je sentis un vent lourd passé à côté de moi. Mes yeux avaient vu une traînée rouge, oui ! C’était à ce moment-là que je commençais à croire à cette petite légende urbaine, qui ne l’était pas tellement puisque Flash avait sauvé de nombreuses personnes ces derniers temps ! Comme quoi, l’explosion de cette machine pouvait également créer un miracle ! Plus j’y pensais et plus je me dis qu’il était toujours temps et possible de retrouver le coupable du meurtre de ma meilleure amie. J’en avais touché deux mots au détective West qui m’avait conseillé de ne pas me lancer dans une course poursuite à l’aveugle. Je pouvais comprendre ses mots, mais il me fallait le retrouver. J’étais habitée par cette animosité, cette envie de venger la mort de mon rayon de soleil. La police avait rapidement lâché l’affaire, mais certainement pas moi !

Pour l’heure, d’autres priorités m’attendaient. Des priorités professionnelles qui ne pouvaient pas attendre et même le bolide écarlate n’arriverait pas à ralentir le temps pour m’empêcher de me rendre dans le laboratoire scientifique situé au sous-sol de la Central City Police Department. J’acceptais toujours les défis et le capitaine Singh m’avait assigné à être une collaboratrice, une assistance, un truc du genre d’un analyste scientifique répondant au nom de Barry Allen. Son nom ne m’était pas inconnu. En prenant connaissance de certaines affaires, je l’avais vu travailler régulièrement avec le détective West. D’ailleurs, les deux jeunes hommes semblaient bien s’entendre… Quoi qu’il en soit, le capitaine Singh a eu la charmante idée de me prévenir dès mon arrivée que je devais aller à ce dit laboratoire. Je m’étais regardée et ça n’aurait pas été nécessaire que je sois en tenue de policière pour m’y rendre… Si je dois travailler avec un analyste scientifique, ce serait plutôt la blouse blanche qui devrait remplacer ma tenue actuelle. Sans attendre un quelconque autre ordre de sa part, je pris la direction pour me rendre à l’endroit voulu et ainsi attendre monsieur Allen.

« Singh avait omis de me dire que ce n’était pas très rangé ici…   »

Je m’avançais plus profondément dans la pièce, laissant mon regard se poser dans chaque recoin du laboratoire. La décoration laissait un peu à désirer, mais l’essentiel était là. Etrangement, je ressentais de bonnes ondes. Il devait bien se sentir ici. Je m’étais arrêtée face à un grand tableau qui ressemblait à ceux qu’on utilisait pour placer les photos des victimes, ainsi que quelques preuves. Chaque poste de police le possédait. Je me demandais pourquoi un analyste l’avait… Je ne suis pas curieuse au point de relever le bas du tableau pour voir ça de plus près, mais j’étais intriguée. Un léger sursaut me surprend et je finis par me retourner après avoir entendu une voix masculine. Un sourire s’empara de mes lèvres et je m’avançais vers lui.

« Vous devez être Barry Allen, je présume ? Je m’appelle Patty Spivot ! Je crois que nous allons régulièrement nous voir… » Je tendais ma main vers lui afin de le saluer plus amicalement. « Le Capitaine a dû estimer que vous aviez besoin d’un peu aide dans vos tâches puisque je deviens, à partir d’aujourd’hui, votre nouvelle collaboratrice !   » Je n’avais, d’ailleurs, pas très bien saisi la raison qui m’avait amené jusqu’ici. Travailler aux côtés de Barry Allen m’aiderait certainement à approfondir mes connaissances en science ! « Je ne veux surtout pas m’imposer dans votre milieu de vie. Je me ferais toute petite et suivrais vos instructions à la lettre ! » Ce n’était pas mon genre d’arriver à un endroit et d’imposer mes ordres, mes décisions, mes idées pour que ça me convienne. La situation était telle que je me sentais toute nouvelle et la sensation était plaisante. Je gardais mon sourire et m’éloignais de lui de quelques pas après avoir serré sa main. «  A votre expression émanant de votre visage, je doute que le Capitaine ait eu le temps de vous prévenir, n’est-ce pas ?   » Je replaçais une mèche de cheveux derrière mon oreille. « Cela ne vous dérangerait pas qu’on se tutoie ? Ce serait peut-être mieux…   »

On possède tous un objet qui nous rattache à une part de mystère, à une part de secret que nous voulons garder profondément enfouie en nous. Nous avons tous en notre possession ce petit quelque chose qui est d’une valeur à la fois unique, importante, capitale et inestimable. Une valeur que les autres personnes ne peuvent sans doute pas comprendre. Une valeur dont on imagine par la portée ou l’importance. Et si étrange que cela puisse paraître, pour moi, cet objet n’était autre que le tableau de mon laboratoire. En apparence, c’était un tableau totalement ordinaire, et semblable à tous ceux que l’on pouvait trouver dans les labos d’un commissariat ou encore une salle de réunion, de briefing ou autre bureau d’enquête. En soi, il n’y avait rien d’extraordinaire si on se limitait à la ‘première impression’. Pourtant, sous cette surface qui accueillait mille et unes pièces à conviction au gré des affaires, au-delà de cette surface où ne cessait de s’interchanger la place d’un marqueur et ensuite d’une brosse, il y avait ce ‘trésor’ que je voulais garder secret. Un ‘trésor’ qui se composait de toutes les pièces à conviction, et de tous les éléments sur l’enquête de la mort de ma mère. D’une interview de policier aux articles de journaux sans compter l’ensemble des rapports de police mais aussi sur tout ce qui pouvait me ramener de près ou de loin au costume jaune, tout y était précieusement conservé, attaché et noté. Aux yeux du monde, l’affaire du meurtre de Nora Allen n’était qu’un fait divers de plus classé depuis des années. Mais pour moi, c’était une affaire toujours en cours, et plus importante que jamais, que je me devais de finalement résoudre !

Je n’avais clairement aucun problème avec le contact humain. Dire que je n’étais pas une personne sociable aurait été mentir. Pourtant, à peine débarquais-je dans mon labo que je me sentis sur la défensive. Oh, ça n’avait rien contre la personne qui me faisait face. Ca n’avait rien de personnel. C’est juste que je n’aimais pas l’idée d’avoir quelqu’un dans mon labo quand je n’étais pas là… L’équipement présent lui-même, je m’en moquais un peu. Mais c’était la présence du tableau et de ce qu’il renfermait qui faisait que je n’aimais pas savoir mon ‘bureau’ être squatté par quiconque. Seul Joe, Iris, et quelques fois Eddie se trouvaient ici en m’attendant. Jamais personne ne mettait un pied dans mon labo en mon absence, excepté ces trois-là. Et sur les trois, deux avaient totalement ma confiance. Note que je sentais que je pouvais me fier à Eddie, même s’il n’était pas au courant de l’ensemble de mes ‘petits secrets’. Quoiqu’il en soit, je ne voulais pas qu’on fouille et qu’on tombe là-dessus. D’une étrange façon, c’était un peu tout ce qui me rachetait matériellement parlant à ma mère, ainsi qu’à mon père. Ca m’appartenait, à moi et à moi seul… Et oui, je le reconnais, je n’étais pas partageur sur ce point… Sauf si je l’avais décidé ! Autrement dit, ce n’est qu’en jetant un rapide coup d’œil discret à mon tableau, et en voyant que ce dernier n’avait pas bougé d’un poil, que je me décrispais pour simplement demeurer sous l’effet de la surprise.

« Ah, euh, oui, salut ! Enchanté ! »

Balbutiais-je en venant serrer cette main tendue, laissant apparaître un sourire poli et trahissant bien malgré moi la décontenance due à ladite surprise.

« Ma… nouvelle collaboratrice ? »

Je ne voulais pas paraître rustre, brusque ou encore impoli. Cependant, mes sourcils se haussèrent et j’affichai clairement le visage d’un mec qui se demandait où est-ce qu’il était tombé, et accessoirement ne comprenant pas le pourquoi du comment !

« Oui, non, ce n’est pas le problème, mais… »

Elle parlait vite. Et beaucoup. Ce n’est pas spécialement un reproche mais ça me coupait doublement plus l’herbe sous le pied. Personne ne m’avait parlé d’une nouvelle collaboratrice, ni Joe, ni même le capitaine que je venais de quitter à l’instant pour ainsi dire. Alors, oui, y avait de quoi être ‘secoué’ on va dire !

« Non, on va dire ça… »

Glissais-je avant d’avoir droit à sa réplique ‘finale’. Alors, pour le coup, woaw, woaw, woaw ! J’étais rapide. J’analysais rapidement. Je pouvais visualiser tout ce qui m’entourait à une vitesse hypra normale mais, là, j’avais besoin d’une seconde pour tout remettre en place dans ma tête. Moi qui avait cette histoire d’affaire Willard en tête, je… Merde ! Les analyses ! Nouvelle collaboratrice ? Pour le coup, ça va plus me ralentir que m’aider dans un sens. Fini les analyses de dernière minute en usant de mes dons pour rattraper le retard. J’allais devoir changer pas mal d’habitude à ce niveau-là… Super Barry, va falloir que tu deviennes plus adulte dans ta façon de gérer ton boulot !

Me rendant compte que je demeurais planter là comme un piquet en plein milieu de la pièce, je finis par rire nerveusement, et afficher un sourire bête. Niveau première impression, je n’avais certainement pas du me distinguer avec brio ! Je croisais quand même les doigts pour ne pas avoir eu l’air de l’idiot du village… Pour une fois que je me retrouvai face à une collaboratrice et pas un collaborateur !

« Désolé, je… C’est que je m’attendais vraiment pas à faire ce genre de rencontre… D’autant que je viens de voir le capitaine Singh mais il ne m’a pas mis au courant de l’arrivée de quelqu’un, ni rien. »

Je souris de manière un peu plus chaleureuse et spontanée tout en venant me débarrasser de ma veste que j’accrochai au porte manteau fixé sur le mur.

« Y a longtemps que tu es à la police de Central ? Je t’avoue que ton visage ne me dit rien… Enfin, c’est vrai qu’en dehors des scènes de crimes, je ne sors pas beaucoup de ce labo non plus ! »

Ironisais-je avec humour tout en venant attraper mon mug fétiche.

« Mais, je t’en prie, assieds-toi, installe-toi… Tu veux quelque chose à boire ? »

Ouais, c’était certainement pas terrible. Mais depuis mon entrée dans la police, je n’avais jamais du travailler avec quelqu’un ‘sous ma direction’ au sein de ce labo. Et excepté mes amis de Star Labs, on peut pas dire que Barry Allen était habitué au travail d’équipe ! Enfin, il n’est jamais trop tard pour apprendre non plus comme on dit… !

La précipitation était l’une des qualités, ou l’un des défauts, qu’il fallait contrôler et amoindrir le plus tôt et rapidement possible. Dans ce cas précis, elle était mon défaut et je m’en rendais nettement compte lorsque je découvris la stupeur, la stupéfaction de l’analyste. Lorsque nos mains se serrèrent, mes yeux scrutèrent le visage du jeune homme et un léger sourire amusé s’étirait sur le coin de mes lèvres. Il était au courant d’absolument rien. A sa place, dans sa position, j’aurai certainement réagi un peu de la même façon, avec ceci dit, en supplément, un léger élan de décontenance et d’énervement. Non pas à l’encontre de cette malheureuse personne qui n’avait strictement rien à avoir dans cette situation, mais surtout à l’encontre du supérieur qui s’était mis à l’idée qu’une collaboration pourrait être nécessaire et judicieuse, sans en prévenir l’un des deux partis. Pour couronner le clou, pour mettre la cerise sur le gâteau, j’ai dû encore plus le déstabiliser avec mes mots, ces paroles qui devaient le mettre dans des états les plus ahurissants. Je me mettais à sa place et gérer ce gros changement dans sa vie, et aussi dans la mienne, n’allait pas se montrer des plus faciles. Pour ma part, je devrais jouer sur deux tableaux : en étant, dans un premier temps, un officier de police qui réalisait ses patrouilles (entre autre chose) et dans un second temps, être celle qui aidera monsieur Allen dans ses tâches scientifiques quotidiennes. D’ailleurs, j’ignorais totalement la raison pour laquelle je m’étais vue assigner à un tel poste. Le Capitaine savait pertinemment que malgré l’intérêt que je porte pour la science, je n’y étais pas tellement douée. J’ignorais si j’allais vraiment être utile au jeune homme, bien que j’aie la faculté de pouvoir apprendre vite. Que Dieu préserve cette partie de ma personne, d’ailleurs !

« Inutile de t’excuser. A ta place, j’aurai réagi un peu de la même façon. Et j’ai été toute aussi surprise que toi d’apprendre cela. A croire que le Capitaine aime bien faire des surprises, à sa façon, du moins… » J’adressais un sourire amical et légèrement amusé à mon interlocuteur alors que je venais à prendre une légère inspiration en regardant autour de moi. Ce sourire se transforma en un petit rire par la suite. « En effet, tu ne dois pas tellement sortir du laboratoire parce que je dois être ici depuis quelques mois maintenant. Je t’avoue que je n’ai pas la mémoire des dates et que je préfère ne pas compter les jours. » Ceci pour éviter d’être obnubilée par le temps, par être concentrée sur un emploi du temps qu’il faut suivre à la lettre, avec rigueur et discipline…

Acceptant son invitation gentiment et avec un simple sourire, je m’avançais vers une chaise que je rapprochais de mon corps pour ensuite m’y installer, m’y asseoir tout en posant une jambe par-dessus l’autre afin de les croiser. Dos reposé contre le dossier de la dite chaise, mon attention se reporta sur le jeune homme.

« Eh bien, de l’eau fraîche ne serait pas de refus, je te remercie. »

Je me retournais pour regarder une partie de son laboratoire avec attention. Bon sang… Je n’avais pas eu le temps de refuser la demande – qui n’en était pas une – du capitaine, mais j’aurai dû lui dire que je n’avais plus touché à un microscope ou à un tout autre appareil d’analyse. Mon excitation, ma précipitation du moment s’en alla aussitôt. La vision de ces appareils fit disparaître peu à peu le sourire enjoué étiré sur mes lèvres rosées quelques instants plus tôt. A présent, c’était davantage la crispation qui se lisait sur mon visage.

« Le Capitaine a dû se tromper de nom, de dossier, parce que je doute être à la hauteur du talent qui te fait connaître en tant qu’un excellent analyste !... Malgré ces retards perpétuels qui te précédent. » Mon visage se tourna pour lui adresser un sourire et un petit clin d’œil. « Je tiens à te le dire tout de suite : même si j’aime apprendre, évoluer, découvrir de nouvelles choses, de nouveaux enseignements, je n’ai pas suivi de longues études scientifiques. J’aime la science, mais pas autant que ma passion pour arrêter ces vilaines personnes qui sévissent dans notre société. » Je détestais partir sur de mauvaises bases lorsqu’une relation professionnelle se créait. Il était tout bonnement naturel que je le prévienne. « D’ailleurs, puisque le Capitaine ne t’a pas prévenu, tu peux très bien refuser cette collaboration. Ce serait légitime et hautement compréhensible. » Car, oui, ma première impression en mettant un pas dans le laboratoire était que Barry travaillait régulièrement seul. Il n’avait personne sur ses pattes et était absolument libre de ses mouvements. Or, là, la situation sera assez changée si cette collaboration venait à voir le jour. Celle-ci était l’instigatrice de grands changements, de lourdes perturbations. Autant placer quelques « points », établir quelques règles à l’avance avant de s’engager.

Vous savez, on peut rapidement se sentir perturber, mal à l’aise ou totalement soi-même quand on rencontre quelqu’un. Ce qui détermine ça la plupart du temps, c’est l’expression du visage de la personne qui nous faisait face, ainsi que l’intonation de sa voix. C’est vrai qu’on me disait souvent que j’avais toujours une manière de m’exprimer assez fraiche, légère et que mon sourire était des plus avenants. Ca, ce n’était pas à moi d’en juger. Mais j’avoue que je me sentais tellement plus à l’aise quand je me retrouvais face à une personne agissant de la ‘même manière’. Ma timidité naturelle s’adoucissait dès lors qu’elle se trouvait face à un sourire chaleureux et un contact semblant dès plus facile. Et, en toute sincérité, si je dois vous donner mon ressenti au premier abord une fois la surprise et la stupéfaction passée, c’est que cette Patty m’inspire un bon contact. Étais-je bon juge pour autant en la matière ? Si on prend en compte cette forme de ‘naïveté’ envers la bonté humaine, la réponse était sans doute non. Mais qu’importe ! On verra comment ça se passe ! Ma seule certitude, c’est qu’un rapport commençant sous d’heureux auspices ne pouvait que se développer de manière positive… Indépendamment de ce que peut réserver le hasard et le destin dans leur malice et autre sournoiserie bien sûr !

Un sourire accompagna sa réflexion sur le capitaine. Le jour où Singh aura le sens de l’humour, je vous en prie, faites-moi signe car je serais curieux de voir le résultat ! Quoique, pour l’avoir déjà croiser avec son fiancé, il était le genre d’homme à totalement séparer sa vie professionnelle et sa vie privée. Heureusement pour son couple d’ailleurs, sinon, bonjour l’ambiance tous les soirs ! La manifestation de son petit rire me mit à l’aise. Je sais pas pourquoi mais sa façon d’être amusée avec quelque chose de léger et qui inspirait à une forme de détente. Le pouvoir du sourire, de la bonne humeur et du rire était-il si grand que ça en fin de compte ?! J’usais souvent de cet ‘arme’ mais je n’avais pas systématiquement pour habitude d’en ressentir les effets avec une personne m’étant encore totalement inconnue trente secondes auparavant…

« Je t’avoue qu’en dehors de Joe et Eddie, ou de me faire taper les doigts par le capitaine, si je ne suis pas ici, c’est que je ne suis pas au commissariat tout court… Puis, comme tous les geeks dans mon genre, on est plus branché observation scientifique que de détailler chaque nouvel arrivant ! »

Ironisais-je, tout en laissant mon rire se manifesté avec naturel et chaleur. Je dois dire merci à Iris pour cette considération de geek. Enfin, Iris et Felicity aussi d’ailleurs ! Je préférais m’amuser de ce genre de ‘titre’ que de m’en plaindre et de croire que c’est un défaut ou un mauvais jugement qu’on reçoit des autres. C’est vrai que j’étais une sorte de gros geek vivant totalement à fond dans son domaine scientifique de prédilection. Mais on ne m’avait jamais déprécié pour cette facette de ma personnalité. À moins que je sois trop aveugle pour m’en rendre compte, ce n’était pas impossible non plus ça ! Fin bref, passons comme on dit. Je l’observai s’installer du coin de l’œil avant de recevoir sa ‘commande’ de boisson. Ni une, ni deux, tel un propriétaire se déplaçant au cœur de son petit chez soi, j’allai remplir un verre d’eau tandis que mon mug fut gratifié d’une bonne dose de caféine. Le café… Une drogue qui me speedait auparavant mais qui, depuis ma ‘transformation’, avait un effet aussi prononcé sur mon organisme qu’une goutte d’alcool… Autrement dit, néant total ! Quoique, vu ma rapidité naturelle désormais, me retrouver hyper-excité par la caféine n’aurait surement pas été l’idéal… Si ce n’est pour sautiller dans tous les sens comme un hyperactif instoppable et saccageant tout derrière lui… Une idée qui me tentait pas trop bizarrement !

« S’il te plait. »

Revins-je à sa hauteur, lui donnant son verre d’eau avant de m’appuyer sur ma ‘table’ de travail. Avalant une solide gorgée de café, j’écoute attentivement ce qu’elle a à me dire. Intérieurement, j’aime beaucoup sa franchise et sa manière d’annoncer clairement les choses, bien que ça ne peut m’empêcher de m’interroger sur le pourquoi du comment. Si elle n’était pas  ‘si douée’ en sciences, effectivement, pourquoi le capitaine l’aurait affecté à mon ‘service’… ?! Au passage, j’eus un petit rictus amusé quand elle parla de mes retards. J’ai comme qui dirait l’impression qu’après ma mort, on se souviendra d’avantage de mes retards que du contenu du travail que j’avais pu effectuer. Et oui, on a toujours un défaut qui nous colle salement à la peau… Même si je me plaisais à volontairement l’entretenir ces derniers mois ! Quoiqu’il en soit, j’écoutai la fin de ses explications, voire même de ce qu’on pourrait appeler sa plaidoirie avant de lui offrir un hochement de tête et un sourire alors que je me délectais d’une nouvelle gorgée de ma boisson fétiche.

« Eh bien, je commencerais en te disant que je suis pas du genre à croire au hasard. Enfin, je veux dire, si le capitaine a voulu t’affecter ici, c’est qu’il devait y avoir une raison. Même si ce ne sera pas ce qui nous parait le plus évident au début, enfin, pour l’un comme pour l’autre quoi… »

Un poil de nervosité subsistait quand même. Elle y était à la fois pour quelque chose et en même temps pour rien. Qu’on soit dans le cadre du travail ou pas, ma timidité avait toujours tendance à être plus prononcée en présence d’une représentante de la gente féminine. Et encore plus quand j’étais en présence d’une belle femme. Enfin, vous voyez ce que je veux dire, hein ?

« Après, si tu es une femme de terrain et moi un rat de laboratoire… »

Soulignais-je en riant.

« Je pense que ça nous fera bénéfique pour tous les deux. D’autant que si ça me permet de sortir un peu plus du labo sans me faire taper sur les doigts, je ne m’en plaindrai pas. »

Rias-je de plus belle, avec cette pointe d’amusement caractérisée.

« Après, je t’avoue… J’ai toujours eu l’habitude de travailler seul mais, je suis pas du genre à laisser sur le côté. Tu pourras demander à Joe… Enfin, je veux dire l’inspecteur West… Dés qu’il faut collaborer, y a aucun soucis de mon côté, sois rassurée. »

Continuais-je de préciser avant de reposer finalement mon mug à moitié rempli sur le bureau, déviant quelque peu mon regard de celui de Patty en me pinçant légèrement les lèvres. Il fallait que je trouve une manière ou une autre d’aborder certains points sensibles… Autrement dit, un truc qui pourrait m’éviter de devoir inventer de sempiternelles excuses si je devais m’absenter ou disparaître en un clin d’œil. Autrement dit, l’art de passer d’une apparence légère, simple et détendue à celle d’un homme soucieux, inquiet et en pleine interrogation.

« Y a juste que… euh… comment te dire ça… »

Je me redressai et fit tourner mes mains l’une autour de l’autre en cherchant mes mots. Mes sourcils se haussèrent et se froncèrent à la fois, trahissant cette forme d’embêtement que je voulais aborder.

« Je suis sur d’autres affaires, en dehors d’ici… Enfin, non pas que je délaisse mon boulot mais… Enfin… Il m’arrive de devoir m’absenter, ou de partir à gauche, à droite et… euh… Disons que je préfère te prévenir à l’avance… Histoire que tu te poses pas trop de questions non plus quoi… »

Barry Allen devrait être assigné au poste d’un homme d’affaires en vue de son emploi du temps qui semblait être assez chargé ! D’un côté, je comprenais sa situation et surtout, il me serait impossible de demeurer une journée entière enfermée entre quatre murs. Toute ma vie s’était déroulée sous le feu de l’action, qu’elle soit douce ou forte, faible ou puissante. De manière implicite, accepter de l’accompagner dans ses recherches scientifiques, de l’aider à résoudre des affaires incluant donc son expertise, ne devait pas lui faire penser que je serais toujours disponible dans le laboratoire. En réalité, j’accordais plus de crédits, d’importance à mon statut d’agent de police, d’officier plutôt qu’à celui de collaboratrice. Non pas que ce ne serait pas plaisant de travailler aux côtés de lui, que du contraire. Il semblait être un homme joyeux, sympathique, accueillant et chaleureux. Rares peuvent être les hommes ces derniers temps et ce serait un petit second souffle que de travailler avec lui ! Ce fut dans un sourire que je l’écoutais parler tandis que mes oreilles accueillaient chaleureusement le rire de ce dernier.

« Lorsque tu n’es pas ici, que fais-tu à l’extérieur ? Es-tu du genre à prendre ton télescope pour observer le ciel ainsi que l’immensité des étoiles qui le recouvre ? »

J’avais toujours éprouvé un petit faible pour les geeks. Ils avaient une de ces passions et ils semblaient être toujours sincères. Je crois n’avoir jamais connu un étudiant scientifique être trop sûr de lui, être trop haineux envers les siens. Même si je pouvais ranger le jeune homme dans la catégorie des analyses en tout genre, peut-être était-il aussi passionné par les mystères du ciel. ‘Confortablement’ installée sur cette chaise, mes yeux observaient les mouvements du jeune homme, tandis qu’une jambe se croisait au-dessus de l’autre. Voici un être qui se sentait littéralement comme chez lui. Ce fut d’un naturel monstre qu’il se déplaça machinalement d’un endroit à un autre. Le remerciant en souriant, je pris le verre qu’il me tenta et en but rapidement une gorgée, une bonne gorgée. Non pas que j’étais déshydratée, mais parler vite, ça a ses inconvénients. Reposant ensuite le dit verre sur la table située à mes côtés, je reposai mon regard sur lui.

« Cela fait combien de temps que tu travailles à la CCPD ? Tu as toujours voulu travailler ici ? »

Vu son domaine de prédilection, il aurait très bien pu être un excellent analyste travaillant aux services de Star Labs par exemple. Enfin là, il aurait certainement été dans un chômage technique vu l’incident qui avait vu le populaire laboratoire être fermé pour une durée indéterminée. Mes sourcils se haussèrent légèrement alors qu’un sourire amusé se dessinait sur mes lèvres. J’avais senti, décelé une légère nervosité dans sa voix. Il est vrai que j’inspirais ce type d’ ‘émotions’ auprès de mes rencontres masculines, lors des premiers échanges en toute amicalité et sympathie. J’avais été à la fois amusée et attendrie. Car oui, il était un jeune homme qui pouvait se diversifier des autres. Son entrain, son allure, son habitude à toujours faire rire que ce soit volontaire ou non, cela avait un côté un peu séduisant. Quoi qu’il en soit, l’analyse des personnes était un autre domaine dans lequel je ne m’attardais pas trop.

« Tu as certainement raison ! Et puis, côtoyer une autre personne de celles qu’on a à nos côtés habituellement, ça ne peut que faire un peu de bien. Mais, tu peux te détendre, tu sais. Je n’ai pas la capacité à dévorer les hommes. » avais-je prononcé en riant.
« D’ailleurs, tu te fais autant attraper par le capitaine ? » Me redressant et m’avançant un peu vers lui, j’accordais une tape amicale sur l’avant-bras de Barry. « Nous allons être partenaires à présent. Je te couvrirais. Mes amis se plaisent à me décrire comme la demoiselle qui trouve toujours de bonnes excuses pour sauver ses pairs, sans en inclure la mort ! Chouette non ? » Haussant légèrement les épaules, je gardais mon sourire et retirais également ma main.

Mes bras se croisèrent légèrement contre ma poitrine. Un sourcil se fronçait tandis que j’observais, regardais et écoutais Barry. Eh bien, il semblait être plus tendu que lors de ces premières minutes où il avait retrouvé une inconnue dans son endroit favori.


« J’espère pour toi que tu es plus ‘détendu’ lorsque tu dois annoncer une mauvaise nouvelle à ta petite copine… » Toujours souriante, je me levais de ma chaise pour me placer devant lui. « Je ne suis pas du genre à fouiner dans la vie de mes collègues, sauf si j’estime que l’un d’eux est en danger ou dans une position délicate. » Je posais ensuite une main amicale sur son épaule. « Je te remercie de m’avoir mis au courant, mais je tâcherais, tout de même, que tu ne dépasses pas trop les limites… » Par là, il ne fallait pas qu’il soit trop longtemps absent, car je ne pourrais pas être totalement présente au laboratoire non plus… Lui offrant un clin d’œil, je détournais les talons pour regarder autour de moi. « Bien, alors, que dois-je savoir sur ton sanctuaire ? Quelles sont les choses auxquelles je peux m’approcher, toucher, voir ? Autant que celles dont j’en suis interdite ! » Il y avait bien un élément dont j’étais certaine qu’il ne fallait pas approcher sans avoir l’autorisation du propriétaire : ce tableau situé dans la pièce. Je me positionnais devant celui-ci, en laissant de bons centimètres séparés mon corps de l’objet. « Sois rassuré, je ne m’approcherais pas de cela. J’ai un peu senti qu’il était important pour toi. »