Your presence creates these animals

« Batman est de retour » … Cela pouvait se lire sur toutes les lèvres, dans tous les journaux, sur chaque écran de télévision. Bonne ou mauvaise chose, il m’était dorénavant impossible de faire marche arrière. J’avais repris le masque et avec lui, toutes les responsabilités qui en découlaient. L’effet de surprise joua en ma faveur, les criminels pensaient m’avoir éliminé. Je pus donc les arrêter avec plus de facilité qu’auparavant. Cela me permit de m’échauffer. Avant de m’attaquer à la réelle menace : Superman. Cet être aux pouvoirs surnaturels et dangereux. Qui avait détruit la moitié de Métropolis pour « sauver » le monde. Quel homme pouvait se dire héros et tuer une grande partie de la population ? Que se passerait-il s’il choisissait de s’en prendre réellement aux humains ? Il fallait que quelqu’un l’empêche d’aller trop loin et j’étais le seul à pouvoir remplir ce rôle avec efficacité. Je devais me renseigner sur lui et mettre fin à ses activités. Pour l’instant, c’était une chose plus simple à dire qu’à réaliser, mais j’y travaillais activement. Il était la raison principale de mon retour, il envahissait donc toutes mes pensées.

J’avais malgré tout repris mes anciennes activités. Mon départ n’avait en rien enraillé la corruption et la criminalité de Gotham (sauf peut-être en ce qui concernait mon vieil ennemi, qui avait disparu de mes radars jusqu’ici mais passons). Je m’étais donc attelé à rendre la justice, à nouveau. Damian en était ravi. Pouvoir m’accompagner combattre le crime paraissait le réjouir. Pour ma part, le savoir à mes côtés me rendait anxieux. Je ne pouvais oublier ce qu’il était arrivé à Jason et je ne souhaitais pas voir tout cela se reproduire. Si mon fils mourrait par ma faute, je ne savais pas ce que cela  provoquerait en moi et je ne voulais pas le savoir. Je préférais donc qu’il m’épaule le moins possible, prétextant n’importe quoi, du moment qu’il restait au manoir (du moins, je l’espérais). Les disputes fusaient, cela me semblait un moindre mal pour le garder en vie. Je reposai doucement le masque à sa place. Il était temps pour moi de retourner à mon travail quotidien.

Ma présence n’était pas essentielle à Wayne Enterprise qui fonctionnait tout aussi bien sans moi. Mais elle m’était nécessaire. En abandonnant mon rôle de protecteur de Gotham, j’avais eu besoin d’une nouvelle cause à défendre. J’avais pu voyager aux quatre coins du monde, acheter et vendre pour faire prospérer mon affaire. Je m’étais rendu à de nombreux galas, soirées de bienfaisance, j’avais fait des dons… Et maintenant, que Batman était de retour, je devais trouver le temps de continuer à faire tout cela. Bruce Wayne ne pouvait pas reprendre son rang de PDG et le laisser à nouveau de côté au retour du chevalier noir de Gotham. Cela aurait pu éveiller les soupçons d’un citoyen un peu futé. Autant dire que je ne dormais que très peu, et surtout durant les réunions ennuyeuses en compagnie de mes conseillers et actionnaires. Je remontai rapidement dans mon bureau.

« Alfred, fais préparer l’hélicoptère.
- Pas la Lamborghini aujourd’hui, monsieur ?
- Il faut bien que je rentabilise l’achat de cet hélicoptère !
- Bien, Monsieur. »

Mon vieil ami me sourit avant de retourner à ses occupations. Je pris la peine de me faire présentable : Un costume noir et un veston bleu marine d’une qualité irréprochable. Je recoiffai brièvement mes cheveux et je me décidai à rejoindre l’héliport du domaine. J’aurais préféré une piste d’atterrissage pour mon jet privé mais je devais avouer qu’Alfred avait eu raison : Cela aurait été inesthétique et peut-être un peu trop prétentieux. Je montai à l’arrière de mon hélicoptère, siège en cuir beige et flûte de champagne. Forcément. L’envie de piloter me démangeait mais Bruce Wayne ne savait pas conduire ce genre d’engin. Il ne fallut qu’une vingtaine de minutes pour arriver sur le toit de mon building. Je descendis. Agressé directement par une ribambelle d’assistants et de conseillers. Je répondis à leurs questions avec empressement avant de rejoindre mon bureau. Installé dans mon fauteuil, j’eus tout juste le temps d’allumer mes ordinateurs avant que ma standardiste, Carrie, ne m’appelle.

« Le journaliste Clark Kent du Daily Planet, Monsieur. Il est là pour votre interview. Je le fais monter ?
- Bien sûr ! »

En toute honnêteté, j’avais oublié cette entrevue. Je ne pouvais pas penser à tout et surtout pas en ce genre de futilité. Clark Kent… Peut-être venait-il m’interroger sur la destruction de la tour Wayne dans sa ville et sur les centaines de morts que tout cela avait pu causer… Je n’avais aucune idée de ce que ce jeune homme de Métropolis me voulait mais je le découvrirai bien assez tôt. J’avais surtout accepté l’entrevue dans le but d’en apprendre un peu plus sur les événements concernant Superman. Un journaliste devait forcément savoir des choses sur l’homme volant.  Aucune information ne m’était inutile et puis, si cela me permettait une apparition dans la presse, pourquoi pas ? Je me tournai vers les baies vitrées de mon bureau, attendant l’arrivée de mon interlocuteur. Clarence, mon assistant vint me prévenir et se retira en le laissant entrer. Je me tournai vers lui, le visage neutre, comme à mon habitude.

« Tout le plaisir est pour moi. Jolie formule de politesse, Alfred aurait été fier de moi. Je lui fis signe de s’asseoir. Vous pouvez m’appeler Bruce, comme le font la plupart des gens ici. Cela sonnera un peu moins formel, après tout, vous n’êtes pas venu me parler affaires alors le ton peut être convivial ! »

J’esquissai un léger sourire, geste ô combien difficile depuis la mort de Jason. Mais je voulais me montrer courtois et avenant… En tout cas, plus qu’à mon habitude. Batman était sombre et taciturne, je me devais d’abandonner ces caractéristiques lorsque j’enlevais le masque.

« Je suppose que nous pouvons commencer tout de suite, si vous le souhaitez. Je vais demander à Clarence de nous apporter du café ! »

Ce que je fis, et ce qu’il s’empressa d’accomplir pour me satisfaire. Lancer la conversation sur l’attaque de Métropolis était aisé. La tourner dans le sens que je désirais, risquait d’être plus difficile. Après tout, ce n’était pas à moi de poser les questions, mais bien à lui.

« L’air de Gotham doit vous changer. Tout y est plus sombre, mais je vous assure que c’est une ville agréable lorsqu’on la connait quelque peu… Et lorsque les criminels qui y séjournent sont enfermés en prison. Cela étant, Métropolis a, elle aussi, connu des passages difficiles ces derniers temps… Énormément de morts, et ce justicier volant … Beaucoup plus d’action que ce qu’a pu voir Gotham ! »

J’attrapai ma tasse en attendant le début de son interview.

     

      Bruce Wayne & Clark Kent
      The Beginning

  Pour moi, ancien fermier dans une petite bourgade du Kansas, passer de Smallville à une aussi grande ville que Métropolis avait été quelque chose d'assez dépaysant dans les premiers temps. Les champs, les fermes, le centre ville et tout ce qui faisaient de Smallville un charmant petit patelin, je les avais remplacé par des hauts buildings qui se succédaient à perte de vue. Mais depuis mon combat contre Zod, la ville ressemblait plus à un immense chantier, les grues prenant une place omniprésente dans le paysage de la grande ville. Même Smallville avait été touchée, juste avant les terribles événements qui avaient touché la ville qui abritait le Daily Planet. Mais cette fois-ci, ce n'était pas Zod que j'avais combattu, mais deux autres de ses soldats, à savoir le Commandant Faora-Ul et une autre personne dont j'ignorais le nom. J'avais apprit de mes erreurs depuis, et je faisais à chaque fois en sorte de déplacer les combats en dehors des zones habitables, même si depuis Zod, aucun adversaire n'avait encore atteint le même niveau de dangerosité.

Mais je n'étais pas présent dans les locaux de l'entreprise de Bruce Wayne pour penser ça. Non, j'avais un article à écrire concernant le retour aux affaires de l'enfant chéri de la ville, et surtout des questions à lui poser. Son entreprise, ainsi que ses salariés avaient été lourdement touchés lors des événements du Black Zero, et je voulais avoir son ressenti, ses pensées par rapport à tout ça. Un homme puissant comme lui avait forcément un avis sur la question, et donc une réponse à la question de savoir si Superman était oui ou non une menace pour l'humanité. Mais avant de répondre à tout cela, je devais déjà rentrer dans le bureau du dit patron. Et quand bien même je posais cette question, il avait tout à fait le droit de ne pas y répondre. Mon rôle était de recueillir ses paroles, et non pas de lui arracher les mots de la bouche en essayant de lui faire dire des choses qu'il ne voulait pas dire, je n'étais pas comme ça, même si je devrais l'être dans certaines situations.

Après être arrivé devant la porte du bureau, une jeune me fit entrer à l'intérieur, et je me présentais ensuite, afin de commencer la discussion. Bruce Wayne se tourna vers moi, et je fis face à un visage neutre, dénué de toute émotion, comme un mir sur lequel le temps n'avait aucune emprise. Ce visage était frappant, et contrastait terriblement avec celui de l'homme d'affaires de Métropolis, Lex Luthor. Il se présenta à moi, et afficha un mince sourire, ce qui détendait quelque peu l'atmosphère pesante qui régnait déjà dans la pièce. On sentait déjà que Gotham faisait partie intégrante de toute la ville, et même des mûrs qui composaient la pièce. Il me disait de l'appeler Bruce, comme tout le monde semblait le faire dans son entreprise, mais dans un soucis de professionnalisme, je continuerais à utiliser le terme ''Monsieur Wayne'', n'étant pas un familier de la personne pour me permettre de l'appeler ainsi. Je lui adressais un sourire en retour, histoire de montrer que moi aussi je pouvais être un adepte de ces petites mimiques peut être minuscules, mais ô combien importantes pour le déroulement d'une discussion.

« Mon rédacteur en chef n'appréciera peut être pas la formulation dans l'article que je publierai, alors, si ça ne vous dérange pas, je préfère en rester au premier terme, simple soucis de journaliste. »

Je sortis un petit calepin ainsi qu'un stylo bille de couleur bleu. J'avais déjà plus ou moins apposé sur le papier les quelques questions qui m'étaient venues en tête pendant le trajet en train entre Métropolis et Gotham City, mais j'allais devoir également faire preuve d'innovation et de créativité, et surtout de réactivité par rapport aux réponses qu'allait me donner Bruce Wayne. En tout cas, pour un homme d'affaires, il avait un physique assez imposant, et je doutais que cela ne soit que de la graisse.

« Je ne refuse pas une tasse, merci. »

Je lui adressais un signe de la tête pour accompagner mon remerciement. J'étais fin prêt à démarrer cette interview, trouvant ce Wayne assez sympathique pour quelqu'un qui possédait une entreprise à la notoriété mondiale. Après, peut être qu'il jouait un rôle, mais pour le moment, je partais sur un à priori positif sur la personne. Je remerciais l'assistante de Bruce pour la tasse, puis tournais la tête dans sa direction suite à ses paroles. On pouvait dire qu'il ne perdait pas de temps celui-là. En tout cas, il avait raison sur le fait que Gotham changeait radicalement de Métropolis. N'importe qui de censé le verrait et l'avouerait. Je l'écoutais défendre sa ville, avant de parler de la mienne et de ce qui c'était passé là-bas deux ans auparavant. Il fallait forcément parler de ce sujet à un moment ou un autre.

« En effet, quand on est pas habitué à toute cette grisaille et ces rues sombres, cela peut dépayser un certain temps, mais on finit par s'y faire. Mais je suis certain que malgré tout ce qu'on dit sur Gotham, cela doit être une ville agréable. », commençais-je par répondre. « Il est vrai que Métropolis a subit une lourde attaque et peine encore à se remettre, et il y a encore des stigmates de cette quasi-destruction, mais au moins, la ville est encore debout, même si un homme fait encore la controverse aujourd'hui. »

Il avait parlé de Superman, mais pour le moment, les questions n'allaient pas tourner autour du justicier volant. J'ouvrais mon calepin en regardant vite fait la première question, pour ensuite redresser la tête vers Bruce Wayne.

« Vous avez énormément contribué pour votre ville depuis plus de vingt ans. Que pensez-vous pouvoir faire de plus pour offrir une vie meilleure aux habitants de cette ville ? »

Je préférais détourner Superman et Métropolis de la conversation pour le moment, mais cela viendrait à un moment ou un autre.

 

     

BY .SOULMATES

Your presence creates these animals

Plus grand et plus fort qu’il n’y paraissait, Monsieur Clark Kent n’avait pas l’allure d’un journaliste. En tous les cas, pas du genre de journaliste que je fréquentais habituellement. A Gotham, ils étaient les plus brillants dès qu’il s’agissait de fourrer leur nez dans les affaires criminelles, mais il fallait toujours que j’intervienne pour les en faire sortir. A Métropolis, les journalistes devaient bien apprendre à se débrouiller tout seul, aucun justicier ne venait à leur secours… Du moins, aucun justicier digne de ce nom. Il me sourit. Et je me devais d’avouer qu’il avait un petit quelque chose qui donnait envie de lui faire confiance. Il n’avait pas l’air fouineur d’un homme travaillant dans la presse, ni l’air hautain de la plupart des gens que je côtoyais. Il semblait sympathique. Bien que cela n’ait aucune importance. J’avais appris à ne pas me fier aux apparences depuis bien longtemps.
Il se refusa à me nommer par mon prénom. Je m’y attendais. Nous ne nous connaissions pas et toute cette conversation n’avait rien de privée ou d’agréable. La politesse s’imposait. Même si je préférais toujours entendre un « Bruce » plutôt qu’un « Monsieur Wayne »… Je le regardai sortir ses affaires en portant mon café fort jusqu’à mes lèvres. Il me fallait bien cela après mes nuits à combattre le crime dans cette merveilleuse cité.

Sa réponse me donna envie de sourire, mais je n’en fis rien. Il était doué d’un tact certain. Il semblait être un excellent journaliste et dans ce cas, la conversation risquait d’être fort intéressante. Il ne me disait pas que Gotham était une ville effrayante ou austère, peut-être le pensait-il (comme la plupart des visiteurs, soyons honnêtes). Mais si c’était le cas, il évitait de me le montrer. Il devait se douter que dévaloriser une chose qui m’était chère ne rendrait pas l’interview facile. Ou bien il adorait les endroits dangereux avec une très forte criminalité. Gotham était froide et meurtrière, à l’image de ses habitants. Il évita le sujet Superman. Il se pouvait très bien qu’il ait perdu des proches là-bas. Je n’allais pas insister. Nous n’étions pas ici pour cela. Enfin, du moins, pas pour le moment.
Il ouvrit son calepin. J’écoutai sa question. C’était une chose que l’on me demandait assez souvent pour que mon discours soit déjà tout préparé. J’étais le plus grand donateur de la ville depuis la mort de mes parents. Il le fallait bien. Pour respecter leur œuvre et leur mémoire, je me devais de sauver Gotham.

« Il y a malheureusement, ou heureusement pour moi, toujours de quoi faire pour contribuer à l’évolution de Gotham. C’est une ville qui demande énormément d’investissement de la part de ses donateurs. Autant en argent qu’en énergie personnelle. Elle prend toute la place dans votre vie et vous passez votre temps à essayer de la rendre meilleure. Donc, pour répondre à votre question, j’ai actuellement pour projet la reconstruction complète et la modernisation de l’hôpital récemment détruit par des criminels. Je vais également fournir de nouvelles technologies aux forces de l’ordre. Wayne Enterprise étant largement en avance sur son temps, il me semblait utile de pouvoir venir en aide aux hommes de loi de cette ville. Aucune arme létale si cela peut vous rassurer, bien évidemment ! La rénovation et l’amélioration de la Gotham sont mes priorités à l’heure d’aujourd’hui. Je cherche à faire de cet endroit, un lieu sûr et sain, où peuvent prospérer les plus grands esprits sans crainte et avec les meilleurs moyens à leur disposition. »

Je portai mon café à mes lèvres et j’en bus une gorgée. S’il continuait ainsi, ses questions ne me demanderaient pas trop de réflexion personnelle. Enfin, je n’allais pas m’en plaindre. Il restait toujours plus intéressant que les journalistes que je fréquentais habituellement. Je reposai ma tasse et le regardai.

« Si vous vous êtes un peu renseigné avant de venir, vous avez surement entendu parler de la réapparition de Batman à Gotham. Mes conseillers et moi-même sommes tombés d’accord pour participer, s’il l’accepte, à tous ses financements. S’il y a bien un homme qui peut m’aider à rendre à cette ville tout son potentiel, c’est bien lui. »

J’avais déjà annoncé cela à Gotham lors d’un gala de charité. Mais je supposais que cela pouvait intéresser le journaliste, même si Batman n’était pas très connu ailleurs, il était l’emblème de Gotham : J’y veillais.