« Je m’en contrefous de cette histoire avec Eddie. Je ne veux plus entendre parler de ça, parler de lui, parler de vous. Tu ne comprends donc pas que je t’aime depuis toujours ? Tu ne comprends pas que j’ai toujours craqué sur toi ? Que j’en peux plus de devoir te mentir tous les jours, de te cacher la vérité ? Et pas uniquement cette vérité-là ? Car, l’ironie de la situation, c’est qu’en plus de t’aimer Iris, je suis cette source d’inspiration que tu poursuis depuis toutes ces semaines, depuis tous ces mois. Je suis cet éclair que tu veux voir, que tu veux attraper. Je suis ce bolide qui te fascine et te fait sourire. Je ne suis pas seulement le Barry Allen que tu connais, je suis aussi Flash ! C’est moi, depuis le début ! Tu comprends ça ?! »

Je ne pouvais pas souhaiter dire moins ou dire plus durant ce rendez-vous passer en sa compagnie… En tant que meilleurs amis! Et oui, la tradition ne dérogeait pas à la sacro-sainte règle que nos rapports ne se limitaient qu’à la confidence et aux blablas habituels que l’on a entre deux amis, et non pas entre deux personnes amoureuses et en couple. Toutes ces paroles, toutes ces confessions, toutes ces vérités, je les avais sur le cœur depuis bien trop longtemps. Mais même en les disant à haute-voix, je savais pertinemment que cela ne changerait rien. Et si vous ne me croyez pas à ce niveau-là, eh bien peut-être comprendrez-vous que tout cela ne pourra rien faire évoluer entre elle et moi puisque je n’avais eu le courage de lui dire ça qu’à une vitesse supranormale. J’avais tournoyé autour d’elle, plus rapide que l’éclair, en même pas une seconde pour faire ressortir tout ce que j’avais sur le cœur. En un certain sens, j’en avais besoin, je m’en sentais soulagé car c’était dit… Mais ça avait été dit sans être pour autant entendu. On va dire que ce ne serait que partie remise… Bien que la vérité qui s’éclate au grand jour n’était certainement pas prête d’arriver! Autant pour la protéger elle, que pour respecter ma parole donnée à Joe… Et aussi pour m’éviter de perdre le ‘peu’ que je pouvais partager avec elle, malgré mes sentiments réels. La vie, les relations humaines et ses petits aléas…

Enfin, je n’avais pas à me plaindre. Indépendamment de tout ça, on se voyait régulièrement et, comme ce soir, chacun de nos moments étaient toujours empreint de rire et de légèreté. J’arrivais à oublier quelque peu Flash. J’arrivais à oublier les souvenirs et les tourments que je pouvais profondément traîner derrière moi. Mes réserves de sourire, de blague et de bonne humeur se regonflaient totalement à bloc. J’aurais même envie de dire que je me sentais prêt et d’attaque à affronter le monde entier sans même en ressentir un quelconque doute sur la victoire, et ce, même malgré ma frustration profonde. Iris avait, et aura toujours, cette capacité de me donner de la force, de me rendre le sourire, de transformer tous les mauvais instants en de souvenirs lointains presque insignifiants, à une exception évidente près. Ma seule amertume, pour la peine, était de devoir la quitter. Ceci dit, autant considérer que si on quittait une personne, aussi brièvement cela soit-il, ce n’était que pour mieux la retrouver.

« Bonne nuit Barry. »

Elle m’offrit une de ses accolades dont elle seule a le secret avant de grimper dans un taxi. Je regardai ce dernier partir avec un petit sourire au coin des lèvres. Un petit sourire content et satisfait, tout comme un poil triste et frustré. Enfin, comme dirait Joe, il faut savoir le pied et s’offrir du temps pour soi… Et c’est bien ce que je comptais faire aujourd’hui. Entendons par là que je ne savais pas encore s’il y aurait Flash ce soir ou pas aux quatre coins des rues. Je rajouterais même que pour une fois, j’avais envie de prendre le temps. Le temps de marcher normalement. Le temps de fonctionner au ‘ralenti’ par rapport à ma vitesse de croisière. Et pourquoi pas le temps de…

« Qu… »

Non, ce n’est pas possible. Je ne venais pas de rêver quand même ?! Il fallait que j’en ai le cœur net. Ne sentant aucun regard sur moi, je suivis une trace, une lumière, une lueur que j’avais cru percevoir. Je la suivis en un éclair pour… Non ! Je n’y croyais pas ! Est-ce que j’étais en train de rêver où est-ce que pour la première fois l’impossible de mon enfance se tenait tout droit devant moi, là, dans cette ruelle éloignée de tout regard et de toute présence ?!

« Toi… »

Marmonnais-je la mâchoire et les poings serrés. Mon regard se durcit comme jamais. C’était lui, il n’y avait aucun doute possible. Ce même costume jaune. Ce même regard rougeoyant. Ce même flou. Ce même ressentiment de crainte, de dégout et de rage que je ressentais à cet instant, parfaitement identique à ce que j’avais pu éprouver cette nuit-là.

« TOI ! »

Je fonçai en un éclair pour l’attraper. Mais ce salopard était rapide, beaucoup trop rapide. J’eus à peine le temps de m’arrêter qu’il avait lui-même veillé à reprendre de la distance.

« C’était toi cette nuit-là… C’était toi que j’ai vu et qui l’a tué… »

À nouveau, je tentai de l’attraper en me pensant suffisamment rapide, sauf qu’il recommença son petit manège pour mieux prendre ses distances, me faisant presque perdre mon équilibre par la même occasion. À moitié courbé, je me redressai lentement avec cette colère qui commençait à me ronger de plus en plus. Il fallait que je comprenne, il fallait que je sache !

« Qui es-tu ? Et pourquoi tu l’as tué ? POURQUOIIII ?! »

Le face à face était proche, le cœur d'Eobard battait son plein, une excitation certaine prenant de l'ampleur au fil des secondes qui défilèrent devant lui. La passion ou la raison ? D'une part il voulait vraiment en finir avec lui, pour la difficulté qu'il lui a posé dans le futur et d'une autre part ce n'était pas le moment propice pour. La raison est souvent le meilleur ami de l'homme, il l'a apprit en travaillant avec son équipe à STAR Labs. Merci Caitlin se disait-il intérieurement. La passion de Cisco a commencé à prendre un peu trop d'ampleur depuis l'incident de l'accélérateur, seul Caitlin était la plus posée, elle lui a apprit beaucoup. Devoir la tuer l'attristait assez pour le coup, mais c'était ainsi que ça devait se passer. Mais avant de tuer qui que ce soit, il devait faire face à Barry, le tester. Et ce moment arriva quand Barry se mit à suivre la trace que laissa Eobard derrière lui en se déplaçant à vive allure avant de se stopper net dans une ruelle, bien droit. Sa rage, sa colère, c'était un bon début pour le pousser à se surpasser. J'eus un faible sourire satisfait en le voyant prêt à exploser comme une bombe à retardement.

A peine Barry bougea t'il un orteil pour l'attraper, Eobard le prit de cour en se mettant également à courir, mettant une nouvelle distance de sécurité entre eux. Pas encore Barry, pas encore pensait-il. Il l'avait bien vu, il ne se trompait pas, mais il aurait du mourir à la place Nora, IL AURAIT DU MOURIR !!!! A nouveau il prit les devants en échappant à Barry. Il n'était pas assez rapide pour prétendre l'attraper, pour prétendre le battre. Non, il ne pouvait pas le battre. Un gamin impatient comme lui était tout bonnement incapable. Eobard n'était pas un Rogue, il n'était pas un méta-humain basique, il était Reverse-Flash.

" Tu sais qui je suis Barry."

Il devait l'admettre, il était déçu de voir que Barry ne le reconnaissait pas. Il était le tueur de ses parents, Eobard Thawne, celui qui tuera le Flash et qui prendra sa place à Central City. Ayant un grand cœur, Eobard proposa finalement quelque chose à Barry.

" Si tu veux en savoir plus, il va falloir m'attraper."

Il leva la main doucement et serra son poing avant de se mettre à courir en sens inverse, filant sur la route, laissant sur son chemin un éclair rouge vif, voyant défiler les habitations, les voitures, les habitants alors que non loin, c'est Barry qu'il vit. Il se mit à ralentir sa course pour arriver aux cotés de Barry, le fixant droit dans les yeux. Pauvre petit, l'espoir fait vire, mais elle peut mener à la perte d'une personne. Un petit coup de boost et Eobard se retrouva devant Barry, comme pour le narguer, pour lui faire comprendre que le seul moyen afin qu'il s'en sorte est d'abandonner. Au loin, c'est un aéroport qui se trouva face à lui, il termina sa course en plein milieu du piste d’atterrissage, non loin de plusieurs avions, attendant Barry de pied ferme. Petit incapable. Finit de courir, ici, personne ne pourrait l'interrompre, personne ne pourra sauver Flash.

Je ne connaissais qu’une partie de cette vérité. Je ne connaissais que le costume, que cet homme en jaune. Mais il portait un costume, semblable à ma tenue de Flash, si ce n’est pour le logo inversé et des couleurs différentes. Ce jaune éclatant. Ce jaune scintillant dans la nuit noire. Ce jaune annonciateur d’un crépuscule macabre et mortel. Ce jaune qui avait marqué mon esprit durant toutes ces années dans un souvenir que personne ne pourrait jamais effacer ! Je connaissais sa silhouette. Je savais ce que cela représentait pour moi. Mais je voulais savoir qui était l’homme qui se cachait en-dessous ! Un homme me ressemblant tout en se voulant différent. Un être capable de mêmes prouesses en termes de vitesse. Mais un assassin avant tout… Une personne que je ne serais moi-même jamais ! Cependant, à quoi ressemblait-il réellement ? Quel était véritable nom possédait-il ? Et sous quelle identité je pourrai le condamner et ainsi faire libérer mon père ? Telles étaient les raisons de mes questions, de mon besoin de découvrir… Et de savoir !

Le son de sa voix me fit froid dans le dos. Elle m’éveillait comme une sensation paradoxe de familiarité tout en m’inspirant une forme de crainte et de danger plus que mortel, et à la fois unique en son genre. Dans sa voix se trouvait cette petite particularité par laquelle je me sentais déjà face à un adversaire unique en son genre… Et face auquel je ne cesserai de me retrouver confronter. Intuition ? Extrapolation implicite de mes cellules grises ? Je n’en savais foutre rien ! Mais je n’avais pas le droit de me laisser impressionner, ni même de me retrouver terroriser par cette voix et la personne à laquelle elle appartenait.

« C’est comme si c’était fait… »

Marmonnais-je de rage dès qu’il me lança son petit défi. Me mettant rapidement en position de starting block, je rassemblai l’étendue de ma détermination, de ma colère et de ma rage sans même en contrôler l’intensité. Des éclairs bercèrent l’intérieur de mes iris avant que je ne disparaisse comme une balle de furie dans un éclair jaune. Je courais, aussi rapidement que possible, puisant dans toutes les ressources que pouvait posséder mon corps… Et dans chaque recoin de mes capacités de speedster. J’étais l’homme le plus rapide du monde ! Mais, si c’était le cas, pourquoi je ressentais toutes les peines du monde à ne pas me laisser distancer ? Et pourquoi avais-je la sensation que ce n’était pour lui qu’une formalité ? Que faire preuve d’une vitesse aussi importante et supérieure n’avait le goût que d’une promenade de santé ?! Il était costaud. Un bolide comme il n’en n’existait aucun autre modèle. Mais non, je lâcherai rien et n’abandonnerai rien ! J’étais Flash ! Et rien, ni personne, pas même cet homme en jaune, ne me dépasserait !

« Ton petit jeu débile ne m’amuse pas ! »

Criais-je à plein poumons, lorsque je m’arrêtai face à lui, en plein milieu de cette piste de l’aéroport.

« Dis-moi pourquoi tu l’as tué, que je puisse ensuite te mettre en pièce ! »

Dans chaque parcelle de mon corps, je sentais ce chagrin et cette colère qui me rongeaient tous deux totalement. Je les ressentais aussi intensément que cette parcelle d’électricité qui sembla alimenter chacun de mes membres. De toute ma vie, mon visage n’a jamais dû afficher autant de détermination et de haine qu’en cet instant précis. Si bien que je ne lui laissai pas plus de temps que ça pour répondre, fonçant aussitôt sur lui pour tenter de l’asséner d’une multitude de coups… Tout en oubliant dans ma rage, que je me livrais ainsi totalement à sa merci… Et que je n’étais certainement pas assez rapide pour l’atteindre !

Entre la persévérance et le rêve il y a deux mondes différents, Barry allait l'apprendre de son plein gré lorsqu'il essaya d'attraper Eobard. Pensait-il vraiment que son expérience allait payer ? Il était un débutant, il en était loin encore pour pouvoir prétendre à un niveau égal à celui du Reverse. Le dépassant de quelques bons mètres à chaque fois que ce dernier vint à sa hauteur, il était amusé de voir avec quelle facilité il ridiculisa ce dernier. Comparer tout ça a un jeu était précisément ce que faisait Eobard à cet instant avant de finalement stopper sa course en plein milieu de l'aéroport vide. Allez, fini de courir, il était temps pour Barry d'affronter la réalité en face.

Fixant le jeun homme de son regard rouge vif, Eobard entendit sa remarque, une remarque qui le fit rire, un rire s'élevant petit à petit dans l'espace qui séparait les deux flash.

" Me mettre en pièce ? Tu es aussi marrant que ta mère Barry."

Une provocation qu'Eobard poussa un peu plus loin, n'hésitant pas une seule seconde à venir titiller les nerfs du jeune héros, afin de le pousser dans ses derniers retranchements, dans la moindre erreur pouvant lui coûter chère. Après tout, c'est en faisant des erreurs qu'on apprend, non ? Une poussée qui fit lâcher la colère de Barry, fonçant ainsi vers Eobard. Il attendit le dernier moment pour s'échapper de son champ de vision avant d’atterrir derrière lui, profitant de ce moment pour venir le plaquer au sol en lui attrapant le bras. C'était quoi ? Un test ? Non, qu'il arrête de vouloir jouer les héros intrépide. Un dixième de seconde après, Eobard releva Barry pour venir lui mettre un coup sous la mâchoire puis recula de quelques pas, admirant la défaite du héros.

" T'a mère n'aurait pas du mourir, mais tu m'as échappé avant que je ne puisse te mettre la main dessus."

Dit comme ça, ça pouvait lui paraître bizarre étant donné qu'il était petit quand il a vu sa mère mourir, du coup il lui donna quelques détails supplémentaires.

" Je viens d'une autre époque et je compte bien tout faire pour réparer mon manque d'inattention en te tuant."

Si Eobard avait tout calculé depuis le début, il est vrai que l'erreur qu'il a fait lorsqu'il est venu dans cette époque a eut un assez gros impact dans le déroulement des choses. Se retrouver coincé plus de 100 ans avant sa propre époque, ça pouvait que le perturber. Heureusement, ce fut un mal pour un bien parce que depuis que Nora est morte, il dirige la vie de Barry, tout ce qu'il fait est pour un but précis: celui de retourner dans son époque. Ce qui veut dire que surveiller, protéger et épauler Barry est une chose qu'il se voit obliger de faire. Qu'il s'estime donc heureux de cette obligation, parce qu'Eobard ne comptait pas en rester là. Fonçant avec rage vers le jeune héros, il vint le plaquer violemment contre un des avions, renfonçant l'appareil suite au choc.

" Mais avant ça, je vais faire souffrir tout tes proches, Caitlin, Cisco, Joe, Iris....Wells.

De quel droit se permettait-il d’employer le nom de ma mère devant moi ? Oui, là, qu’importe la différence de rapidité entre lui et moi. Ce manque de respect, cette provocation gratuite, cette malice sournoise et sadique, appelez ça comme vous voulez, j’avais la ferme intention de me dépasser plus qu’il n’en n’était possible pour réellement le mettre en pièce ! Quelle que soit la difficulté, j’avais toujours fini par triompher quelque part. Je n’avais pas encore réellement perdu de combat. Et ce n’est certainement pas face à cet homme que je traquais depuis des années que j’allais accepter une quelconque défaite ! La mâchoire plus serrée que jamais, je fonçais à toute vitesse pour lui abattre violement mon poing là où je pensais ! Mais cette hargne, cette rage et cette volonté d’être rapide ne furent pas assez suffisantes pour me protéger de la propre vitesse de mon ennemi ! Loin d’un discernement calme et posé, ainsi que du soutien et de l’assistance de Caitlin, Cisco, Joe et Wells, je me retrouvai face au vide avant de sentir la force de cet homme en jaune me plaquer violemment au sol. Bien malgré moi, je laissai d’ailleurs échapper un gémissement de douleur, d’avantage renforcé par la surprise. Tout alla vite, très vite, trop vite ! Je n’eus même pas le temps de dire ouf ou de disparaître que je me sentis être remis sur mes pieds, telle une marionnette, avant de retomber en arrière sur le sol. Mes capacités de régénération accrue ne m’aidèrent aucunement à faire taire la violente douleur qui animait ma mâchoire en cet instant. Étalé comme une crêpe mal retournée contre le sol. J’avais mal. Posant une main à hauteur de mon menton, je pus sentir et remarquer la présence d’un filet de sang s’échappant de mes lèvres.

« Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ? »

Difficile de croire et de comprendre ce qu’il me racontait. Ma mère n’aurait pas dû mourir cette nuit-là ? C’était quoi encore cette explication sortie de nulle part ? Et comment avais-je pu lui échapper ? Je comprenais pas, je comprenais plus ! Cette nuit-là, je me suis retrouvé à des centaines et des centaines de mètres de la maison sans que je ne sache comment, ni pourquoi. Il était le seul présent, pourtant, non ?!

« Si tu viens d’une autre époque, et si tu voulais me tuer, alors pourquoi tu l’as pas fait ? Je t’ai vu cette nuit-là ! Je t’ai vu me fixer avant de me retrouver en plein milieu d’un autre quartier ! »

Je me redressai, douloureusement, face à lui. Non, j’avais encore de la ressource et ce n’est pas parce que je m’étais mangé un violent uppercut que j’allais jeter l’éponge ! C’était tout simplement hors de question !

« Et si tu tiens tellement à me tuer, alors pourquoi t’as attendu tout ce temps ?! »

Je suis pas du genre à être lent d’esprit, mais plus il me répondait, moins je comprenais là où il voulait m’emmener, là où il voulait en venir. Aucune de ses réponses n’était clairement simple et précise. J’avais cette désagréable sensation qu’il parlait par énigme, comme si toutes les informations qu’il me livrait devait être plus évidente que jamais ! Or, ce n’était réellement pas le cas ! Pourquoi en avait-il après moi, après ma mère, après ma famille ? Pourquoi vouloir voyager depuis une autre époque pour nous infliger tout ça ? Qu’il me le dise clairement, que je puisse enfin en découdre avec lui une bonne fois pour toute ! Car non, il me dominait mais je ne voulais pas renoncer à ce combat pour autant ! Je ne renoncerai pas, je ne renoncerai jamais ! Mais, si ma détermination était prête à me lancer à toute vitesse sur lui, l’homme en jaune me prit une nouvelle fois de court, m’arrachant un bref mais puissant cri de douleur lorsque je sentis mon dos être fracassé contre la carlingue d’un avion.

« NON ! »

Ces dernières menacent firent naître le feu de la foudre en moi. C’est comme si je me retrouvais électrocuté une nouvelle fois ! Un éclair de cette colère qu’il ne cessait de m’inspirer et de ce danger que je devais annihiler ! Il m’avait pris ma famille de sang, il m’avait déjà pris tout ce que je possédais quand j’étais petit. Hors de question qu’il recommence avec ma nouvelle famille d’aujourd’hui !

« Tu ne les toucheras pas ! Je ne te laisserai pas t’en prendre à eux comme tu t’en es pris à ma mère ! »

Pour me sortir de son étreinte, de son emprise, je décidai non pas de tenter de courir à toute vitesse, mais je mis mon corps en branle. Je fis vibrer l’ensemble de mon corps, rassemblant toute l’entièreté de ma concentration afin de traverser la paroi de l’avion contre lequel j’étais alors plaqué. Je trouvai ainsi une seconde de répit, libéré de son emprise et à l’intérieur de l’appareil. Mais je n’avais pas le luxe de me permettre de rester ici et de prendre une pause-café. Aussitôt libéré de sa main, aussitôt libéré de cette poigne solide dont la violence résonnait encore douloureusement dans chaque partie de mon corps, je courrai de nouveau aussi vite à l’extérieur dudit appareil pour, une fois de plus, être sur le terrain de combat ! Sauf que là, pas de prévention, pas de remarque quant à ma présence. Tout ne fut qu’un déplacement rapide depuis l’appareil jusqu’à cet homme en jaune pour lui abattre mon poing aussi rapidement et puissamment que possible en plein milieu de son visage !

Le manque d'expérience, de maturité et de connaissance en la matière font de Barry une personne plongée dans l'ignorance la plus totale, une ignorance pouvant s'avérer mortelle. C'est pas Eobard qui irait le plaindre ou encore se faire passer pour responsable de tout ce qui lui arrivé. Ironie bien sur, il était responsable de tout ça, de ses moments de bonheurs comme de malheurs, mais ça, personne ne le savait et heureusement, sinon ça ne serait pas aussi marrant qu'à l'heure actuelle. L'homme venu du futur faisait pourtant preuve d'une patience hors-norme pour pas perdre le contrôle et réduire à néant tout les espoirs de Barry et les siennes pour le ramener à son époque. Ça l'égorgeait de le dire, mais Barry et lui ont un destin se croisant parfaitement pour en former qu'un.

" Tu étais un môme et ce n'est pas ton toi du présent qui m’intéressait.

Présent, passé, futur, qu'est-ce qu'il allait pouvoir comprendre à tout ça ? Éliminer un gosse était bien trop facile et même si Eobard avait un avis partagé entre la facilité et la difficulté, il ne voyait pas l'utilité d'éliminer Barry lorsqu'il était enfant. D'où le fait qu'il ait attendu.

" Parce que ce n'est pas le moment, mais ce jour approche et tu te rendras compte que ta vie n'auras été que bref après que je t'aurai écrasé le cœur."

La ton qu'il avait employé prouvait bien à quel point il avait une haine profonde envers le Flash et qu'il prêt à vraiment tout pour mettre fin à la vie du bolide rouge. Il meurt et le futur sera épargné du bolide. Un petit avant-gout prouvant une ultime fois à Barry qu'il n'était pas prêt et qu'il allait devoir redoubler d'effort avant de pouvoir l'affronter et le stopper. La vue du sang coulant au coin de la lèvre de jeune héros ne fit qu'emplir de plaisir le subconscient d'Eobard. Il a été coincé à cette époque et malgré qu'il avait accumulé quelques faiblesses, il s'en remettait petit à petit, ouvrant une brèche vers une nouvelle performance, ses performances. Mais il y a cependant une chose qu'il ne pouvait pas enlever à son ennemi de toujours, c'est bien sa détermination. Pensait-il vraiment pouvoir éviter le pire ? S'il ne meurt pas de la main d'Eobard, ce dernier n'hésiterait pas une seule seconde à tuer ses proches pour l'atteindre, pour le mettre à genoux afin qu'il le supplie de le tuer lui et non les autres. Le sacrifice, voilà un geste honorable.

Contre toute attente, Barry montra à Eobard une nouvelle capacité, celle de traverser un objet solide à la simple vibration de son corps. Impressionnant, il maîtrisait cette technique bien plus tôt qu'il l'avait prédit. Jeune prodige....finalement, il ne faisait qu'avancer l'inévitable...imbécile, imbécile ignorant. Le regard rivé sur l'avion, Eobard entendit un sifflement et se retourna pour se prendre le poing du bolide rouge en plein sur le visage, un coup qui le fit basculer vers l'arrière, le dos cognant contre le cockpit, mais à peine a t-il frôler l'engin qu'il le traversa à son tour également, prouvant à Barry qu'il n'était pas le seul à pouvoir se vanter de réussir un tel exploit. Et pour rien arranger en plus de ça, Eobard fit en sorte de se dédoubler, de créer une image de lui-même qui grâce à sa volonté, firent ensemble la même chose.

En effet, Eobard et son double lui traversèrent à nouveau l'avion pour apparaître devant Barry et ensemble, ils envoyèrent un coup de poing en même temps sur le visage de Barry avant de finir par l'encercler, l'un devant et l'autre derrière.

" Tu pensais pouvoir me surprendre Barry ? Qu'est-ce que tu penses de ça ? Tu ne rêve pas."

Fuis Barry, fuis ou l'envie de l'éliminer risque de fortement l'habiter.

Le passé. Le présent. L’avenir. Cette symbolique de cet effet papillon dont le moindre geste peut avoir la plus grande de toutes les conséquences. Jusqu’alors, tout cela semblait pour moi se rattacher à de la fiction pure et simple. Ce n’est pas parce que vous vous retrouvez frapper par un éclair, béni d’une vitesse surhumaine et que votre quotidien est de traquer des méta-humains que votre esprit est prêt à accepter la possibilité de voyager dans le temps. Mais, allez savoir pourquoi, c’était une piste qui naquit dans mon esprit entre la traque, le sadisme et la violence de ce monstre que je haïssais tant ! Mes idées se mettaient seulement en place après tous les propos qu’il avait pu me servir avec cette forme de suffisance et d’arrogance plus que dérangeante. Toutefois, l’élément déclencheur de cette idée fut bien sa manière de m’expliquer que ce n’était nullement le moi enfant qu’il, visiblement, semblait vouloir le plus atteindre et toucher. Il était le cauchemar de mon passé, l’énigme de mon présent… Et c’est à croire le plus grand opposé et le plus grand adversaire de mon avenir si l’on en étudie ses dires. Seulement, mon état émotionnel actuel ne me permettait aucunement de réagir avec calme et discernement. Ma tête allait beaucoup trop vite pour que je sois à même de poser les ‘bonnes’ questions, ou d’accepter de reconnaître sa supériorité. Je suis devenu l’impossible aujourd’hui… Alors rien ne pouvait plus demeurer impossible ou insurmontable !

Si on était dans une série télé ou un film à la teneur épique, c’est sans nul doute à cet instant qu’on entendrait le thème du héros qui se réveille, qui se relève, qui se révèle pour contre-attaquer dans sa croisade désespéré ! Une carcasse d’avion traversée plus tard après ma vibration, c’est avec toute ma ferveur que je parvins ENFIN à toucher cet homme en jaune ! Ce frisson du jeune novice qui pense prendre le dessus vibra aussitôt en moi. Ce n’était sans doute pas le plus grand signe de victoire, mais, comment dire… Lui abattre un sévère coup de poing dans la figure et le faire ‘voltiger’ suite à ce coup, après toutes ces années, ça faisait un bien fou ! Ca donnait presque un sentiment de légèreté et de satisfaction non-négligeable… Mais que j’aurais aimé voir perdurer un peu plus longtemps, plus qu’une infime parcelle de secondes !

Je suis trop choqué, trop surpris et j’ai trop ce sentiment de sentir mon souffle coupé pour émettre le moindre cri, si ce n’est un gémissement de douleur ‘involontaire’. Je me sens vraiment sonné. Imaginez votre tête être en pleine ligne de mire pour réceptionner un camion blindé arrivant en toute vitesse à contresens. Quand on regarde un match de boxe ou des séances de free-fight ou encore de catch à la télé, on se demande souvent ce qu’on peut ressentir quand un adversaire vous envoie un tel coup que vous vous retrouvez au tapis. Maintenant, je peux vous dire que je connais cette sensation et cet effet. Et que c’est plus que désagréable ! Ca vous désoriente, ça vous fait mal. Une espèce de haut le cœur me gagne alors que je me retrouve une nouvelle fois à terre. Je suis un runner qui n’a pas pour habitude de se faire toucher, et d’encaisser autant de violence. Je suis rapide, mais je ne suis pas un Oliver qui est une machine de muscles capable de faire pleuvoir des coups et d’en réceptionner autant sans broncher. La brindille que représente mon corps vient comme d’être cassée, brisée. Je ressens alors cette même sensation de peur et d’effroi, la même qui a habité mon cœur et mon âme lors de cette nuit où je n’étais encore qu’un enfant.

« De… De quoi ? »

Je grimace, tête tournée vers le ciel. Péniblement, je roule sur moi-même pour laisser une main à terre, l’autre venant se poser en tremblotant sur mon visage. Il y a quelque chose de chaud. Un œil me fait mal. Il m’a touché à l’arcade… Et ne parlons pas de mon nez qui doit doubler de volume en plus de laisser couler abondamment le sang. Je suis dans cette position, reconnaissons-le, plus que misérable. Genoux et une main à terre, je le regarde. Il est face à moi… Et derrière moi ?!

« Non… Ce… C’est impossible ! »

Oui, oui, c’est bien moi qui vient de dire ça. L’être inimaginable de Central City vient d’évoquer ce qui était ouvertement impossible. Disons plutôt que c’est une façon pour moi de n’être pas prêt à accepter ce que je vois devant moi. Pourtant, je sais que je ne rêve pas, je sais que c’est diablement réel.

« Tout ça te semblera impossible tant que tu resteras aussi faible et futile, Barry Allen. »

Sa voix rauque, transpirant le machiavélisme souriant m’arrache un énième frisson d’effroi et de dégout. Mais, cette fois-ci, je n’ai plus droit à la clémence de pouvoir me relever.

« N’oublie jamais cette preuve de ton échec ! »

Je ne savais pas quel était son véritable but, ni même l’étendue de toutes ses intentions. Tout ce que je sais, c’est que pour ponctuer ses propos, les deux Reverse se lancent sur moi et me piègent dans un tourbillon où se déversent une multitude de coups. Des éclairs. Comme ceux entourant ma mère pendant qu’elle hurlait. De la douleur. Jaillissant sur la moindre parcelle de chair de mon corps. Immobile. Je n’arrive pas, je n’ai pas le temps d’émettre le moindre mouvement pour me sortir de ce chaos. À terre. C’est là que je termine, le corps pour ainsi dire totalement inanimé alors que je sens la double présence redevenir unique.

« Le temps sera bientôt venu… Flash ! »

Un souffle. Un sifflement du vent. Un sifflement d’éclair. Une sorte de boum. Je sais qu’il est parti, qu’il a désormais disparu aussi rapidement et brusquement qu’il m’était apparu. Laisser là, tout seul, comme pour ‘mort’, juste la force de me tourner sur le dos et de tenter de reprendre un souffle qui semble me manquer. J’ai froid. Mon corps tremble entièrement. J’ai peur. Oui, pour la première fois depuis que cet éclair m’a choisi, je ressens la véritable peur, la véritable crainte de perdre. De perdre un combat, de perdre ce qui m’est cher, de perdre ce qui compte le plus à mes yeux, de perdre mes pouvoirs ou de perdre jusqu’à ma vie. Sans que je ne puisse réellement le percevoir, mon cerveau s’amuse à dessiner des images de toutes les personnes importantes à mes yeux. La déception et la honte se lisant sur le visage de mon père. Ma mère qui m’interroge et semble me condamner de ne pas l’avoir vengée. L’équipe formée par Cisco, Caitlin et Wells qui me tournent le dos. Iris tenue en otage par ce Reverse. Joe me reprochant la mort de sa fille. Un double de moi-même qui me fait payer ma faiblesse et mes échecs. La noirceur de ses menaces, de son geste impardonnable du passé, tout se réalise dans ma tête pour me confronter à une angoisse qui continue de mettre tout mon être en branle.

« Joe… Joe… »

Péniblement, ma main est juste parvenue à attraper mon téléphone et a contacté la seule et unique personne sur laquelle je pouvais compter en toute circonstance, plus qu’aucune autre au monde !

« Barr’ ? Qu’est-ce qui se passe ? Tu vas bien ? »
« Il… Il était là, Joe… Je… J’ai échoué… J’ai tout râté, je… »
« Barry ?! Qu’est-ce qui se passe ? Où es-tu ?! »

Je voudrais lui répondre, mais je suis incapable de continuer à parler. Ma main, armée du téléphone, retombe sur le sol alors que mes traits se crispent, alors que mes yeux se serrent et que mes paupières se ferment. Il me semble entendre la voix de Joe s’époumoner de l’autre côté du téléphone, mais cette mélodie est rapidement étouffée par le son de mes larmes et de mes pleurs qui me prennent d’assaut.

« Je vous demande pardon… Je vous demande tellement pardon… »